Confinements intmes #1

Cyrille Royer

2 novembre.

Ce matin, c'est la reprise. Salle de bains, petit déjeuner sur fond de nouvelles réjouissantes à la radio, brossage de dents. Pour mes filles aussi, c'est reparti. Échange à travers l'escalier : grouille, on va être en retard. Grognement imperceptible en retour. Pas la force d'intervenir.

Ce matin, en plus, y a hommage à Samuel Paty. Certains parents ne sont pas d'accord. Bon. Pas la force non plus d'exposer tous mes arguments. On peut être contre la liberté d'expression, et on peut le dire, c'est vrai que c'est permis. C'est la liberté d'expression.

Ce matin, j'émigre en haut, la femme de ménage doit venir et elle n'est pas en télétravail, elle. La chance. Se déplacer, parler, se plaindre, prendre un café, se plaindre, travailler, se plaindre.

Moi, je n'habite plus cette maison, je la hante. Condamné à errer sans but de pièce en pièce, coincé entre ces murs par une malédiction, allez savoir laquelle.

J'enfile mes savates et je me mets au travail. Renvoi de téléphone OK, connexion OK. La journée va être longue.

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