Confinements intimes #6
Cyrille Royer
7 novembre.
C'est le week-end : qu'est-ce qu'il y a sur Netflix ?
Deux longues journées tranquille à la maison pour changer de la semaine. Pour commencer, je vais sortir les poubelles. C'est quelle case qu'il faut cocher pour sortir les poubelles ?
Hier soir, on a fait notre premier apéro en distanciel. En fait, ça ressemblait plutôt à une revue de presse : ouais, encore 60.000 cas supplémentaires aujourd'hui, t'as vu le génocide de visons au Danemark ? Pourquoi ils mettent autant de temps à choisir leur président, aux États-Unis ? T'imagines les impôts qu'on va payer pour rembourser la dette ? On a aussi les infos locales : ma nièce est positive, son mari, on ne sait pas encore.
À la fin de la visio, on se sent tout ragaillardi. En plus, en fermant le navigateur, je vois une dernière brève : « Pour le professeur Pialloux, le Père Noël sera Skype ». Et puis quoi encore ? Et le lapin de Pâques, ce sera WhatsApp ? Moi, je dis : les médecins, faudrait pas les laisser parler des nouvelles technologies. Chacun son domaine.
Non, mais plus sérieusement, il a le droit de dire ça ? Je cherche sur internet son pédigrée : professeur à la Sorbonne, infectiologue... D'accord, c'est un sachant. Mais quand même. Ça a été validé par le gouvernement français avant de saper le moral des troupes ?
Peut-être que le gouvernement n'a pas le temps de gérer ça. Possible. C'est vrai qu'ils ont du boulot, avec un comité de crise dans chaque ministère, des comités interministériels (ce qui donne pas mal de combinaisons), les ARS, Santé Publique France, un comité à l'Assemblée, un comité au Sénat, un rapporteur spécial à Matignon, un rapporteur spécial à l'Élysée... On a dû abattre plusieurs forêts pour pondre tous ces rapports sur le Covid.
Moi, je les trouve fébriles. J'aimerais bien leur dire, au gouvernement. Ils seraient tous alignés devant moi, là, Macron et ses ministres, bien sages, et je leur dirais : « Vous êtes fébriles ? Non, parce que moi, je vous trouve fébriles. ». Ça n'excuse rien, mais je leur dirais que je les comprends. Je suis sûr que ça leur ferait du bien, s'ils savaient ça. Quand on peut aider...