Dans ma tabatière.

C'est un lieu de vie, de rencontres. Ce n'est qu'un simple établissement mais il y a ce quelque chose qui fait vivre cet endroit. Il est juste en bas de chez moi, à 50 mètres. Le Soleil Levant.

Il porte bien son nom.

Dans le tabac en bas de chez moi, il y a les réguliers. Ceux qui viennent prendre leur café (Ou "feks") du matin ou leur bière (Ou "binouze") d'après-travail, ceux qui y passent leurs journées et discutent avec le premier venu, ceux dont leur rendez-vous quotidien est la clope (Ou "garrot", "peclo", "garettci", "cigs"...).

Dans le tabac en bas de chez moi, il y a les ponctuels. Ceux que tu vois quand tu pars de chez toi et quand tu rentres. Ils te connaissent de vue et leurs regards ne sont pas insignifiants . Ils voient passer du monde. Les pressés comme les lents. Ceux qui feraient tomber un pièce et la ramasseraient dans la seconde (Quel rapace...) et ceux qui prennent le temps de parler au vendeur, de se décider de quelle marque prendre (Décide-toi Patrick putain !).

Dans le tabac en bas de chez moi, il y a aussi nombre d'inconnus. Leur visage, leur passage ne marque personne (Elle est bonne elle) . Ce sont les fantômes de la cigarette en quête de satisfaction personnelle. Le défilé est constant pour les vendeurs de mort (Nique on se fait du biff).

Dans le tabac en bas de chez moi, c'est là aussi que j'ai acheté mon premier paquet de clopes. Tout le monde a commencé avec des marlboro (Ou "malbak") parce que personne ne connaissait toutes les marques. Chaque jour je passe devant ce tabac. Nombre de fois m'a t-on fait la morale sur les dangers de cette chère amie. Des "grands", des "darons" et des "daronnes". Il y a une légitimité à leur propos, mais très souvent il n'est pas entendu.

Dans le tabac en bas de chez moi, les opportunistes du gain s'affrontent et tentent tous de gagner le pactole ("Une fois j'ai gagné 50 balles sur un Cash"). Déçus mais motivés par la somme, ils reviennent comme des charognards. Certains gagnent mais demeurent néanmoins appâtés  par l'argent. Triste investissement.

Et puis ce lieu de vie est vite devenu un lieu de mort. Dans le tabac en bas de chez moi, un mec s'est fait tué. Je le connaissait de loin, mieux vaut dire que je ne lui avait parlé qu'une fois dans des circonstances peu sympathiques... Et je pourrai me dire à chaque fois que je passe devant l'établissement qu'un meurtre a eu lieu ici il y a quelques temps.

Mais au final le Soleil s'est levé le lendemain sur le tabac en bas de chez moi.
Đó là một niềm vui.