Découvrir des trésors

aile68

Maman et Anna sont allées rendre le jean, moi je me suis avancée en maths. Christine est une fille super sympa finalement, bon, elle m'a fait payer pour son aide comme prévu mais je sens qu'on pourrait devenir copines. Elle explique super bien, elle devrait être prof de maths plus tard! C'est quand même dommage qu'Anna ait dû rendre son pantalon. Tiens! Je l'entends arriver avec Maman, j'entends des bruits de sacs aussi. Curieuse comme tout, je sors de ma chambre, là je les vois en train de rire comme des copines, c'est la première fois que je les vois comme ça, je sens mon coeur se briser. Chagrin ou jalousie, peut-être les deux, j'ai l'impression d'être mise à l'écart. Anna me regarde de son air important, je ne peux m'empêcher de fixer son sac. Le sac en question vient de la boutique de jean. Qu'est-ce qu'elles ont fabriqué?

"Tiens! Toi tu veux voir ce que je me suis achetée. Tu en brûles d'envie. Regarde!

Et elle sort une magnifique veste de cow-boy en coton beige. 

-Elle me plaît trop! Et regarde les boutons. Signés Levi's.

- Et moi, vous m'avez  rien acheté?

- Ah! Ecoute, fallait venir avec nous! dit ma mère

- Mais, tu sais bien que j'ai révisé mes maths! C'est complètement injuste! Et puis Papa n'aimera pas cette veste je dis pour me venger.

- Erreur, ma pauvre Charlotte, il aime beaucoup" claironne Anna que j'ai soudain envie de gifler.

Comme je ne peux plus rien entendre, je cours dans ma chambre en claquant la porte. Elles sont trop vaches toutes les deux! Je sacrifie une après-midi pour travailler, et elles me traitent comme si je ne valais rien, je compte pour du beurre dans cette maison! Je m'en irai un jour. Et pas plus tôt que demain. Je ne retournerai pas en cours, je veux être libre, libre et vivre ma vie.

Quelqu'un frappe à ma porte. C'est ma mère. Elle se permet d'ouvrir, c'est un comble ça!

"Allez, arrête de bouder, on t'a fait une farce Anna et moi, c'était pour rire. Allez, fait pas la tête.

Moi bien sûr, je fais ma forte tête.

- Regarde ce qu'on t'a acheté.

(Je suis tentée de regarder d'un oeil mais je leur en veux encore).

- Regarde, c'est ta taille. Je sais que ça te plaira. Tu ne veux pas regarder? me dit-elle d'une voix douce qui me fait fléchir.

Je me retourne: c'est un magnifique pull irlandais! Elle ne pouvait pas me faire plus plaisir! Euh cela dit, les cadeaux que j'ai eus à Noël m'ont plus bien sûr...

- Oh! Merci Maman, c'est trop chouette. Il est trop beau!

- Alors microbe! Tout est bien qui finit bien?

- Toi alors! Me faire croire que Papa aime ta veste.

- Euh en fait! On t'a pas dit... Papa nous a rejoint au magasin entre midi et deux.

- C'est vrai, il a aimé?

- On lui a un peu forcé la main. Tu sais ce qu'il a dit?

- Non?

- Il regardait des jeans et puis il a dit: Heureusement que tu ne voulais pas un jean!

- Non c'est vrai? Il a dit ça? S'il avait su!

- Alors, tu vois microbe, interdit d'en parler. Motus et bouche cousue!

Ma mère intervient:

- Charlotte n'est pas un microbe. Vous êtes mes jolies petites filles!

Moi et ma soeur on dit en s'écriant:

- Oh non Maman, on est des grandes maintenant!

- Je sais, les filles! Charlotte, essaie ton pull pour voir.

Je ne peux m'empêcher de me retourner pour me déshabiller. En mettant le fameux pull, je ressens comme une chaude caresse en moi. Et puis c'est si doux!

- Il est parfait! je dis à ma mère et Anna.

- Mais oui, il te va bien, dis donc! Ce sera bien pour les promenades à la campagne.

- Oh Maman, je pourrai le mettre pour le lycée?

- On verra! Allez, il est temps de tout ranger maintenant.

Qu'est-ce que vous direz d'un chocolat chaud ensuite?

- J'en ai bu un chez Christine, y avait des biscuits de Noël aussi!

- Tu as bien travaillé chez ta copine? demande Maman.

- J'ai jamais aussi bien compris des exercices de maths! Mais qu'est-ce qu'elle est cher!

- Comment ça?

Zut! La gaffe. Ma mère a l'air furieux. Moi je dois être toute rouge, mon pull me tient trop chaud.

- Euh non,non, c'est pas ce que je voulais dire!

- Qu'est-ce que tu as voulu dire demande ma mère, à présent menaçante.

Je regarde ma soeur, elle a l'air catastrophé, elle dit:

- Non, elle a voulu dire qu'est-ce qu'elle m'est chère, pour dire qu'elle l'aime bien!

- Nous réglerons ça avec ton père!"

Je n'ose pas regarder ma mère mais elle est furieuse. Anna a été trop chic de vouloir m'aider. C'est ça la famille. Un oeil rit, un oeil pleure, on ne sait pas toujours sur quel pied danser. Je vous ai raconté ses joies, ses drames, je ne sais pas comment c'est chez Nelly et Christine, quelque chose me dit que c'est pareil. Je n'ai que douze ans mais un jour je serai libre, libre.


  • Ce jean, quel problème, en effet ! Et à douze ans, on pense déjà pouvoir s'affranchir de tout. L'adolescence gronde...

    · Il y a presque 4 ans ·
    Coquelicots

    Sy Lou

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