D'amour, en mer.
Philippe Vivier
J'avais 11 ans. Et pourquoi ce navire me paraissait-il si mystique ? C'est dans ses voiles que je vis des espérances, et quand, ses haubans, criaient, au faîte de l'abordage, je voyais bien, que nous étions aux bords des abysses, luttant pied-à-pied, pour chaque embrun, toutes furies battant nos tempes, et des miroirs qui nous regardaient, du haut de nos échelles, sur le foc je m'embrumais, je voyais cette grand-voile au bastion héroïque, la misaine si proche, et tout mon cœur cherchant les démons, frénétique, inquiet et furibond, l'âme si fragile et anxieuse, du rêve, je retiens mon pas, et ma fièvre, dans ma vareuse, de cuir cramoisi, je contemplais l'amour et, je dis, à mes comparses illuminés, qu'enfin, nous vivions les confins dont nous avions rêvés.