Dans l'ombre

barbie_chou

Elle ressent chaque mouvement, chaque pression sur sa peau. Chaque sensation, au courant elle se mêle, dans le déferlement elle se laisse emporter, guidée, effleurée, touchée, happée par ces roulements, tantôt écrasée tantôt libérée et pleine de cette sensation sereine d'être là, au milieu de tout, dans l'ombre, dans le tout qui la broit qui l'effleure et qui la fait se sentir vivante... 

 

Quand elle bouge son visage elle sent ses cheveux suivre le rythme, l'accompagner et effectuer une sorte de chorégraphie, un halo autour d'elle, au ralenti, sans un bruit mais en totale alchimie. elle continue, joue avec, ne cesse de remuer ce front qui fait jouer la frange et cette nuque qui se libère, fragile..

 

Quand elle remue ses hanches, le tissu ondule, se plaque contre elle d'une façon délicate, faisant ressortir ses ondulations, ses formes et chacunes de ses pulsions. Léger et aérien, la jupe forme une corolle autour d'elle, comme une fleur en pleine saison, qu'on ne voudrait qu'effeuiller. un peu, beaucoup, passionnément...

 

Le tissu flotte autour d'elle, cambrée, pieds en pointes et main légère au dessus de la tête elle ne perd aucun battement du fond qui l'attire, elle bouge avec le flot, étant plus ou moins projetée, emportée par la houle qui l'emporte elle ne forme plus qu'un seul cœur..

Édith Piaf dans la tête elle se joue de ses pensées, les laissent nager, voyager, s'échouer. 

 

Penser qu'elle aurait aimé, avoir passionnément envie de récupérer pied, de reprendre sereinement le battement de son cœur, de réussir à rester dans le tempo, sans faux pas, sans fausse note, jouer de sa fragilité et non pas s'en laisser posséder, vouloir continuer à avancer. vivante?

 

 

Mais il est trop tard, le fond l'a emporté, la main tendue vers la surface restera à jamais ce dernier signe d'espérance. danse funèbre d'un corps sans vie emporté par les rouleaux, balayé par l'immensité...


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