Coupable. Chapitre 2 - Partie 1.

Aly.

- Tu pourrais au moins faire semblant d'écouter quand je te parle.

- …

- Eh oh.

- …

- Anna !

- …

- Putain Anna !

- Sursaut-

- Hein ? Tu as dit quelque chose ?

- Ça fait deux heures que je parle dans le vent là, tu pensais à quoi ?

- Fait pas genre s'il te plaît, ça ne fait que trente minutes que tu es là, de plus tu as passé les dix premières minutes à scruter le semblant de nouvelle décoration de mon appartement, donc non, tu n'as pas parlé seule pendant deux heures. Je pensais pas, je réfléchissais. Tu devrais essayer des fois avant de raconter n'importe quoi.

- Tu m'gonfles Anna. t'étais encore en train de penser à la mort, avoue-le.

- J'vois pas ce que ça peut faire, ce sont mes pensées pas les tiennes, tu n'as pas donc pas le droit de rentrer dedans et de me demander un avis si je ne veux pas en parler.

- Ok, si tu veux, mais faut vraiment que tu sortes de ta bulle, sors de là merde, arrête de penser à comment tu vas clamser et profite de ta vie !

- Je profite à ma manière Lou, on a pas tous pour but ou pour ambition de passer sa vie à traîner dans les rues habiller comme une gogo-danseuse dans l'espoir de ramener quelqu'un chez soi, il s'est barré Lou, alors essai pas de le rendre jaloux, il en a rien à foutre.

- T'écoutes vraiment quedal quand on te parle, à croire que t'en a rien foutre, de tout, de tout le monde, Anna.

Une fois de plus, j'étais Coupable. Oui coupable de me perdre dans mes pensées pendant que Lou essayé de me parler de cette fameuse soirée « de l'année » qu'elle voulait organiser pour ses 19 ans. Coupable de privilégier mes pensées à notre « amitié » . Coupable d'être impassible, à ses yeux, j'étais même coupable de ne pas assez profiter de ma vie. Coupable d'en avoir rien à foutre , coupable de tout, coupable de rien mon amie.

Peut-être que c'est comme ça que je mourrais ! Crois-tu que c'est possible? Peut-être qu'un jour je cesserais d'entendre les bruits, les murmures les chuchotements, le souffle du vent, le tintement des cloches, le dring du réveil ou du micro-onde, le pshht, de la cocotte-minute, le soufflement du gaz, le son de ta voix ? Et peut-être que je cesserai aussi de voir, les oiseaux qui volent, ma chemise bleue et rouge constamment froissée et jamais repassée, le ciel étoilé, la couleur de ta peau la couleur de tes yeux, que je ne verrais rien plus rien, alors je serais coupée du monde, coupée de tout, coupée de tous, isolée, mise à l'écart, rejetée, projetée dans le trou sans fond, que mon corps et mon cerveau se sentiront seuls, effroyablement et horriblement seuls, alors ils se mettront d'accord pour mettre fin à toute cette solitude, par la mort. Par ma mort.

Et la encore, j'en ai peur, je serais coupable.

Coupable de tout, coupable de rien.


Capable de voir mais coupable de ne rien avoir voulu voir.

Capable d'entendre mais coupable de ne rien avoir voulu entendre.

Capable de vivre mais coupable d'avoir tant songé à la mort.

*

Qu'est ce que tu veux faire, quand tu seras grande ?

Pourquoi toujours cette incessante question ? Certaines personne ne deviendront jamais grande, suis-je grande, moi ? Dix-sept ans, vous trouvez ça grand ? L'âge n'est pas la question, si ? M'en fiche. Tout est question d'objectivité. C'est évident qu'on ne va pas se diriger vers un gamin, et s'imaginer que demain, il sera mort, qu'il ne deviendra jamais grand. Il sera coupable, lui aussi. Pis on fait ça aussi pour lui, qu'il soit malade et presque mourant, ou en bonne santé, on ne veut pas qu'il croit qu'il va mourir demain, ni après-demain, on ne veut pas qu'il pense à la mort. Il sera coupable lui aussi.

Qu'est ce que tu veux faire quand tu seras morte ?

Y'a pas de vie après la mort. Si y'en a une. Qu'est-ce-que tu en sais ? Qu'est-ce-qu'on en sait ? Personne ne sait rien de la mort, non personne. Peut-être qu'il y en a une. Et l'autre monde, on y va ? Ou on y va pas ? Si j'ai une vie après la mort, j'en ferais quoi ? Si je reste ici, je serais coupable d'être resté, et de ne pas avoir traversé le passage qui sépare les vivants et les défunts. Coupable de tout, coupable de rien. Peut-être que je serais prisonnière dans un long tunnel sombre et sans fin, que je verrai cette fameuse lumière sans ne jamais pouvoir la touchée, peut-être que j'entendrai la voix d'Axelle qui pleurera mon nom, ou peut-être que non, peut-être que je passerais directement de l'autre « côté » avec des gens que je ne connais pas, ou que je serais prisonnière dans les limbes de ma vie, à revivre tout en sens inverse puis à mourir, encore. Peut-on mourir une seconde fois ? Sornette. Serai-je capable de déplacer des meubles et de « hanter » qui je veux ? Sornette. Je n'aurais pas de vie après la mort, je n'en veux pas.


Coupable. Chapitre 2 - Première Partie.

© Entre Aië.

  • Oh, la suite!! :) J'aime toujours autant... Les détails apparaissent et puis Lou <3

    · Il y a presque 10 ans ·
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    louzaki

    • La suite est prête mais pour des raisons indépendante de ma volonté. J'ignore quand je pourrais la postée.... Merci tout de même.

      · Il y a presque 10 ans ·
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      Aly.

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