Couple de rencontre

katondutick

Pour tous les amoureux

A quel moment musarder ?C'est sûr, dans la matinée. En traînant les pieds, comme dans une suite de sommeil.Pas trop doucereux,pas encore lucide. Faire durer le plaisir?Et si je traversais la rue de biais…Sans attendre que le feu soit passé au rouge.Avec une démarche chaloupée.Insouciant des pare-chocs qui s'avancent à toute allure.Cela prend la pose, un dandy, à ce qu'on raconte.Au milieu de la chaussée, la tête dans le soleil, esquisser un geste large pour saluer un conducteur.Surprise de l'inconnu, immatriculé à l'étranger.Beaucoup de bus à l' arrêt devant le trottoir .Il y a dedans des touristes qui me regardent.Mi-amusés mi-inquiets.Pourquoi mes gestes en déséquilibre?Eux sont venus pour voir la cathédrale.Pas pour un énergumène.Sagement d"ailleurs, ils lisent leurs guides ou commentent leurs clichés.Après un sourire de ma part, les choses rentrent dans l'ordre.Je les laisse à leur parcours.Je vais longer des vitrines.Toujours quelque chose à apprendre dans ce genre de flânerie.Les devantures sont souvent rangées comme une des boites de Paul Duchein,le magicien.Pour flatter le possible acheteur d'antiquités, il faut entretenir un savant bric-à-brac.

Décidément il convient d' être nonchalant en face de l'île Saint-Louis,tel un air de jazz pas trop inconnu de la foule. Pour mieux afficher cette paix intérieure qui fait si souvent défaut.Je me veux frais comme au sortir d'une lessive.Un couple me croise.Lui,la bouche immobile,berce leurs souvenirs. Il tient un chapeau à la main.Un panama couleur de verveine, tranchant sur un costume violine en lin.Elle, les yeux heureux,laisse un moment l'encercler de limpidité.La ligne ronde de leurs mains épouse la sagesse du fleuve.Pris d'un accès de nostalgie ,l'homme ébouriffe sa compagne et lui offre un brin de muguet.Il leur reste toute la ville à contempler.

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