Cousinades

La Louve Et Le Sphinx

De mes cousines, je sais peu de choses et je n'ai donc pas grand-chose à dire. Le format d'une chronique  sera donc plus que suffisant pour aligner les quelques bribes de leur vie que je connais.

Rendons d'abord hommage à Marion, la cadette et la seule que je fréquente encore de nos jours. Avec une dédicace toute particulière puisqu'elle est maman depuis ce week-end. De par nos différences d'âge, pratiquement deux décennies, il est évident que nos sujets de conversations se limitent souvent à des banalités. Quand je lui sors des vannes bien lourdes, je m'interroge toujours de ce qu'elle peut penser de moi. Elle ne connait rien de mon passé puisque je ne l'ai rencontrée pour la première fois il n'y a que sept ans. S'imagine-t-elle que je suis un gros beauf ? Comment pourrait-elle s'imaginer tout le poids de la pudeur que je mets derrière mes boutades ?

Pourtant, et pour faire la liaison avec mes deux autres cousines, les rejetons de mon autre tante grand-parentale du côté de mon père, elle a eu quelque aperçus de la violence familiale qui règne au sein de la tribu. Depuis quelques mois Danielle, sa tante a laissé éclater au grand jour toute la haine qu'elle contenait depuis si longtemps. Dans un certain sens, je peux la comprendre.

Marion a obtenu il y a deux ans un master 2 en marketing. Malgré les prédictions de Danielle qui lui prédisait au mieux un travail de caissière chez Monoprix, elle est aujourd'hui acheteur chez Renault ?

Mais pourquoi tant de haine chez notre chère tata ? D'abord et avant tout parce que je pense réellement qu'il s'agit chez elle d'une propension naturelle. Et sans doute se sent elle au fond contrit d'avoir joué avec ses filles  à la castratrice.

L'ainée, c'est Delphine. Nous n'avons qu'un an d'écart. Nous avons donc communément des souvenirs antédiluviens, du temps d'avant la crise. C'était la préhistoire, il y a presque quarante ans. Le grand-père Jules vivait encore. Je n'ai que des bribes de souvenirs de nos relations. Par exemple que c'est elle qui m'apprit l'expression « minute papillon » et à compter le nombre de jours pour chaque mois de l'année en m'aidant, le poing replié, à utiliser l'alternance entre la base de mes phalanges et les espaces qui séparent ces os.

Je me souviens également et de manière très nette le bourrage de crâne de sa mère qui répétait à l'envi, comme elle le fera d'ailleurs avec sa petite-fille Manon, que nous nous trouvions face à un génie. Après deux années de médecine, manque de chance elle l'a loupé à un poil près ce qui aurait permis, n'en doutons pas, de réaliser le rêve de sa maman. Elle a finalement fait une Sup de Co, tout cela pour exercer durant de longues années les postes de chef de rayon puis de chef de département. À ce jour et aux dernières nouvelles, elle travaille comme chef de produit chez Ikaka, le marchand de merdes en kit scandinave.

Sentimentalement, c'est le désert. Après, d'après mes informations, avoir subi une relation quelque peu violentée, sa dernière apparition fut celle, manque de bol, qu'elle tomba nez à nez avec mon frère quand alors qu'elle sa baladait main dans la main avec une amie. Ça la regarde mais son père aurait pu au moins assumer, lorsqu'il nous sortit un jour qu'il préférerait être mort que d'avoir une fille lesbienne.

Reste Raphaëlle, elle aussi célibataire depuis son divorce. Je pense que si sa maternelle lui avait un peu lâché la grappe, elle serait d'une approche facile et agréable. Mais la pauvrette n'a eu d'autre choix, après qu'elle ait quitté son mari qui la cocufia pendant sa grosse (sans doute pour se libérer de la pression de sa belle-mère), que de regagner la région parisienne et de s'établir au plus proche de sa matrice qui se fait un plaisir de faire de sa fille un singe savant à marche forcée de cours de piano et d'équitation.

Quelle famille tuyau de poêle, comme le disait mon grand–père maternel Alfred, ce grand philosophe.

 PetiSaintLeu

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