C.Q.F.D. #? - Faustine

Jay M Tea

          Elle n'arrive pas à trouver la position qui la dérobera au monde réel pour embrasser l'imaginaire et l'intouchable de la nuit. Le désordre de ses bras et des jambes désaxées de son bassin dessine des courbes cassées en vrac sous les draps desquels l'empreinte et l'odeur de Camille sont absentes. Elle est seule au féminin de son essence, loin des danses que ses doigts se fraient quand ils parcourent le torse poilu de son déserteur, les reins lovés contre son nombril.


          Elle se lève d'un bon électrique et se dirige vers la cuisine ; du silence à ne plus savoir quoi en faire. Sa tasse fait un bruit sourd qui résonne dans tout l'immeuble, au beau milieu de la nuit, comme si elle avait jeté un sac de billes sur la faïence de l'évier. Les canalisations pompent une eau qui peine à se rafraîchir des stations de la ville jusqu'aux lèvres sèches de Faustine.


          Elle attrape son téléphone, de retour dans la chambre, assise au bord du lit. Trois heures passées. (Mais qu'est-ce qu'il fabrique bon sang ?!)


[03:26 - J'imagine que je ne t'attends plus. Tu pourrais prévenir, franchement! Je pensais que tu rentrerais ce soir. À demain... peut être...]
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