Credo
Mitaine Crocq
Je crois en Ça,
première et toute puissante,
matrice du ciel et de la terre.
En nous même, ultime esquisse
oeuvre accomplie,
capables du pire et du meilleur,
sillons de joie comme de malheur,
capables de transformer notre paradis
en un enfer pour autrui,
aptes à s'élever,
pourtant si prompts à s'abaisser,
idéalement perfectibles,
quotidiennement nuisibles,
assis à la droite de notre ego, gonflé à tort,
prompts à juger les vivants jusque dans leur mort.
Je crois en l'Esprit pur et élevé,
phare dissipant le nous obscur,
apte à donner sans recevoir,
apte à prendre avec reconnaissance,
apte à construire avec sapience.
Je crois en l'âme
cette éternelle flamme,
en nous brûlante jusqu'à la fin,
dans un corps qui lui, n'a plus faim de rien,
extraordinaire amante,
cherchant partout sa pièce manquante.
Je crois en la jeunesse,
matrone ignorée de la sagesse,
poule de nos oeufs d'or,
gardée enchaînée telle la boîte de Pandore.
Je crois en la femme,
oeuvre complète et finale,
à jamais élevée par la maternité,
apte à s'oublier pour l'Homme pérenniser.
Je crois en la Beauté,
capable de faire de joie mon coeur suinter,
pour une BO, un livre, un son, un tableau,
en ces fugaces sensations,
décuplant mes sens, balayant tous les mélos.
Je crois en la terre sous mes pieds,
au sable entre mes doigts,
au vent dans les arbres
et à l'iode des côtes ciselées,
aux mouettes piquant les fonds marins
et aux papillons fécondant le jardin,
à la pluie sur le toit
et à l'orage sous les draps,
à l'asphalte brûlant et fumant,
à l'odeur des prés fraîchement coupés
et à la pluie des soirs d'été.
Je crois en moi,
à ce questionnement sur ce que je fais là,
à cette tendre complicité
dirigée certains soirs vers le ciel étoilé,
à ma naïveté salvatrice,
à mon anxiété créatrice,
à ces petits bouts de chemins
fait avec chacun des miens.
Et puis je crois en toi,
à tes boucles angéliques
et à ton sourire exquisit,
à ton corps laiteux et soyeux
et à l'envoûtement de tes yeux,
à tes baisers gourmands,
à ton rire d'enfant,
à ce parfum envoûtant,
et à celui laissé sur ma peau le soleil une fois pointant.