Da poo tetralogy chap.2

Jean Louis Tramontane

Chap. 2: Somos los (ca)campeones.


Il est des rêves dont on aimerait Que la vie soit tout le temps faite... Et c'est d'autant mieux quand nous les faisons éveillé.... 
Souvent je me rêve sur une scène de stade, le pied sur un ampli de retour, guidant du manche de ma Les Paul studio des flots de barbus avinés et leurs copines au t-shirt mouillés par la bière bon marché qu'ils leurs ont versé dessus.
J'ai la télécommande de leur vie dans mes mains. Je souris béatement à le vue de mon travail de grand ordonnateur de cette messe de dégénérés et aussi probablement sous l'effet des acides.

Je suis en pleine extase et j'en rempli à ras bord l'intégralité des corps spongieux que compte mon corps.

Ce soir là je crois que je faisais ce rêve quand les mains bourrues de la destinée m'ont violemment arraché au bras moelleux de ce caniveau qui fut, le temps d'un soir, l'écrin de mes divagations musico-érotiques...

La destinée, ce soir là avait pris les traits (pour changer) d'une immonde envie de chier..... Je me demande encore comment, dormant le front appuyé sur un trottoir, une envie de chier ait pu me réveiller.

Et à ce moment là du récit, il me semble que je vous dois quelques explications quant aux circonstances qui, non content de m'avoir conduit jusqu'à ce trottoir, m'ont également permis de m'illustrer d'une manière que je n'aurais jamais imaginé.

Avril 2005 (année faste, s'il en est, pour mon gros colon.), T.I.E. de Bordeaux.

Par T.I.E. il faut comprendre Tournoi Inter ENSI, soit un tournoi sportif entre écoles d'ingénieurs sur 3 jours dans une ville hôte.
L'équation devient assez simple à partir de là.
1 lieu
3500 étudiants
5% d'entre eux sont là pour ramener des médailles à la maison
95% d'entre eux sont là pour ramener des médailles à la maison..... mais bourré.
Pour contenter les 5%. Tout plein de sports chiants et fatiguant
Pour contenter le reste. Des réserves d'alcool racheté à bas prix et en immense quantité aux anciens pays du bloc communiste.

Cette parenthèse est, je pense, assez explicite pour que vous deviniez par vous même par quel miracle de la chimie du houblon et de la pomme de terre je me suis retrouvé à me prendre pour une bande de passage piéton.

Rajoutons néanmoins une donnée à l'équation.

1 lieu (rendu boueux par les torrents de pluies qui s'abattait régulièrement dessus)
3500 étudiants
10 chiottes de types "chimique et pas purgées du week end."

Ces dix cabines plastiques aux portes branlantes, trônaient au sommet d'une colline et semblaient les tentacules d'une pieuvre géante prêtes à bondir sur quiconque s'approcherait à moins de 2m50 de leurs merdeuses ventouses.

Allez savoir dans quel excès de snobisme il m'a parut obligatoire d'effectuer la purge de mon ampoule annale dans le confort chiche mais cossu d'une enceinte fermée hermétiquement, mais enfin je me dirigeais vers l'immonde bête décacéphale.

Quel ne fut pas ma surprise de trouver aux abords de cette zone sinistrée un groupe compact d'une trentaine de personnes, cahier et chronomètres en main, mesurant la vitesse des allers et venues de certains autres dans l'une des gueules de la bête.

Je m'approche et me fait violement empoigner par un inconnu qui lance à ses amis "eyh regardez y'a un poivrot qui veut tenter sa chance...". Lisant surement l'incompréhension la plus totale qui venait de s'éclairer dans mes yeux il ajoute "Mec c'est le concours du caca..... faut rester le plus longtemps possible dans la cabine"

j'ai du le gratifier d'un simple "Ah" avant de pénétrer dans la cabine. J'avais cru comprendre, avant d'entrer, que le record était de 2 minutes et des brouettes.

Une fois à l'intérieur j'entreprends un nettoyage méthodique de la lunette à l'aide d'un prospectus qui traînait dans ma poche. Et je m'assied, non sans constater que mon appréciation des volumes était grandement biaisé par mon alcoolémie et que donc le volume de merde dans la cuvette avait été victime de cette déformation.... C'est donc avec la fesse gauche chatouillé par une discrète pointe de merde, qui n'était pas la mienne, que je commence mon office.

A ma sortie le chronomètre du gros con qui m'avait poussé là où je voulais justement aller indiquait 45 minutes (oui j'aime prendre mon temps pour évacuer et surtout je déteste pousser.).

La trentaine s'était transformée en centaine (et j'exagère à peine) et tous avaient cet air hébété de tête de veau sur un étal de boucher. Ils avaient l'air presque déçu que je ne congratule pas leurs basket bon marché d'un vomi de circonstance que les autres participants n'avaient pas manqué de poser au pied de ce qui, et je le comprenais à peine, était en train de devenir mon stade de wembley.

Oui voilà, pour avoir survécu 45 minutes dans un gourbi alimenté par 3 jours de chiasse alcoolique, j'avais gagné le respect tendre et sincère de ces connards....

Un pied dans le vomi et l'autre dans la merde je me sentais pousser une couronne sur la tête, une cape en velours blanc dans le dos et un micro pied dans la main droite.....

Ce concours du caca c'était mon "We are the champion"

Je comprendrai plus tard la ferveur qui a poussé mes camarades de promo à me porter en triomphe. Là où une victoire au tournoi de foot permettait à l'école de gagner 50 points, ma victoire à ce concours merdeux en rapportait 200.

Fin du chapitre 2

Signaler ce texte