CRAZY IN LOVE

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                Ce bon vieux Nietzsche a dit, un jour d’inspiration intense : « Il y a toujours un peu de folie dans l’amour, mais il y a toujours un peu de raison dans la folie. » Et comme toujours, il avait bien raison.

Dans un monde aussi tordu que le nôtre, personne ne peut se targuer d’être parfaitement équilibré. Même les Dieux grecs de l’Antiquité ne l’étaient pas, alors nous, vous pensez bien… Narcisse a donné son non à un syndrome, les Sirènes sont la représentation fidèle de la skyzophrénie et Zeus avait un sérieux problème sexuel.

  Mais s’il est bien un état qui semble faire ressortir toutes nos bizarreries, c’est l’état amoureux. L’amour rend fou, paraît-il. Ou du moins nous met-il face à notre folie latente.

   Comment alors faire la différence entre un léger grain de folie, proche de la simple euphorie amoureuse, et un véritable problème psychologique ? Sommes nous tout fous parce que nous aimons ou, horreur des horreurs, sommes-nous tout simplement dingues ?

            Lorsque Juliette et Roméo ont mis fin à leurs jours (tout cela n’ayant été, finalement, qu’un problème de synchronisation, je vous l’accorde) par amour, on n’a pas envisagé une seule seconde de les enfermer dans une cellule capitonnée (dans ce cas précis, c’était plutôt dans une boîte en bois capitonnée). On a trouvé ça romantique ! Si aujourd’hui, une jeune femme fait une crise d’angoisse et menace de se suicider après une rupture injustifiée, on lui dit d’aller se faire soigner. Tout le monde sait que la vérité ne réside pas dans la littérature, mais là quand même, on se trouve face à un sacré fossé. Dans lequel on peut menacer de se jeter à pieds joints…

   Pour ma part, j’assume pleinement mon côté détraqué. Et comme tous les gens qui assument, je me retrouve mise au rebus. Pour JS, un de mes récents ex, le fait d’avoir pleuré devant lui, puis de l’avoir insulté, puis d’avoir essayé de le récupérer me valait le regard que l’on ne jetterait même pas à l’Antéchrist réincarné, l’éviction la plus totale et surtout, un aller simple pour le psy. Or, toute femme pubère et pas encore ménopausée sait bien que cet état n’a rien d’anormal.

   Et de plus, ne sont-ce pas là les syndromes d’une simple passion, et non ceux d’une pathologie psychiatrique ? A l’heure où de plus en plus de gens se réfugient régulièrement dans des drogues diverses et variées, il semble que les sentiments constituent encore celle que l’on redoute le plus. Montée fulgurante, on plane quelques temps, avant de se fracasser la tête et le cœur au pied du mon Everest. Demandez donc à Beigbeder…

   Rester frigide, comme coincé dans une camisole sociale, semble encore être la meilleure solution. Dans ma quête désespérée pour F., que me conseillait son pote N. ? Ne rien laisser paraître de mes sentiments, ne rien faire, ne rien dire qui pourrait lui faire peur bref… Etre stoïcienne plutôt que Hulk pour éviter l’effet Gorgone Méduse. Quand on sait que cette dernière transformait en statue quiconque la regardait dans les yeux, il ne reste plus, je crois, qu’à ré-envisager l’option fossé…

   D’autant plus, que, si l’on en croit Freud, tout se joue dans l’anal… Le stade bien sûr… Plus sérieusement, la conscience a ses limites, que l’inconscient ignore. On a tous un passé, des antécédents, des expériences qui nous façonnent ou nous déforme, avec lesquelles on doit compter. Et si l’on se met à nu, tant physiquement, qu’émotionnellement, c’est peut-être tout simplement une preuve de sincérité et non un acte insensé. Ou alors c’est qu’on est un simple supporter anglais de Manchester sur un stade.

             « Puisque je pars dans quelques heures, je peux vous avouer la cause de toutes mes folies : j’aime. » (Stendhal)

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