Connivence(s) - en cours - partie 1

lucie-de-saint-agaume

Ca fait une heure que Grégoire est rentré et qu’il me suit partout, jusque dans la buanderie ; c’est bien la première fois qu’il y fout les pieds.

Je lui demande : « Allez, crache ta Valda. C’est quoi qui te tracasse ? »

Il grignote ses ongles : « Ben, c’est que, ce soir … ben, on est invité chez …»

J’le coupe :

- Ben oui on est invité ! Chez tes parents, Grégoire !

- Ah meeeerde, j’avais oublié ! Ben … faut annuler car y’a un truc au boulot au dernier moment qui …

- Annuler quoi ? J’AI annulé MON repas avec MES copines, un jeudi soir pour accepter l’invit-au-dernier-moment-comme-d’habitude de tes parents !

- Oui mais … en fait c’est Dutreuil, il absolument tenu à nous inviter ce soir. Il a bien précisé, nous deux.

Je me rappelle bien de Dutreuil. Il y n’a pas arrêté de me peloter à la dernière soirée du personnel. Je me souviens de ses « laisse toi faire belle rouquine », « j’aime tes rondeurs », « tes seins vont me tuer ».

J’avais rien dit à Grégoire, il est peu sûr de lui, il perdrait tout contenance ; Dutreuil est un gars qui compte dans sa boîte.

Et puis, j’aime bien flirter. Ca me rassure sur mon charme et mes atouts.

Il reprend, rougissant :

- Et y’a autre chose, c’est une soirée, genre … tu vois quoi. 

- Non Grégoire, là, je ne vois pas non !

- Tu sais, Dutreuil et sa femme sont assez libres. Ils aiment bien les trucs un peu chauds, tu vois.

- Non Grégoire, je ne vois toujours pas !

En fait je vois très bien. Tout à fait le genre du personnage. La cinquantaine assumée, charmeur, sûr de lui, et super craquant. Tout l’inverse de mon homme.

- Et donc, t’as dit quoi ?

- Ben, j’ai pas eu le choix, j’ai dit qu’on passerait. De toutes manières, personne n’est obligé. On peut juste y aller et puis on verra.

- Je vais y penser !

Je file dans la chambre. Tu parles qu’on va y aller. Je suis curieuse de voir ca. D’après Cosmo, t’as ratée ta vie de femme si t’as pas partouzé au moins une fois avant quarante ans ; toute mes copines ont tenté une fois et dans les soirées, j’ai l’impression de me retrouver au lycée et d’être la seule pucelle du groupe.

Une heure après je suis devant lui, incendiaire à souhait, moulée au chausse-pied dans une robe bleu électrique, qui lui arrache un « Waouh ! » assez significatif.

« Tu restes en costume toi ?

- Bof, oui. J’ai pris ma douche en revenant du squash tout à l’heure.

- Alors, on y va quand tu veux ».

Il n’a rien osé répondre, de peur que je change d’avis.

« - Et t’as quoi dessous ?

- Rien que tu n’aies déjà vu. »

Lucie, t’es une menteuse, une vilaine menteuse.

Dutreuil m’a fait un rentre-dedans terrible depuis des mois. J’ai reçu de sa part des fleurs, de la lingerie fine, encore des fleurs, et à nouveau de la lingerie. Et des dessous Chantal Thomass de la collection « Démasque-moi », ben moi, ca me parle.

Par bravade, un soir, j’ai envoyé un sms : « Organise notre rencontre. »

C’est ce soir apparemment.

Le temps de refiler les gamins aux beaux parents - ils ont fait la gueule comme prévu  - et on est dans un taxi direction Vincennes.

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