Cyphos

damian

Un matin blanc de brume me tire de la nuit pâle.
Une soirée entre amis, tout était bel et bon,
Une creuse insomnie où l'esprit se morfond
Et voici que j'échoue sur ce rivage sale

Sur cette plage cendreuse où rien ne croîtra plus.
Le cimetière de mon âme, creuset de mes souffrances
Là où telle une épave s'éventre l'espérance;
Cet affreux roc où gisent mes rêves, dissolus.

Je vivais pour l'amour, des êtres, de la beauté
Chantant joie et louanges, tendresse et volupté.
Fuyant les trahisons, les complots, les cabales,
Je ne souhaitais que songes, douceur et idéal.

La vie semblait si belle et le monde lumineux
Lorsqu'un simple regard, soudain, vint tout changer.
Quelques mots merveilleux timidement échangés
Et d'un battement de cils, d'un geste devint envieux.

Dans la secrète alcôve d'un cœur empoisonné
Mille désirs prirent forme, phantasmes inassouvis
Je n'envisageait plus que d'avoir dans mon lit
Son être, langoureux, pour mieux la posséder.

Mal, douleur, cruauté que cet ersatz d'amour
Tuant le baladin et ses douces manières.
Le stupre, la luxure avilissant mes airs
Eurent tôt fait de me voir ivre et reniant le jour.

Dans les replis masqués de mon être s'implantèrent
Le poison, noir orgueil et toutes ses chimères.
Combien âpre fût la lutte pour m'en libérer!
Aujourd'hui germent encore ses fruits...Oh vanité.

Seul, sur ce rocher où se meurent tant d'instants,
Je panse les sombres traces révélant ce passé.
Et lorsque parfois, une flamme vient m'éclairer
Je quémande une étreinte pour fuir mes tourments.

Mais que peut faire une flamme contre tous mes ténèbres
Et tant d'éclats épars d'une vieille âme brisée ?
Pour survivre, elles ne peuvent qu'encore m'abandonner
Me laissant, moribond sur cette plage funèbre.

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