DE TOUT L’AMOUR D’UNE DAMNÉE

suemai

Je brise le grand miroir. Je t'y retrouverai, dans l'envers d'un endroit... de toi.

Trois jours déjà, combien d'éternités en millisecondes  --  il n'y a jamais de dernier mail, tout comme de dernier arrivée !

Amour... personne ne connait le désespoir puisque je le détiens prisonnier et qu'il ne ressemble qu'au désespoir. Le printemps en novembre, l'avril d'été. Il demeure insondable comme si un moustique touchait de son aile ma pensée et partait au loin, ne sachant pas où aller. Je me retrouve dans un non-lieu, un endroit qu'un faux Dieu créa pour moi, car je suis seule. Je suis horriblement seule. Si pâle de toi. De la lune banche, je glisse vers une Lilith enflammée, qui me réclame trop… de tout. Je ne puis lui offrir ce dont elle sollicite… Elle ne connait rien aux racines de la douleur, ce simple mot si excessif aux oreilles de celles qui n'aiment pas. Une éternité, je vis une éternité, je t'attendais. Nul ne peut savoir autant de tourments sinon le tourment lui-même. Je sais, mes paroles sont infectes, celles d'une damnée. Je donnerais tout que pour sentir ton souffle embellir visage, là où je n'ai pus sentir que le vent de tes silences, me lécher d'amour, me caresser et mourir à chaque instant.

On ne peut demander au ruisseau de rejeter de sa rivière. La vie n'est que si peu, mais l'amour est si grand et surtout celui du désespoir. Je sais, j'y habite depuis toujours. Je marche sur ces plages ensablées et chacun de ces grains de sable me rappellent une pléiade de cette peau, de ces pépites de ces infimes détails, ceux que je n'aurai jamais connus…. Toucher ton dos, tes fesses, ton sexe, voilà mon purgatoire. Il m'y semble goûter le fruit de tes lèvres. D'autant celles de cette couche rosée, que de celles cachées à tous, de mon désir effréné. Est-ce une inconvenance que de désirer ne serait-ce que le pépin de la pomme de la femme aimée…? Est-ce parce que l'amour entre femmes ne peut être idyllique, comme le furent celles de tant de grandes passions…?

J'offre mon âme au diable pour te retrouver et assouvir notre désir. Je meurs à la vie avec un si intense plaisir. Ce moment où tu touches ma main pour la première fois. Ce temps n'était fait que de mots, mais s'inscrivait déjà de tant de soifs de nous, tant de plénitude, dans ces champs de marguerites où je te rêvais solitaire et insouciante.

Un baume à la vanille me rendait déjà folle de toi. Je suivais tes odeurs au gré d'un vent inexistant. Rappelle-toi ce premier baiser volé à cette pluie. Une volée d'anges nous consacrait reine et reine d'un château imaginaire, mais si réel, le si simple château des amoureuses. Celui qui se noie dans mon cœur que bénit un tout petit dieu, témoin de tant d'inutiles souffrances.

J'écris encore et encore pour toi. Si le temps m'est clément, je mourrai deux fois. Je redeviendrai fille du démon condamnée à passer mon éternité à être ce que je suis. Voilà la sanction, voilà ma punition.

Je ne sais plus quelle histoire imaginer pour te retoucher, te retrouver dans notre chant accablé, notre requiem. Nous aurons presque touché un nirvana et il se sera enfui… je chérie ces grands moments que je te dois, que tu m'as accordés; ce moment-métèque, qui dansera dans ta vie pour toujours. Je serai ta muse silencieuse, le regard furtif, l'âme d'un nous deux.

Est-ce que j'existe sans toi ? À ça, je ne peux répondre. Je crois que mon âme en garde jalousement le secret. Le Mistral ne cesse de souffler. Il nous aura détruites. Curieusement sans malice, il demeure toujours notre complice.

Un jour, sur quelques terres inhabitées, il nous déposera, avec délicatesse, dans les jardins d'un palais inconnu. Je t'y attendrai, amour ! Je t'y attendrai.

Alors, moi, l'égarée, je te donnerai ma vie. Je t'embrasse du tréfonds de ton cœur, le seul endroit que je suis la seule à protéger.

À ce vide éternel... que je me fonde en toi, ne devenant qu'un minuscule atome d'une partie de ton corps, celle que tu auras choisie.

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