Cuvée plaisir

Sophie Marchand

Le soleil de septembre était généreux...

Iris était une fille intelligente et sympathique et à la fin du repas que nous venions de partager, je n'étais pas loin de penser que si un jour je devais changer d'orientation sexuelle, ce serait à elle que j'aimerais en faire profiter. Ceci dit, je me gardais bien de l'en informer.

J'avais concocté pour une fois sans effort mais en m'aidant je dois l'avouer de quelques rasades de ce petit rosé ouvert pour l'occasion, un repas appétissant au delà de mes espérances : mini quenelles sésame sarrasin accompagnées de leur salade verte et des cuisses de pintade, le tout arrosé du vin bio dénommé « cuvée plaisir ».
Nous avions pu profiter du soleil pour déjeuner sur la terrasse. Elle avait du repartir rapidement car un train ça n'attend pas et un mari pas trop non plus.

Le soleil de septembre était généreux et me chauffait le dos alors que je gisais sur un transat, tournée vers l'Est.
Cette année, je voyais l'automne approcher sans appréhension car je savais qu'il allait me ramener mon amoureux.

Après ce repas fameux, je m'étais autorisée une petite sieste au soleil puis réveillée par le bruit d'une tronçonneuse oublieuse que les dimanches sont réservés au repos du travailleur et de la travailleuse, je m'étais plongée dans la lecture de « La tante Julia et le scribouillard » qui devait me permettre de mettre un Nobel de plus à mon actif ce qui me demandait finalement beaucoup moins d'effort que la lecture d'une revue dite féminine et me donnait plus de plaisir.

Le téléphone interrompit ma lecture. Iris avait raté son train et devait attendre deux heures de plus pour le suivant.
Elle me demanda des détails sur tout ce qu'elle avait mangé et bu lors du repas et lorsque intriguée, je lui en demandais la raison : « je crois que ton repas a boosté ma libido et si je n'avais pas eu peur de mettre en péril notre amitié, je crois que je n'aurais pas hésité à te croquer. »


France, 2012



Signaler ce texte