Confinements intimes #30
Cyrille Royer
1er décembre.
Le gouvernement s'inquiète pour la santé mentale des Français. Je pensais pas que le gouvernement lisait mes textes. La santé mentale, donc. C'est carrément ça. Ils lisent mes textes.
Eh bien puisqu'ils lisent mes textes, je vais leur livrer mon analyse de la situation. Pourquoi le problème de santé mentale n'est apparu que lors du deuxième confinement, alors que pendant le premier confinement, tout était pour le mieux dans le meilleur des mondes, tralala youpi.
Il y a plusieurs raisons. Déjà, lors du premier confinement, il faisait beau. Et quoi de plus agréable que de rester chez soi quand il fait beau ? Profiter de la chaleur derrière une baie vitrée baignée de lumière et se dire qu'il est grand temps de faire les carreaux ? Maintenant, les nuages pèsent sur les paupières dès qu'on regarde dehors.
Ensuite, à la fin du premier confinement, les gens ont divorcé par troupeaux entiers. Beaucoup se sont retrouvés tous seuls au deuxième confinement quand la bise fut venue. On peut, comme moi, parler aux esprits, mais se friter avec un fantôme, c'est plus compliqué, ce qui rend les journées beaucoup moins captivantes, du coup.
Le gouvernement fait des efforts, pourtant. Il a ouvert les églises, autorisé les ventes de sapins de Noël, de produits non essentiels, voire futiles, il réécrit l'article 24, mais force est de constater que ce n'est pas suffisant.
Voici donc mon plan pour remonter le moral des Français après l'énoncé des observations scientifiques précédentes : 1) remettre le soleil en hiver ; 2) légaliser le cannabis ; 3) offrir des tablettes de chocolat à chaque Français, quel que soit son niveau de revenu ; 4) vacciner toute la population avec des millions de doses de placebo, dont on a pu prouver depuis longtemps l'innocuité par rapports aux effets secondaires.
Je suis fier de rendre service à mon pays, je me sens patriote. Vive la République. Vive la France.