De ce côté-ci

effie

Sur Terre, une vie parmi d'autres

06:00, la sonnerie retentit.

La journée commence.

Bon gré, mal gré, Marie redescend sur Terre et investit progressivement, comme à chaque réveil, le corps assoupi sous la couette. Elle est encore prise aux pièges de son rêve. Les membres engourdis, la tête dans le brouillard, elle flotte entre deux mondes. Au fur et à mesure qu'elle émerge du sommeil, toutes les images de son rêve volent en éclats. Elle aimerait tant se souvenir et s'efforce de reconstituer le puzzle. Elle voudrait tout noter et comprendre. Dans quel rôle s'est-elle glissée cette nuit ?

J'y suis encore, ou je n'y suis plus ? J'ai rêvé que je revenais d'une autre planète en me laissant glisser sur les couleurs de l'arc-en-ciel. C'était ma fête, là-bas. Sur Vénus, peut-être ? J'étais au milieu d'une foule d'amis à la peau bleue qui me félicitaient. J'avais enfin réussi le grand saut de l'autre côté. Ils m'attendaient depuis si longtemps. Ils se réjouissaient de ma première visite parmi eux. Dorénavant je connaissais la route et je pouvais les retrouver souvent, mais seulement pour un bref moment. Les Vénusiens m'entouraient de caresses, sans me toucher pourtant. Ils me caressaient mentalement. C'était fusionnel. Là-bas, j'avais des jambes, mais je ne marchais pas. J'avais des yeux, mais ils ne me servaient pas. J'avais une bouche, mais je n'en usais pas. J'avais le même physique qu'en bas mais dans un univers où la gravité n'existe pas. Les cinq sens n'avaient plus court. Mon esprit était capable de tout. Non, ça c'était la nuit précédente. Je crois plutôt que j'étais au théâtre la nuit dernière. C'est ça. Il y avait moi, et puis l'autre.

Maintenant les idées se font plus claires dans la tête de Marie. Elle a tout oublié de sa virée nocturne, ou presque. Son corps réagit enfin à ses commandes. C'est l'heure. Déjà ! Esclaves du temps, voilà ce que sont devenus les hommes.

Des robots. 

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