De si loin
Christian Boscus
Le vent emporte tout. Dans le petit matin
Les feuilles du figuier ont roulé sur le thym
Le rossignol est là, sur l’arbre déplumé.
La transparence arrive aux heures embrumées.
Le vent ramène tout. Dans la chaleur du soir
Le rire des enfants courent vers les balançoires
Les feuilles du figuier font un manteau de fête
L’élégance des heures éclaire nos défaites.
Tous ceux qu’on a aimés sont venus de si loin
Du néant, d’un désir, au hasard d’un miracle
D’un Tout, d’un Dieu, traversant les obstacles…
Ceux dont les bras tombaient, ceux qui levaient le poing
Ils sont venus vers nous de l’infini du temps
Et ils sont repartis dans l’hiver d’un printemps.
Où sont-ils maintenant ? Ils sont ici, partout
Dans le figuier dansant, dans l’oiseau qui s’ébroue
Dans le parfum du thym, dans l’herbe verdoyante
Dans les yeux de l’enfant aux pensées clairvoyantes
Sur un rayon de vie passant sur l’ombre douce
Sur la vague en furie, sur un tapis de mousse…
Tous ceux qu’on a aimés sont venus de si loin
Pour habiter le vent et, de nous, prendre soin
Nous dire qu’il vaut d’aimer tout ce qui nous entoure…
Que faire d’autre ? Aimer, donner tout cet amour
Que ceux qu’on a aimés ont donné en retour !