Da poo tetralogy chap.3

Jean Louis Tramontane

Chap.3: A la bien (dans la merde)

Là encore, en prémisse à cette histoire, il me faut vous dévoiler un pan de ma vie de nomade.

Avant que je ne foule du bout de mes dunk high les trottoirs d'Annecy, c'est les pieds fièrement ornés des 3 bandes de st Tapie que j'ai gouté, un an durant, à la moiteur iodée de Marseille.

Je baladais donc mon alcoolisme mignon entre un master spécialisé de la fac de science et un appart que je partageais avec 8 autres personnes.

Le pastis coulait à flot et une de mes colocataires avait finis par s'avérer moins lesbienne que semblait l'affirmer sa petite amie.

Je développais donc un sérieux don d'ubiquité qui me permettait de suivre, à la fois, le chemin d'une cirrhose, celui d'une réussite inespérée à mon diplôme de fin d'année et celui d'une sexualité rendu délicieuse par ce qui reste à ce jour la langue la plus habile que j'ai connu (genre qui fait des nœuds avec les queues de cerise sans les mains. cf Twin Peaks pour ceux qui ne suivent pas)

Je nageais donc, comme tous les jours, dans la béatitude la plus totale, ce matin là.

Pour cause d'absence de cour dans la matinée, France Inter n'avait beuglé qu'à partir de 11h ce jour là. Je me levais donc guilleret, abandonnant aux appétits voraces de ma couette ma lesbienne petite amie du moment.

12h, je suis enfoncé, une assiette de pâte sur les genoux, dans le canapé du salon. La mine déconfite de Thierry Becaro semble vouloir dire au couple de retraité derrière leur pupitre que Motus requiert plus de connexions neuronales que leur soixantaine passée ne leur permet de solliciter.

12h30, mon assiette est terminée, et j'entreprends de la ramener vers la cuisine.

Face à l'évier, une soudaine envie de lâcher une caisse se fait sentir. Je sens son potentiel wagnérien. Personne d'éveillé dans l'appart. Petit équilibre sur un pied afin de ramener la cuisse gauche le plus prêt de mon ventre dans le but d'insuffler le plus de pression possible à ma Walkyrie en devenir.
Je presse la gâchette.
Le chien touche l'amorce de ma balle.
...
...
...
Et là pas une souffle de vent ne sort.

Que des morceaux.

Moment de flottement. Je suis immobile, sur un pied, le genoux gauche pressé contre mon ventre.
Le robinet goutte.
Mon caleçon également.

Je ne saurais expliquer, quel réflexe m'a poussé à constater les dégâts sur place. Me voilà donc, le caleçon sur les genoux au milieu de la cuisine.
Ce dernier porte une trace de freinage qui m'indique très clairement que si mal il y a eu, c'est dans la jambe droite de mon pantalon qu'il faut chercher.
Quelle n'est donc pas ma surprise de découvrir que l'intérieur de mon pantalon est intact. Tel un lapin dans un chapeau clac, tout à disparu.
Erreur, le chapeau avait forcément un double fond. En l'occurrence, ma chaussure droite.

Un jet de caleçon au vide ordure, et un nettoyage de chaussure plus tard, me voilà debout dans le métro sur le chemin de la fac.
je rigole en repensant à cette histoire et au rire de mon frère quand je lui raconterai.
L'orage est passé, je suis détendu, je largue une caisse, je descend à la station suivante, je prend le métro dans le sens inverse, je jette le second caleçon de la journée au vide ordure.

Je reprends le métro, je suis moins détendu, je suis grave à la bourre, j'arrive en cours, m'excuse platement, m'assied.

Mon voisin de classe se permet de me signaler que j'ai sûrement du marcher dans la merde. J'acquiesce en supposant que mon pantalon n'a pas du être si épargné au niveau des effluves.

Je n'écoute rien au cours, trop concentré sur les 20 derniers cm de mon circuit digestif. Je me baisse alors pour gratter mon mollet et peste contre l'élastique trop lâche de mes chaussettes........

Je ferme les yeux doucement en sentant comme une grenaille plutôt fine entre mon mollet ma chaussette.....

Putain d'élastique trop lâche......

Fin de journée en forme de stations du christ.

-Port d'une croix de merde sur le dos toute l'après-midi.
-Crucifixion: "Putain mais y'a vraiment un truc qui pue autour de toi Jean-Louis"
-Lavage de pied.

Fin du chapitre.

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