Confinements intimes #40

Cyrille Royer

11 décembre.

Aujourd'hui, en allant sur LinkedIn, je vois qu'un ancien camarade de promo a publié un post (chose que je ne fais jamais pour ma part).

Le post, je sais pas de quoi ça parle, mais c'est l'intitulé du poste du copain qui m'a interpelé : « IT Global Sourcing and Procurement Manager ». Putain, je comprends rien. Je vis pas sur la même planète que lui. Pourtant, je vous jure que je le connaissais bien, on en a bu, des coups ensemble, et tout.

Ce midi, je vais chez le coiffeur, c'est devenu essentiel. J'y vais à pied par les rues désertes, mon attestation dûment remplie dans ma poche (bientôt, on n'en aura plus besoin, quelle grande avancée pour nos libertés !).

Au salon, il y a un gamin qui attend sa mère, aspiré par son portable. Il lève même pas la tête quand je m'assois. Je le comprends pas, ce gamin. Il a l'occasion de sortir et il en profite même pas ? D'accord, il a pas forcément envie de parler avec moi, mais il pourrait regarder la rue qui passe, les bruits qui courent, les gens qui vivent. Je vis pas sur la même planète que lui non plus.

C'est mon tour. La coiffeuse me parle, je dis oui à tout ce qu'elle me dit, je suis d'accord, de toutes façons, j'entends pas tout avec la tondeuse qui virevolte autour de mon oreille. Mais ce que j'entends, c'est Covid-19, les commerçants qui se suicident, les fêtes pourries de fin d'année pourrie. Je commence à comprendre le gamin qui plonge dans son écran de portable.

Je suis quand même inquiet pour les fêtes. Et comme dit le ministre de la santé, même si on se fait tester néga, c'est pas un totem d'immunité. En plus, Koh-Lanta, c'est fini.

Signaler ce texte