Coup de fil

Manon .

Je ne sais pas si tu vas bien, ça fait longtemps. 

Moi ça ne va pas trop, je ne sais pas pourquoi, ça a toujours été comme ça, j'ai pas à me plaindre je le sais bien, mon pays n'est pas en guerre, je ne dors pas par terre.  Je suis étudiante en médecine, je suis arrivée jusque là tu sais, enfin, je n'ai pas validé mon année, je ne la validerai surement pas cette année. Toi tu fais quoi là bas ? 

Je n'ai pas de maladie grave, aux dernières nouvelles du moins, on ne me harcèle pas, on ne me frappe pas, ... A vrai dire on ne me regarde même pas, je suis entourée de gens, on leur fait la bise le matin, ils rigolent ensemble. Le soir, ils sortent, parlent et reçoivent de l'amour grâce au simple contact humain. Moi je reste debout, toujours à la même place, matin, midi et soir à les regarder, seule à fumer ma cigarette, pensant aux jours de moins que j'aurais à vivre. Le pire, c'est que encore aujourd'hui je passe pour la fille bizarre, les gens ne comprennent pas que je les envie, pour les garçon je suis la "chaudasse qui cherche une proie" et pour les filles je suis "la fille trop bizarre toujours seule". C'est fou ce que l'on a grandit depuis le temps, tu es le seul qui ne m'a jamais laissé tomber. C'est moi qui l'ai fait. Surement la pire erreur de ma vie car je m'aperçois que rien a changé depuis l'époque où on m'insultait et me faisait boire l'eau des toilettes. Les cicatrices s'accumulent, les regrets et les défauts aussi.  Tu sais je demande pas grand chose, juste un ami, quelqu'un à qui parler, quelqu'un que je pourrais serrer dans mes bras. Alors je sais que c'est surement trop tard, que c'est lâche et égoïste, mais je voulais revenir vers toi. Alors je t'ai passé ce petit coup de fil, papy. J'espère que tu m'entends bien depuis l'au-delà.

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