Couple en péril
Jean Claude Blanc
Couple en péril
Vingt ans qu'on est mariés, pas une ombre au tableau
Les enfants ont grandi, vont s'envoler bientôt
Nous restent les soucis, du travail, et du blé
La maison remboursée, quoi d'autre demander
Inconsciemment s'installent, toutes nos habitudes
La vie, comme chacun sait, a ses vicissitudes
On s'aperçoit bien vite, qu'on aime sa liberté
Chacun son pré carré, et son jardin secret
Elle est passée l'époque, de tout bien partager
Les repas, les loisirs, les nuits de volupté
On se croise sans rien dire, juste par nécessité
Les courses pour la bouffe, simple formalité
On rentre le soir, crevé, pas le goût de tchatcher
En avalant sa soupe, on regarde la télé
Les habits remisés, on ouvre le courrier
Réflexes conditionnés, d'un couple organisé
Ça commence à peser, ces contraintes du foyer
Du rituel réglé, on en a plus qu'assez
On appelle les copains, pour un peu se marrer
Le cours de sa journée, on vient le déclamer
C'est par le truchement, d'un simple bigophone
Qu'on discute à distance avec son partenaire
Une fois raccroché, on en apprend de bonnes
Même qu'on se fait la gueule, on aurait dû se taire
Année après année, le couple se délite
C'est du chacun pour soi, on baise à la va vite
Finis les compliments, les promesses au panier
On n'a rien de commun, trop tard pour y penser
Depuis ces derniers mois, la sauce est remontée
Excuses-moi JC, je suis un peu lassée
Tu passes tes soirées, penché sur ton ordi
Tu veux jamais sortir, j'en peux plus, je moisis
Tu lèves les bras au ciel, tant soi peu désarmé
Les amis de ta Chère, t'aimes pas les fréquenter
Mais elle est assez grande, pour se les rencontrer
Toi, tu restes peinard et Madame est comblée
Pourrait s'arrêter là, cette histoire ordinaire
Pour corser l'addition, j'ajoute des couplets
Ça devait arriver, et je n'en suis pas fier
Ta femme s'est fait séduire, par un beau chevalier
Des fois, tu n'y crois pas, ne l'apprendras jamais
Mais le mâle sûr de lui, est souvent aveuglé
Sa gonzesse a changé, depuis qu'elle se distrait
Que demande le peuple, tout le monde est comblé
Freud l'a répété, tout passe par le cul
Au début tu t'étonnes, qu'elle n'est plus enjouée
Pour le batifolage, plus question de pointer
Elle est si fatiguée, de travail, fourbue
Tu te grattes la tête, en faisant le bilan
Plus de bisous colleux, avant de se coucher
Ça sent la désertion, l'amour expédié
Peut-être que c'est normal, n'empêche, c'est inquiétant
Plus le goût de rentrer, tu traines dans les bars
T'accuses ton boulot, les dossiers en retard
Elle n'est pas folle la guêpe, elle a tout deviné
Votre belle aventure, file des jours mauvais
Dès lors, on se lâche, on envoie tout péter
Chacun de son côté, agenda bien rempli
Pour les formalités, on fait un sacrifice
Mais partir en vacances, faut même plus y penser
Deux solutions se présentent, selon Menie Grégoire
On divorce gentiment, sans se faire de tort
Ou bien on continue, en faisant des efforts
De toute façon, c'est cuit, pourquoi encore y croire
Certains rompent d'un coup, ça évite les larmes
On partage les meubles, et même le droit de garde
Mais d'autres se complaisent, d'une vie au rabais
Pas choquer la famille, sauver l'union sacrée
J'ai longtemps hésité, franchir le Rubicon
Nous, on s'est séparé, c'était la seule façon
De regarder devant, plus se faire d'illusions
Pas si simple qu'on croit, de quitter sa maison
Ne fais pas le malin, suis encore tourmenté
On s'était pas tout dit, ou simplement confié
Je croyais au départ, en, prendre pour perpète
Le verdict tombé, déjà on le regrette
Rien d'autre à rajouter, retrouverez, qui sait
Votre part de vérité, vos angoisses intimes
Je n'ai fait que tracer, la sombre destinée
L'Amour effiloché, d'un couple en péril
JC Blanc mars 2023 (histoire d'en rire, mais c'est dur…..)