Dans mon temple
aile68
Dans mon temple doré, idéal, parvenir à la sérénité, présenter le bon Dieu aux petits santons de Provence, placer les sachets de lavande dans la coupe miraculeuse, servir un chaud breuvage à des invités de marque, offrir les livres que je ne lis plus, regarder un programme de choix sur les fleurs dans le monde. Noël est passé, la Chandeleur est passée, Pâques semble encore bien loin. Papoter, espérer, chantonner, écouter un rêve, voyager, faire les choses avec de la légèreté dans le coeur, se rappeler les fiancés de l'été, l'amour n'est pas si facile mais on se jette à l'eau quand même, on veut être à la hauteur toute une vie durant même si ce n'est pas très bien rangé dans nos têtes.
Dans ma pièce à vivre, ça ne manque pas de coussins, de bazar, alors j'élague, je jette, mets de côté pour donner, je fais tout pour que rien ne dépasse et pendant ce temps ça jacasse dans ma tête, ça pétille, ça fait des bulles, je ne suis pas prête d'arrêter de ranger, je repense à la vieille tante qui parlait dans le téléphone qui grésillait, un orage au loin a coupé la ligne. "Préparez-vous pour le mariage en juillet" ai-je à peine eu le temps d'entendre, les revoir tous une dernière fois encore, y en a déjà qui sont partis... Je me sens prête à mettre ma maison toute sans dessus, dessous pour retrouver mon chapeau à voilette, mais non je plaisante. Encore un mariage où l'on n'ira pas, un événement qu'on ratera...
Etre présent avec des cadeaux, moi j'aime bien envoyer un courrier sympa pour l'occasion, confectionner une carte exprès avec l'effervescence d'un diabolo-menthe. De près ou de loin j'aime mes cousins et cousines, des tantes il n'en reste plus beaucoup... Eparpillée dans le monde comme la poussière de mille chemins qui se croisent et se décroisent, ma famille au sens large du terme a le coeur qui bat au rythme de là-bas et d'ici, de mon temple et, de mon bazar qui toujours revient plus vite que je ne crois.