De rire, on peut mourir (fin)
Jean Claude Blanc
De rire, on peut mourir…
A trop croquer, railler, Charlie s'est attiré
Tous les courroux du ciel, où siègent les âmes pures
Pays des droits de l'Homme, candide, je le croyais
Funeste 7 janvier, massacre organisé
Les fondamentalistes, nous tapent sur la figure
Faut dire qu'ils n'aiment pas, qu'on les caricature
Journal satirique, dont je suis bon public
Car ne prend pas de gants, pour rire de nos pratiques
Tout ce que le monde comporte, de dévots atypiques
De cette religion, chapelle interdite
Ne faut pas y toucher, qui s'y frotte s'y pique
Liberté de blâmer, honore les chansonniers
Pas toujours bonne à dire, chez les fans du prophète
En témoigne, cette journée, sur le carreau 12 mecs
S'est déguisé, Bon Dieu, en vengeur masqué
Journalistes, flics, faux témoins, sous les balles sont tombés
De djihadistes camés, au thé de Mahomet
Affolement général, branle-bas de combat
N'ayant rien sous la dent, s'y jettent les médias
Mortelle l'ironie, cet art fait des dégâts
On nous repasse en boucles, le spectacle rouge sang
La capitale en deuil, la France, enterrement
Témoignages consternants, et des vibrants hommages
Alors qu'on se lamente, s'inflitrent les sauvages
On devrait s'en soucier, prévoient d'autres carnages
Nos braves commentateurs, pour ne pas nous faire peur
S'en prennent aux foldingues, innocentes âmes sottes
Mais pas aux intégristes, pas très nombreux d'ailleurs…
Car on ne sait jamais, pourraient sortir leur colt
Bien trop fouineuse, la presse, il faut la museler
En faire du charpie, et bruler ses pamphlets
C'est la loi des imams, qui au soleil couchant
Nous prêchent à l'envie, ce que Allah est grand
Le plus fort dans tout ça, partis vont s'empresser
De défendre la cause, des canards déchainés
Les mêmes, qu'il y a peu, les ont bien brocardés
Tellement, amnésiques, censure est oubliée
Qui est derrière tout ça, il faut surtout se taire
Mais le français moyen, n'est plus vraiment naïf
L'Islam radical, nourrit des mercenaires
Avide d'en découdre, avec les humanistes
S'inversent les données, au profit des sectaires
L'Orient senteur d'encens, renifle un peu la poudre
Une odeur bienfaitrice, pour qui veut en découdre
Terreau pour des tueurs, pas même pour l'honneur
C'est la peur sur la ville, d'un seul clic, on meurt
Cabu, Charb, Wolinski, tombés pour leur génie
Houellebecq, Zemmour, en vie, vont se faire tout petits
Ne plus faire les gros titres, moqueurs incorrigibles
Des kamikazes furieux, veulent pas être la cible
La Nation attaquée, par cet acte de guerre
De jouer les victimes, la société française
Encourage les violents, la haine qui prospère
Psychose générale, c'est sûr, y'a un malaise
Ligues et associations, s'éveillent, mais un peu tard
Brandissent les droits de l'homme, avec force étendard
Vont nous refaire le coup, « les valeurs foutent le camp »
Al-Qaïda, quant à lui, se montre moins vantard
Avance ses atouts, même qu'il a tout son temps
A cet hommage posthume, minute de silence
Bien sûr m'y associe, mais pense aux conséquences
Ce sursaut national, sera qu'un feu de paille
Comme tumeur maligne, nous gagne la canaille
On a trop condamné, de racisme les français
Accablés de conscience, de culpabilité
La discrimination, on nous l'a retournée
On est des infidèles, de prêcher pour la paix
On a rien vu venir, pourtant clair leur message
Tout est organisé, pour réduire à néant
Les bandes de mécréants, qui dessinent les mirages
Des versets sataniques, mais en plus amusant
Laïque sans condition, vertueuse Constitution
Pour d'autres, soumission, à leur religion
Faut pas faire l'amalgame, entre tueurs et musulmans
Comme on ne le fait plus entre nazis et allemands
Le délit de faciès, contrôle d'identité
Autant d'insultes servies, aux gardiens de la paix
Le danger imminent, on va leur demander
De nous en épargner, on est un peu gonflés
On applaudit les flics, quand ils viennent nous sauver
Ce soir la France pleure, ses artistes dégagés
Leurs dessins n'ont pas plu, fallait les raturer
Pour quelques allusions drôles, on les a zigouillés
Car les églises partiales, n'aiment pas plaisanter
On peut rire de tout, mais on peut en crever
N'est pas Charb qui veut, lui, prévoyait le pire
Se savait condamné, à mourir de rire
Je crains qu'à l'avenir, s'impose l'arbitraire
Se pointe à pas feutrés, fanatisme doctrinaire
D'un môme de banlieue, on fait un missionnaire
Suffit de lui faire croire, que la France est pourrie
Pour qu'il prenne les armes, et chasse ses impies
A force battre sa coulpe, de dire toujours Amen
Nous gagne la terreur, l'obscurantiste haine
Dessine-moi un imam, ne suis pas un mouton
Risquant d'être égorgé, tremblote mon crayon
Chers musulmans de France, partageant nos souffrances
C'est à vous de faire preuve, de pieux discernement
Car nous, de notre côté, on va faire diligence
Faire mordre la poussière, aux armés jusqu'aux dents
S'installe dans le pays, un climat délétère
Vendetta ou fatwa, c'est du pareil au même
Suspects, déjà coupables, la gueule de travers
Se régale le Charlie, et c'est pour ça, qu'on l'aime
Dimanche est prévue, une marche silencieuse
Comme on va à confesse, défilent les pleureuses
Moi, j'en ne serai pas, prierai en solitaire
Pour notre humanité, qui s'agite pour pas cher
Deux jours après ce drame, paradent les politiques
A ce rassemblement, tout le monde veut en être
Là-haut sur leur nuage, nos amis satyriques
Doivent se bidonner, de nos coutumes abstraites
On ne m'y verra pas, les places sont réservées
A ceux qui font bon genre, dans le style plaidoyer
Le parti au pouvoir, sert de monsieur loyal
N'invite qu'estampillés, vertueux républicains
Rusés sont leurs desseins, Hollande et ses copains ?
Car tous sont élus, pour le bien ou le mal
N'a pas fallu longtemps, pour que l'Etat s'enrage
De cette tragédie, en tire quelque avantage
Le deuil tourne à la quête, conquête du pouvoir
Manquent pas une occasion, ministres, pour se faire voir
Ils sont morts d'en rire, de ce système magouille
A la famille Charlie, à ceux qu'ont survécu
S'il vous plait, continuez à faire les arsouilles
La vie n'a pas de prix, chèrement l'avez perdue
Un nouveau 11 septembre, c'est pas tout à fait vrai
L'Amérique, ses églises, elle les flique de près
Ne fait pas de détail, tout musulman armé
Passe à la moulinette, d'avance repéré
Notre pays de lumières, c'est tout à son honneur
Distingue bons et mauvais, pour ne pas se tromper
Djihadistes, fous à lier, complices pour l'horreur
A condition, quand même, les responsables, châtier
L'occident, jusque-là, protégé, épargné
Des martyrs religieux, d'au-delà les frontières
Aux jeunes désorientés, on leur a enseigné
Qu'en mourant pour Allah, vont rejoindre 100 mégères
Depuis longtemps s'affrontent, les civilisations
Chacune en traduit, ses sacrées citations
Du Coran, à la Bible, seule la morale est sauve
Ça se termine, hélas, à coups de kalachnikovs
On se rassure de mots « c'est un acte isolé »
Se multiplient les pains, mais ceux de dynamite
Et petit à petit, les points noirs assemblés
Nous rayent de la carte ou bien nous convertissent
Circulent comme des fantômes, les spectres des terroristes
La mort porte pas de voile, se balade en touriste
Se gêne pas non plus, à scander les vertus
La solidarité, pour l'orient des barbus
Elle ne tient qu'à un fil, notre faible patrie
Ne faisant pas le poids, avec ces scélérats
Cette mise à l'épreuve, j'espère, nous apprendra
Faut plus raison garder, condamner l'infamie
Ils savent où nous toucher, c'est là où le bât blesse
Police, justice bafouées, les artistes, ils agressent
République laïque, ses règles, ils transgressent
A ces faux paroissiens, on doit botter les fesses
Faut réagir à froid, même si on a le trac
Car n'attendent que ça, extrêmes fachos réacs
De faire un coup d'Etat, mais à coups de matraque
Sur les boucs émissaires, arabes, juifs, démocrates
Apolitique, le suis, areligieux aussi
De la race libertaire, anarchiste sans fusil
Mon arme, c'est ma plume, aussi, je me méfie
Que pour une faute de frappe, on plombe mes écrits
Xénophobie, racisme, n'ai encore rien compris
Pourquoi les Hommes se tuent, pour un bout de Paradis
Défenseurs de tous poils, inspirent les humoristes
L'existence après tout, n'est qu'un simple jeu de piste
Politique, religions, depuis 1905
Divorcées à l'amiable, pour fabuleux destin…
Hélas, nos convives, qui sont venus d'ailleurs
Goûtent pas à notre civet, suc de laïcité
Le Très Haut, fait la loi, avec foi et rigueur
Tandis que la Nation, est partie en bordée
Comment guérir ce mal, qui touche à nos idées
Qui gangrène nos gosses, les rendant obsédés
Même que l'avenir des femmes est compromis
Sur elles on met un voile, pour les perdre dans la nuit
Demain, rassemblement, des naïfs innocents
Silence et mouchoir, citoyens repentants
Ça leur fait une belle jambe, à ces foutus croisés
Même qu'ils en rigolent, de nous voir pleurnicher
Ils seront des milliers dans les villes de France
Pour démontrer la force, de la démocratie
Formule entendue, qui vaut pas un radis
Comme « droit dans ses bottes », on mystifie l'alliance
La France reste debout, expression passe partout
Certes, voudrais y croire, pour me monter le cou
Mais des paroles aux actes, il y a un désert
A tout prendre, je préfère, la paix dans ma chaumière
Je garderai en moi, comme une vraie blessure
Mes regrets pour les miens, diseurs bonne aventure
L'humanité se perd, en folles déchirures
N'acceptant plus le rire, qui leur fait injure
C'est notre Charlie-hebdo, qu'on tue une fois encore
Que d'en faire une manif, on prend notre part de tort
Moi, mon recueillement, me le garde pour moi
Rajoutant aux victimes, Faizant et Cavanna
La France honore ses vins, surtout Saint-Emilion
Car notre seule richesse, c'est abreuver les gens
De dire ce qu'on pense, autour d'un gueuleton
C'est notre seule religion, de français bons vivants
Merci à vous Amis, pour vos flibusteries
Moi-même destiné, à blâmer les bigots
Politiques, anonymes, églises, crèmeries
Veux pas vous encenser, n'êtes pas des héros
Mais sacrés visionnaires, témoins de notre vie
Pour quelques dessins proscrits, on vous a fait la peau JC Blanc janvier 2015 (pour Charlie)