Coupe à Blanc 3
Pierre Scanzano
Pendant des lustres j'ai ignoré le monde...
Il m'a ignoré...
Rendu coup par coup
Nous nous sommes battus à mains nues
Comme des chiffonniers indécents
Des primates assoiffés de sang
Crié comme des charretiers
Au loup...
A la fraude...
Au scandale...
A la chair...
A la vie...
A la mort...
Au vandalisme systématique
De chacun sur l'autre en
Anathèmes foudroyants...
Puis nous avons de comme un accord
Mis de l'eau dans notre vin
Délayant nos venins respectifs
Apaisant nos esprits chauds bouillants
Les rassemblant pour communiquer
S'ouvrir l'un à l'autre en interlocuteur
Désolidarisé droit neutre...
L'acceptant comme tel équitablement...
Nous nous toisions revêches
dans un no man's land ordinaire...
C'est-à-dire entre - Moi et Lui - Nous et Vous
Nos entrailles nous séparaient en un corridor sanitaire
Au cas où des complications soudaines...
Et j'ai découvert ce que je redoutais découvrir...
La limite à ne pas franchir sinon...
La volée de bois vert dans la tronche
En préfiguration du reste
Quoi qu'il advienne à me revenir...
Et l'inutilité Oui de mes subterfuges à me
Soustraire au dictat de culpabilité qui me rongeait
Il me l'a fait comprendre ce monde...
Mon étrange monde dédicacé recto-verso
Il me l'a écrit mis en exergue avec sa
Roublardise avec son sérieux avec
Sa rancoeur de crevé pas encore fini
De crever...
Mais dorénavant il n'y aura plus de
Crédit lâché facilement...
Et pour ma gouverne
Je dois me plier aux désidératas d'une vie
Insupportable celle du partage des rôles inversés
Nous avons exposé nos divergences...
Mis à plat ce qui nous oppose férocement...
Ce monde s'oppose s'interpose m'impose
Et me clarifie quelques retouches dans le
Comportement que j'ai depuis pérennisé à
Ma naissance passée présente et future
Comme sur un fond de tragédie Eschyléenne...
Ainsi que de renoncement douloureux et prophétique
De pierres et de lierres de larmes anciennes...
D'éboulis de sanglots et poussières récentes
De bosses et carapaces séculaires
Par exemple -Soumission -Finalité - Résignation
Alors que pour moi seul comptaient- Rébellions- Forces -Affrontements
Ces derniers temps et comme par miracle
Il nous arrivait oh douce perversion !
D'en parler à coeur ouvert et pourquoi pas
Tendre la main nous faisant taire
Nos armes massives...
Nous regarder en face dans la même
Cuvette de sang similaire...
Nous en discutions assis ou debout
Devant une fenêtre ouverte parfois
Communiant derrière les carreaux emboués
S'il pleuvait des seaux d'eau et de ténèbres
Glaçantes déversés d'un ciel mortifère...
Vers la mi-novembre ou décembre...
A ce sujet il me semble de ramer à vue...
Je ne sais plus désormais
Quand et comment
mais je m'en souviens...
Ce qui est vrai c'est que je renonce à
Me vivre tel que je suis en train de vivre
Pour ne plus revivre ce que j'ai revécu
Sans vraiment le vivre...
Pas simple l'équation !
La quadrature du cercle !
Dans ce sens pour moi
C'est simplement une question
De putréfaction épurée de la chair...
Nous en discutions mais rien n'y faisait
Je ne vois pas le monde tel qu'il me voit...
Depuis...
Les oeillères épuisent ma volonté
D'intervenir pour y voir clair...
Jusqu'à l'ecoeurement
Au vomissement...
Nous subsistions rigidifiés rouillés
Devant nos miroirs aveuglants
Qui nous renvoyaient à un moment
Crucial de l'étape suivante...
Perdue à jamais ou oubliée pour
Un temps prédéfini à l'avance...
Alors il m'arrive d'en pleurer intimement...
Cela soulage le poids creux des remords
Que je thésaurise les archivant pour plus tard
Car qui sait de quoi sera fait demain
Peut-être des lendemains qui chantent?
J'en doute !
Et que même pendant nos joutes verbales
Les murs se lézardaient ou s'écroulaient...
La lumière cognait plus fort plus vite...
L'enclume des nos sens pliait souffrait
Criait sans écho dans le vide froid...
Sidéral...
Avec sa rougeur carnavalesque
En sifflement court déguisé en lumières avenantes...
Lui
Mon monde s'ébrouait de mon être...
S'allongeait dans ma durée tranchée
Saignée dépecée fibre par fibre pendant
Qu'elle s'effilochait de jour en jour...
Tandis que moi - Je pensais et je pense...
Que je ne devrais plus y penser...
Et réfléchir au final pour des prunes...
Or (prévenez-moi si au cas où...)
Je voudrais un monde équitable
Chevaleresque droit dans ses bottes
Restreint à ma substance d'origine
Qui n'évoluera pour personne d'autre
Qu'en moi et nous au vrai
Bien plus pour ma pomme
D'égoïste insatiable et gourmand...
Je l'ai tant imaginé à ma mesure
Pour ma sérénité suprême...
Mon confort de mesquin impitoyable
Je le verrais bien en mon phénix
Sorti envolé de nulle part...
M'envahir et coopter durablement
Mon phénix devenant intraitable...
Inhumain et si proche de ma personne