Croire
cerise-david
« Tu ne peux faire confiance à personne ».
A trop croire on finit par douter… douter des autres, de demain, de nous-même. J'ai toujours été lucide. D'une lucidité aveuglante. Qui m'a parfois empêchée d'avancer, me faisant douter, me faisant reculer. Pourtant, au regard de ces dernières années, qui semblent l'écho du passé, une amère répétition, la succession d'émotions intenses, de choix difficiles, de sacrifices onéreux… j'ai réussi à avancer. Ce soir, après une énième déception, que certain appelle « la vie », je fais le point.
Ces deux dernières années furent agrémentées de joies éparses, de sourires chaleureux, de peines profondes, de doutes immenses, d'amour véritable, de hautes trahisons, de bonnes ou de mauvaises sensations, les unes aussi intenses que les autres. Mais malgré ma peine je me rends compte que j'ai beaucoup de chance et que croire encore, ne pas douter des autres, de la profondeur des âmes de chacun, est toujours la meilleure solution. Certes, elle n'épargne ni souffrance mais elle assure réconfort. Quand à terre, des mains viennent nous saisir, nous relever, juste nous aider. Quand de nous-même nous trouvons la force de relever le front et le reste de notre carcasse. Ca nous donne raison de croire. D'avoir confiance.
Et puis, avec le temps, la confiance aveugle, affine sa vue. Notre vision du monde devient plus dure, moins crédule. On doute, on réajuste sa monture, on essuie ses verres, on sèche ses larmes, mais on y voit plus clair. On apprend à se méfier des apparences et tous les proverbes de notre jeunesse reviennent en mémoire et nous aide dans les choix de l'existence, du pot de confiture, au don de soi.
Je sais que demain me réserve d'autres déceptions, sans doute même plus dures et abruptes que celle d'aujourd'hui… mais je sais aussi que je ne douterais pas de l'issue. Je nous appelle les battantes épatantes, celles qui à force de manger le sol on finit par prendre un forfait chez le dentiste. Celles qui croit que demain sera moins pire qu'aujourd'hui et qu'il faut mettre du bleu sur nos yeux car le cafard s'habille de noir… Je suis de ceux qui acceptent la douleur et la surmonte, avec larmes et fracas. Je suis de ceux qui ne cesseront de croire en la beauté des genres. Je refuse d'être à genoux sans avenir, je préfère marcher sans savoir où je vais… car j'y crois.
« Tu ne dois jamais cesser de croire en toi ».