Coup de fourchette connecté
Mathieu Jaegert
Avant en cuisine, Seb c'était bien, mais aujourd'hui avec le Web c'est mieux. Arobase been la maxime de départ ! Au placard l'électroménager ringard et individualiste, ustensiles et robots qui jouaient une partition solo en ré-moulade ou do de cabillaud. Place aux appareils connectés, reliés entre eux et au monde, œuvrant pour la collectivité. Des objets qui se serrent les coudes et honorent la bonne bouffe de leur électronique flamboyante : le fameux coup de puce du festin. L'électroménager n'a jamais aussi bien porté son nom. Il ménage la ménagère tout en stimulant celles et ceux qui exècrent l'expression, faisant la part belle aux cuistots de tous bords, les aguerris et les jeunes pousses. En revanche la pomme, elle, ne chôme pas. Sa marque phare s'immisce entre la poire et le fromage mais aussi après le dessert et avant même d'entamer le repas. Des applications au point permettent de programmer une cuisson saignante, composer un menu, accommoder les restes. « At home » ou à distance, en un ou deux clics, les Ohms de résistances se mettent en branle pour confectionner des plats du même nom. De l'onglet au bar des tâches en passant par le Giga d'agneau ou le gigot d'octets, le tout accompagné d'une salade de requêtes ou de mâche-tag. La fibre est de toutes les assiettes. Tellement simple de composer avec son smartphone une bonne ration d'I-pâtes à la carbonara agrémentée d'Ail-phone herbes. Bien sûr, en cas de riwififi sur le réseau, lorsque la friture s'invite en dehors des plats, mieux vaut ne pas insister au risque de perdre la ligne. Les habitués se rabattent alors sur les œufs brouillés et les sucres lents. Pour ceux qui n'ont pas de temps, il existe les forts fait-tout compris : box diverses quel que soit l'opérateur et Tetra pack de jus d'Orange pressée. Et pour ceux qui surveillent leur régime comme le lait sur le pare-feu, la carte slim convient à merveille à votre téléphone. Les LED quant à elles vous fourniront l'aide nécessaire pour établir un menu à base d'iode.
Mais le must du must reste les notions d'assistance et de partage auxquelles se consacre la cuisine connectée. Les capteurs en osmose avec votre frigo sont à même de débloquer une situation mal embarquée en fin de journée quand depuis votre bureau la question fatidique vous chatouille les neurones : qu'est-ce que je vais bien pouvoir faire à manger ce soir ? Votre mobile adoré, chef 3 ou 4 G adoubé par le prestigieux guide de la kitche-Net, prend le relai, endossant le tablier de responsable logistique. Il régule la température, contrôle l'éclat des fruits et la fraicheur des œufs grâce à un alg-œufs-rythme aux petits oignons tout en jaugeant les dates limites des denrées périssables par une péritel spéciale. En maître des stocks, il vous évite tracasserie et stress inutiles, indiquant au passage les win-doses et leur version en fonction du nombre de convives, de leurs goûts et de leurs envies. Jamais déboussolé, il compte sur les produits équipés de GPS, des tom-tomes de Savoie. Et s'il connaît une faiblesse – rare croyez-moi – vous ne pourrez pas vous retrouver à côté de la plaque, la hotte-line – placée au-dessus – prenant le flambeau.
Dès lors, comment imaginer vous passer de votre mobile, tout à la fois cuisinier, guide et conseiller ? Lui qui magnifie l'art culinaire et déploie des trésors de connexion pour promouvoir cet élan collectif, le partage comme but ultime.
Avec vos amis. Ceux que vous invitez…sur facebook, twitter et autres réseaux sauc-iaux, dont le petit dernier : Festingram !