Couleurs.
Christophe Hulé
- Brisons là Messieurs, je ne vois qu'une couleur : le bleu.
- Moi je préfère les teintes argentées de la lune, sur fond noir et gris.
- Et le blanc immaculé de l'hiver ?
- Je ne vois que le rouge des tulipes et coquelicots.
- Et de nos champs de bataille !
- Le roux, l'ocre, l'ambre pour l'automne.
- Le jaune pour l'été.
- Le pourpre pour la grandeur.
- En voilà assez Messieurs, seriez-vous devenus séniles ?
Notre affaire n'est pas bien compliquée, changer notre blason pour charmer le peuple.
- Et croyez-vous que le peuple attend des couleurs ?
- Qui donc est ce jeune freluquet à dentelles ?
- Mon nouveau conseiller.
Messieurs sachez que l'expérience, aussi respectable qu'elle soit, n'est que du temps passé.
- Pourriez-vous être plus clair ? Feu votre père …
- Mon père était un grand Roi, il craignait Dieu, aimait son peuple, s'il n'y avait eu ses conseillers, le peuple l'aurait aimé en retour.
- Que sont ces discours, vous nous répudiez ?
- Non point, le rôle d'un conseiller est, euh ... de conseiller.
- Vous nous faites procès semble-t'il.
- Mon père, paix à son âme, ne savait trancher, mais je mets ceci sur le compte de sa grande bonté, ne voulant heurter personne.
- Qu'on en finisse !
- Cette histoire de couleurs n'était qu'un piège !
- Et de quoi vous plaignez vous ? Vous avez domaine et château pour vos vieux jours, vos gens pourront profiter de votre sagesse.
- Cela ne se peut !
- Nous ne laisserons pas faire !
- Et que ferez-vous ?
Mes archers vont vous raccompagner, dans ce monde ou au-delà.
- Alors jeune Sire, ai-je été à la hauteur ?
- Je serais bien en mal de juger, n'étant point capable d'atteindre ces sommets.
- Et quelle est, selon vous, la prochaine étape ?
- Vous me donnez bien du pouvoir Majesté, je ferai ce que vous m'ordonnez.
- Et que dois-je vous ordonner ?
- Eh bien de dissoudre ces corporations dont la seule efficacité est de vous faire du tort.
- C'est une idée que j'aurais pu trouver tout seul, mais vous comprenez ma tâche est …
- Gigantesque je sais, ne vous embarrassez pas des détails, contentez-vous de régner.
- Merci mon bon, convoquez céans les représentants, ainsi en ai-je décidé.