Décembre
arnaud-luphenz
Décembre est un mois blanc. Un mois qui a perdu son rire. Il se traîne misérablement en lambeaux de jours, insaisissable. Les feuilles de ses infants ont la couleur de la cendre et ils se déchirent un manteau de poussière... là où les aînés ont rejoint la terre léchée par les éclairs et les flammes. Les bouches en sable se ferment déjà pour mieux se plaire. Les figures sont grises comme un soir. Il se fait marre.
Décembre est une ère inspirée par sa suffisance insidieuse et par des heurts démissionnaires. Ses fragments hachés se répandent et s'oublient dans un clair obscur d'obsidienne. Père de l'hiver sans futur, insatiable caricature de romantisme noir, certains ont le goût de s'y perdre avec délice. Il n'offre pourtant que ses crocs sans neige et sa bise glaciale. L'ombre a grandi depuis novembre. Il se fait tard.
Décembre ne tarit pas d'éloges sur l'atmosphère crépusculaire. Il dévore les lueurs en devenir ou les vend au plus volontaire des aveugles. Faire semblant de ne pas y voir est dans son sillon naturel. Les souvenirs monochromes dansent sur la tombe écroulée de l'année. Les pires réminiscences sont à portée... de tir. Il se fait sourd...
De décembre en décombres, je ne t'ai pas vu passer, excuse- moi... Mais le voile de janvier se lève déjà. Il est temps de se rendre. L'évidence répond à l'incidence, comme toujours.