Couronnement

Christian Lemoine

Puisque les couronnements négligent toute prudence. Comment survivre à l'indécence des repus, d'autant plus sordides qu'ils se croient inatteignables ? Comment survivre à l'arrogance des pleutres, d'autant plus arrogants qu'ils se savent innombrables ? Aucune abandonnée, aucun esseulé ne le pourrait. Perclus en une sommation de soi-même à soi-même, dans le face à face du miroir sarcastique, dont ni lui ni elle ne jouissent du prestige. Puis un jour, leurs lignes se reconnurent, épaulées l'une à l'autre, à peine en leur distance de quoi tendre la main. Leurs desseins se joignirent, de phalange à phalange, estimant les ébauches des entrelacements, soupesant la rigueur des naufrages ou la vilaine figure des acrimonies. Ils s'emparèrent main à main, lancés à corps perdus par-dessus les tables rampantes, par-dessus les commensaux appétents, par-dessus toutes les esquives et les justifications. Comme un arc multicolore, par la fusion de leurs poignets, veine à veine, pouls à pouls, ils couronnaient. Et ce couronnement négligeait toute prudence, trop certain des passions versatiles.
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