DANS UN AQUARIUM...

rocco-souffraulit

On m’a reproché qu’avec mon encre bleue,
Celle rend plus éclatante celle de vos yeux
Juste pour la frime à la cime de mes rimes,
Que je m’attachais trop aux marées d'idées noires
Qui polluent les longues pages de vos espoirs,
Alors, telle une bouteille de verre à la mer,
Je vous envoie ceci, pour ôter de vos mémoires
Ces images grisâtres et leur redonner couleurs,
Avant que la sombre peinture ne s’en écaille
Pour mourir en s'éparpillant dans un tapis de corail.

Avant de subir le moindre signe de représailles,
Je me rebiffe en levant ma nageoire dorsale
Pour essayer, dans un vague brouillon
fait d'un tourbillon de mots et d'expressions,
D’aller chercher l’humour mais si la rumeur
Veut que soit dur de faire marrer la population,
Alors je dois vous l'écrire avec tout mon amour.
Quitte à ce que je passe encore pour un con,
J’assume ce texte alors garder vos yeux ronds
Ouverts, en espérant que puisse vous plaire
Cette histoire que j’écrirais de toute manière.

Je vais souffler, reprendre ma respiration,
Essuyer ma transpiration pour l’inspiration
Que je vous offre telle une virgule d’air pure,
Pour en détendre au mieux l'atmosphère.

Alors d’abord, il y a les rayons de lumières
Qui se reflètent comme des lingots d’or,
Dans un bocal, pour redorer le décor,
Où virevolte survolté un petit troupeau
De poissons aux problèmes sociaux,
Qui restent rangés suivant leur ethnie,
Pour s’entretuer dès que l’un d’eux
Arrive au terme de son filet de vie.

Vous voyez, je vous l’avais bien dit,
C’est pas faute de faire humoristique,
Même vingt mille lieux sous l’atlantique
je suis encore obligé de parler de la mort,
Dans ce paysage bucolique synthétique
Autour d’une vieille épave en plastique
Pour rendre encore plus moche le décor,
Osmose où n’est pas né celui qui se fera bouffer
Parce que c'est pas le genre à se faire griller,
Celui qui croit accomplir une croisade,
En traversant son univers dans une parade
Vertigineuse pour éviter l'étouffante noyade,
A l’heure où enfin tous se trémoussent
Pour la bouffe que jette une petite rousse.

Il y en a un que l’on appelle « petit bouchon »,
Qui, sans en chercher la véritable explication
Tombe toujours dans une atroce dépression,
Mordant à l’hameçon dès qu’on le traite de con,
Le pire, c’est quand il se prend pour un chat
Avec ses longues dents qui rayent le limon,
Qui cherche sa queue en tournant en rond,
Dans sa danse voilée tel un chef d'orchestre
Pour donner à ceux-ci le la, ces onduleux astres,
La nuit, éclairés par la rue et son lampadaire,
Dans cet endroit réglé comme une horloge,
Pour un homme assis aux premières loges
Dont il ne cesse d’en faire des éloges,
En exécutant un émouvant mouvement
Reposant de ballet, aux tempos enivrants
accompagné d'une pompe dans le vent.

Il y a Paulo, le nouveau nettoyeur de carreaux,
Qui a pour boulot de donner un aspect divin
A l’aquarium qui protège des vapeurs d’opium,
Qu’hument, avec les verres remplis de vin,
Des proprios qui trouvent ce tableau si beau.
Maniaque de la propreté jusqu’à la dernière goutte,
Paulo le prolo profite des congés du mois d’août
Pour se refaire une santé, pour casser la croute,
Bien qu’étant au monde le meilleur aspirateur,
Un tel emploi nécessite de garder sa fraicheur.

Il n’est pas tombé de la dernière casserole
Celui qui, s’astiquant aux bulles qui déboulent
Frétille de la queue pour en faire des envieux,
A trouvé refuge dans une grosse moule
Pour ranger toutes ses affaires loin de la foule
Et y faire l’amour à une jolie petite perle
qu'il aura dragué en bombant le poitrail,
En plus, en hiver, dans les eaux ça caille
Alors il tient à garder sa confortable coquille.

Il y a Prosper, le gros roi de la blague pourrave,
Qui les cherchent et les sorts par petites salves,
Comme celle de l'avis d'un pauvre lagon à la con,
avec son vase et un poisson qui donne son « non ».
Prosper, il doit bouffer du clown au petit-déjeuner,
Il a bien raison, ce doit meilleur que de le sucer.
Il aime réfléchir et l'ouvrir, les vannes pourries
c'est pour lui un effet de style, l'affaire d'une vie.
Il y a aussi Caroline qui tiens à garder sa ligne
Et Arthur qui se prends pour un vide-ordure,
Entre le plus jeune qui joue à la pêche à la ligne
Et le plus vieux qui se plaint de sentir la friture.

Bref, voilà désormais où nous en sommes,
A la fin du récit en l'honneur d'un aquarium
Encore loin des longs récifs caucasiens,
A la paroi vitreuse qui, noyée par la lumière,
Éblouie la vie de ces précieux compagnons
biens mieux ici que là-bas, seuls par les vents,
Dans le couloirs des courants des vastes océans,
En plus, la mer c’est dégueulasse, les poissons
Baisent dedans pour reprendre la chanson.
J’ai encore essayé de faire un chef d’œuvre
Mais, comme l’ensemble de mes manœuvres,
Une fois de plus ça risque de tomber à l’eau,
Dans les profondeurs de mon petit cerveau
Qui extirpe des histoires de par ses caniveaux.

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