Conscience infernale
Louisa Slama
"L'enfer c'est les autres"
Si seulement.
Cela fait bien longtemps que je suis devenue mon propre enfer.
Bien sur, comme tout être, j'ai souffert de la cruauté des autres. Bien des autres ont surement souffert de ma cruauté. Au final, nous ne souffrons pas de celle-ci, nous souffrons de notre propre enfermement. De la prison que sont nos consciences. Car rien ne nous délivre d'elles. L'âme ne bouge pas. Le changement n'existe pas. En surface l'eau ondule, des courants se créent, le mouvement se perpétue. En profondeur, l'eau reste bloc, sa température ne diffère pas, son état demeure.
J'ai bien peur qu'il en soit de même pour nos profonds êtres.
N'y voyez aucun déterminisme ici, mais plutôt l'œuvre d'une fatale résilience.
Je passerais par milles états et milles paysages, comme l'eau et ses courants, et malgré cela, je reviendrai à mon état premier.
Si la vie est un cycle, nos consciences sont banalement constantes. Il me semble que peut importe les avancées que nous pensons effectuer, par le poids de nos souvenirs, nous resterons ancrés dans quelques moments que nos âmes ont choisi comme lieu où vivre.
Pour les esprits romantiques, il y a en chacun un lieu, un moment fugace, une impression, que nos cœurs ont élus comme demeure. C'est ici que nous resterons, que nous nous barricaderons, que nous mourrons.
La volonté d'en sortir, de créer ce mouvement qui agrandirait le paysage, c'est surement l'espoir.
Certains choisissent de vivre dans cette bataille, d'autres et moi avons préféré se résigner à flotter dans cet espace au fond de nos têtes.
J'irais visiter ta tombe dans cet endroit que tu as choisi, j'en explorerai les moindres recoins. Dans des ballades, des peintures et mes poèmes je raconterai au monde à quel point ton esprit était vaste et beau.
Un jour nous nous rencontrerons.