Dead kiss

vieufou

Jo plonge ses lèvres desséchées vers le cou offert de sa compagne. Tandis qu'il goûte les délices de sa chair, elle entreprend de mastiquer l'oreille de son amant, maintenant à portée de ses dents pourries qui luisent dans la clarté du lampadaire, découvertes par son absence de lèvres. Puis, d'un geste vif de la tête, elle sépare le magma sanglant du reste du visage et déglutit. L'organe méconnaissable ressort par l'orifice béant ouvert en travers de son cou, luisant et informe, et reste en équilibre sur le bord de la plaie luisante, curieux bijou sanguinolent. De son suçon carnassier, Jo ramène un gros bout de chair putréfiée, qu'il mâche et avale bruyamment avant de déchirer lentement, presque tendrement, du bout des dents, la joue de sa partenaire, dénudant le reste de sa mâchoire. Preste, cette dernière happe l'appendice buccal tendu devant elle, tire et arrache. Jo, insensible à la perte soudaine de sa langue, croque le nez offert, dont chair et cartilage se détachent du visage dans un chuintement sensuel, emportant encore un morceau de joue. Leurs mains se frôlent en leur intimité. De ses doigts secs, chacun fouaille tendrement les entrailles de son amant, de son aimée, qui se déversent sur le plancher en un flot gluant. Enfin, ils tiennent dans leurs mains poisseuses le cœur de leur amour qui depuis longtemps ne palpite plus, que pour eux seuls. Le vrai festin peut commencer. Leurs yeux éteints ne se quittent pas, ne se quitteront plus jamais.

Ils s'aiment.

Signaler ce texte