Damien Saez, chanteur écorché

A coups de guitare sèche et de poésie sombre, Saez trace un chemin singulier dans un univers médiatique qu'il méprise royalement. Trempées dans un acide adolescent, ses chansons disent un mal-être qui s'expie dans une utopie contemplative et fraternelle, vouée à l'échec. On en ressort rincé, pâle, genoux à terre mais touché dans sa chaire.

Damien Saez et ce putain d'argent roi

Saez prend la poésie pour ce qu'elle est : une arme. A l'heure où les poètes ne sont plus qu'un vague souvenir, l'auteur-compositeur-interprète hurle des mots qui nous passent au travers et nous tapent sur le système. Car c'est bien du système dont il s'agit, qu'il dénonce, où du moins qu'il interroge, parfois maladroitement, avec toujours ce regard d'ado éperdu, idéaliste jusqu'au bout d'une barbe de huit jours sale et puante mais qu'importe après tout puisque l'essentiel n'est pas là. L'argent a gagné, voilà, ce putain d'argent roi, « cet avoir pourri » comme il dit et sa révolte puérile irrite autant qu'elle fascine.

Saez à fleur de peau

Car Saez ne serait pas révolté s'il n'était pas à fleur de peau. Au gré de ses chansons, l'artiste laisse propager « l'hémorragie de nos mélancolies » sur une mélodie rocailleuse. Avec, toujours en fond d'écran, l'enfance, les copains qui passent, l'amour perdu…

*Messina, publiée le 17 septembre 2012, Wagram Music