Dans l'enfer de la guerre
arlequin
J’étais rentré dans la chambre de notre hôtel sans faire le moindre bruit ; vu l’heure avancée de la nuit, je savais que j’allais trouver ma moitié dans les bras de Morphée. Le temps de grignoter quelque chose, dans le coin salon/cuisine, et je me décidais à aller me coucher moi aussi, lessivé par une journée de travail un peu trop bien remplie.
J’entrouvris doucement la porte de la chambre et, au moment où j’allais y entrer, je me retrouvai stoppé net par la vision qui s’offrait à moi.
La fenêtre était grande ouverte, laissant entrer une fraîcheur bienvenue par cette chaude nuit d’été, ainsi qu’un rayon de lune qui, tel un doux projecteur, venait éclairer le lit conjugal. Ce contraste, avec l’obscurité de la chambre, donnait un décor surréaliste ; les cheveux blonds de ma femme semblaient scintiller sous cette lumière. Un petit sourire faisait rayonner son visage et les tétons de sa poitrine pointaient fièrement en direction du ciel. La couverture était remonté jusqu’en dessous du nombril, mais une jambe était à l’extérieur, une longue jambe, parfaitement épilée et ayant prise une légère couleur dorée sous les rayons du soleil.
Je sentis des larmes me venir devant ce spectacle. Sans doute allez-vous me trouver hyper-sensible, mais, après les horreurs de la guerre que j’avais photographiées tout au long de la journée, cette vision d’un romantisme érotique absolu entrait en moi comme une grande bouffée d’air pur. Je repartis dans le salon, récupéré un de mes appareils photo, en espérant qu’aucun nuage n’allait venir obscurcir le ciel. Mais la nuit était parfaitement claire, étoilée ; s’il n’y avait pas eu le bruit des bombes, dans le lointain, on aurait pu se croire dans un endroit paradisiaque.
La lumière était restée quasiment inchangée. Je réglais la sensibilité de mon appareil afin de ne pas avoir à utiliser le flash et je commençais à prendre des clichés. Cela me rappela mes débuts dans le métier de photographe, où, avant de devenir reporter de guerre, je travaillais pour un grand magasine de charme ; en revanche, c’était la toute première fois que je prenais ma femme en photo, qui plus est, à son insu.
Une explosion, certainement une roquette, plus proche de nous, tira ma femme de son sommeil. Elle me regarda un instant avec un air incrédule, se demandant certainement ce que j’étais en train de faire. J’allais lui dire quelque chose, mais, au dernier moment, une voix me dit qu’il fallait que je me taise, que cette dernière explosion n’avait pas tout à fait annulé la magie de cette nuit.
Elle se tourna langoureusement vers moi avec un grand sourire ; dans le mouvement, la couverture acheva de découvrir tout son corps et je pus voir qu’elle portait le string à dentelles noir que je lui avais offert la veille au soir. Elle prit un air de petite mijaurée, faisant mine de vouloir cacher son intimité, puis porta un index à ses lèvres qu’elle se mit à sucer, en affichant un air de provocation.
Ma femme avait déjà vu plusieurs des photos que j’avais faites pour le magasine de charme, photos qu’elle trouvait absolument ravissantes, pleine de charmes, et m’avait souvent demandé d’en faire avec elle. Mais, le passé étant le passé, j’avais toujours refusé… jusqu’à ce soir là.
Une longue sirène se fit entendre, signifiant l’imminence d’un bombardement aérien sur la ville. Alors que nous aurions dû courir nous mettre dans les abris prévus dans l’hôtel, ma femme continua à sucer son index et moi je commençais à prendre des photos ; c’était comme si plus rien n’existait tout autour de nous, comme si notre amour allait être plus fort que l’horreur qui allait s’abattre sur la ville.
Je commençais par des gros plans sur son visage ; je fus surpris de voir à quel point elle arrivait à jouer avec l’objectif, le fixant comme un amant qu’elle tentait d’attirer à elle. Puis, elle arrêta de regarder en ma direction, ferma les yeux et ses mains se mirent à descendre le long de son corps, s’attardant un long moment sur sa poitrine, redessinant le contour de ses seins, faisant pointer encore plus ses tétons.
Dans le lointain, on commençait déjà à entendre le bruit sourd des chasseurs-bombardiers venant remplier leur macabre mission. Comme pour étouffer ce bruit, je mis en marche le son de mon appareil afin d’entendre ce vieux cliquetis rassurant à chaque fois que je prenais un cliché. A présent, les deux mains de ma femme s’étaient rejointes au niveau de son intimité, jouant avec le fin tissu noir, un ou deux doigts venant, comme par accident, flirter avec le bouton d’amour. Sa tête s’était légèrement renverser en arrière ; sa bouche était entrouverte ; comme elle était belle dans cette extase naissante.
Les premiers tirs de la DCA résonnèrent, déchirant la nuit par des éclairs lumineux qui entraient jusque dans la chambre, comme une myriade de flashs multicolores. Comme pour répondre à ces explosions, les mains de ma femme s’activèrent de plus belle, l’une d’elle écartant le tissu du string, tandis que l’autre jouait de plus en plus frénétiquement avec son clitoris. Mon expérience de photographe me disait que j’étais en train de faire des clichés d’une beauté incroyable en utilisant les lumières produites par les tirs des batteries anti-aérienne : l’horreur donnant naissance à une féérie érotique… Cela me donna des frissons, mais je continuais néanmoins, pris dans un jeu que, ni l’un ni l’autre, n’avions le pouvoir d’arrêter.
J’entendis les premiers râles de plaisir de ma femme, alors que deux doigts avaient pris possession de son intimité. A présent, sa tête était entièrement rejeté en arrière, son visage marqué par les rides du plaisir et ses hanches ondulant au rythme imprimé par ses doigts. Son plaisir atteint son paroxysme en même temps que les premières bombes s’abattaient sur la ville. Son corps se déchaina brusquement ; ses cris couvrirent les explosions ; au milieu de l’horreur, une femme laissait emporter par un violent orgasme que j’avais la chance de pouvoir immortaliser à jamais. Un liquide incolore s’échappa de son antre en de longs jets, la faisant trembler de plaisir.
Quelqu’un frappa violemment à la porte : c’était la sécurité militaire de l’hôtel qui nous intimait l’ordre de gagner immédiatement les abris. Ma femme et moi nous regardâmes en un regard tendre et complice et c’est d’une voix rauque que je criais :
- On arrive tout de suite !