De l'air

Anne Claire Boshâ

Composé sur une photographie de Louvedanslesétoiles

Tu vois, maintenant que nous sommes nus, le désir peut s'arrêter… Dans un silence dansé, tu peux promener tes yeux sur mon corps… Et mes doigts saisissent l'absence de tes doigts, dans ton regard… Tes yeux seulement me touchent… Tu es trop présent… J'essaie d'oublier ta présence… Je m'agace de ta peau, de ton corps empêtré dans sa puissance, entravé de ce désir… Laisse-moi, deviens un souffle, de l'air… Je veux de l'air…  J'en ai marre de sentir ton odeur, oui ton regard dégage une odeur, oppressante… Sors de mon cadre, éloigne toi… Deviens de la musique, disparais dans les notes, disparais, laisse-moi… Je me tords de cette oppression de ta présence…  J'ai besoin d'espace… de grand vent, de vallées immenses… Non je ne suis pas belle, non, je ne suis pas une vallée, je ne suis pas ton paysage… Défais toi, déshabille-toi de mon corps… Ta peau ne veut pas partir ? Tes yeux ne peuvent pas se détacher ? Attention, je vais me lever, te frapper, te faire quitter cette pièce… Je ne veux pas être désirée par toi… Ton élégance est un leurre, une supercherie, laisse-moi… Ma beauté n'existe que dans tes yeux… Laisse mon corps être, juste lui, sans désir, sans braquage oculaire… Ma chair est ma chair, oui exactement, je le revendique… Oui, tu ne sais pas être doux, deviens de l'air, disparais… Si tu ne sais pas accueillir ma douceur, si tu refuses d'être une plume, pars… Maintenant, je désire uniquement l'air chaud comme un vent d'été, juste comprendre ma douceur à moi seule…  Ne me désire pas s'il te plaît… Saisis simplement mes épaules, dans un geste si délicat, comme si tu détachais un pétale d'une rose sans faire frémir les autres pétales… Presse un peu, oui, tes lèvres sur ma nuque, juste un peu, oui, comme ça… Je suis une fleur, tu sais, fragile, une fleur, juste comme ça, oui…

 

Anne Claire Boshâ, le 19 avril 2020

 

 


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