Conte Rendu Politiques Cyclables HV06-01-2014
patrick-eillum
En tant que correspondant local pour le secteur de Fives, voici donc mes impressions sur les aménagements cyclistes effectués ces derniers temps.
- Le schéma cyclable du quartier intégrant la future voie verte, maillon d’un réseau cyclable urbain et piéton est en constante évolution
- Le grand nombre de contre-sens cyclistes a permis une meilleure circulation autour de l'ancienne usine du quartier en déconstruction dans l'attente du grand projet urbain dont on nous rebat les oreilles depuis plusieurs mandats municipaux.
- Les sas-à-vélos aux feux sont un vrai plaisir
- Les nouveaux attaches-vélos sont multiples et bien repartis sur le secteur.
- Les bandes et pistes cyclables existantes ont été refaites et de nouvelles ont été installées qui permettent d'éviter les embarras de la circulation automobile aux heures de pointes.
- La ré-installation de l'atelier de réparation à la limite avec St Maurice fera sans aucun doute renaître l'affluence des grands jours wazemmois.
- Quelques écoles ont mis en place des bus-vélos, farandoles silencieuses et joyeuses où les enfants se déplacent en compagnie de leur camarades tout en re-découvrant les environs.
- Les stations V'Lille sont en chiffre suffisant et leurs emplacements semblent correspondre aux attentes des usagers.
- Par contre, le tourne à droite de la rue du maréchal Mortier pose problème. Patrick Shuman, un cycliste de mes amis m'a signalé une mauvaise disposition de la signalisation environnante qui génère une illusion d'optique à ce carrefour ; la réverbération de la lumière sur le panneau «cédez le passage cycliste au feu» fait apercevoir un mur qui n'existe pas à cet endroit. Lors d'une distribution à vélo d'un précédent numéro de l'Heurovélo, j'avais moi-même déjà remarqué à cette hauteur une sorte de cocasserie d'un muret fumant comme lorsque après la pluie, l'humidité s'évapore au soleil du sud. Pourtant, ni hélianthe, ni eau au programme de la météo de ce jour.
J'ai donc décidé de mener mon enquête de voisinage en questionnant les commerçants environnants. En effet, t out un tas de légendes et racontars courent à propos de ce lieu ; D'après eux, il serait le théâtre de bizarreries inexpliquées. Interrogés à ce sujet, Jules le boulanger parle de 4x4 qui s'y arrêtent de manière impromptue sans pouvoir redémarrer, la patronne du restaurant bio « Le Tango » a entendu quelques uns de ses clients cyclistes raconter leurs crevaisons, déraillements et autres petits malheurs. Le gérant de la petite épicerie qui fait le coin, que tout le monde surnomme Papa Charly, m'a même relaté une histoire de bus urbains au gaz qui évitent ce secteur sous peine de pannes. A les écouter, je dois être proche du triangle des Bermudes, de l'Atlantide ou du trône de Satan !
Mais c'est le président de l'association de quartier « Souvenirs et patrimoine » croisé sur le marché qui m'a envoyé vers Pascal Groues. Pascal Groues est un avocat à la retraite qui vit dans un bric à brac de livres et d'objets dignes de la braderie de Lille. C'est surtout un passionné d'histoire, auteur d'un livre sur les origines du quartier. J'avoue que ses explications m'ont laissé pantois.
« Les mythes et anecdotes proviennent directement de l’imagination et des croyances des humains. Il s’agit parfois de très vieilles histoires qui remontent à la surface du monde moderne parce que l’on a fait une découverte étrange, ou peut-être parce que l’on s’intéresse aujourd’hui un peu plus à ce que vivaient nos anciens. En 1864, Antoine Gustave De Bruyn, fils et petit-fils de faïenciers s'installe à Fives. D'abord installé rue de Juliers, il déménage rue de Malakoff, avant d'élire domicile rue de l'Espérance au n°22. C'est à cette adresse qu'est construite la première fabrique. A partir de 1887 apparaissent les premières "barbotines décorées" de la faïencerie De Bruyn à Fives-Lille : des cache-pots, pichets, pots à tabac mais aussi jardinières et vases, dessus de cheminées, porte-parapluies qui lui valent en 1889, la récompense d'une médaille à l'Exposition Universelle de Paris. En 1917, un incendie inexpliqué ravage l'usine, et désorganise fortement la production. Vendue dans les années 1950, la faïencerie qui employait quelques 150 ouvriers et s'étendait sur environ 1.4 hectare, continue à produire avant d'être définitivement fermée en 1962. A l'emplacement de l'usine fut par la suite construit un collège, qui n'est aujourd'hui qu'un terrain vague que jouxte la rue du maréchal Mortier.
Dès 1885, De Bruyn invente un procédé de vernissage avec l'absence de plomb dans le vernissage qui assure la prospérité de l'entreprise. Il va sans cesse chercher des formes et des procédés pour améliorer ses faïences. C'est une de ses expériences, durant laquelle son père Denis De Bruyn décédera qui est à l'origine des tracas des parages.
De Bruyn essayait de maîtriser l'effet Hutchison. Il s'agit d' une action électromagnétique qui cause la gélatinisation ou la fusion de métaux à froid ou la lévitation spontanée de substances comme le plastique, le bois ou le métal. Défaillance humaine ? Réactions physiques ou chimiques naturelles liées à l'environnement ? Toujours est-il qu'une bulle d'hydrate de méthane s'est formée avant de prendre feu. La perturbation engendrée subsiste encore de nos jours. Bon nombre de scientifiques et journalistes ont enquêté sur les causes de ce dérèglement, sans jamais trouver d’explications fiables.
Mais il n’est pas nécessaire de croire à un mythe ou une légende pour comprendre que cette histoire fournis des détails très intéressants sur la perception qu’a l’homme d’un phénomène inexpliqué ou mal connu ».
Patrick Eillum
Mont de Terre
Décembre 2013- Janvier 2014