Défibrillateur

chevalier-neon

-Je suis désolé. Je ne peux pas rester avec toi plus longtemps.

-Il paraît que le professeur…
-Les gars ! Vous y croyez, ça ?! Il paraît que le prof de maths sortait avec Terukichi.
-Oui, oui, ce n'est pas qu'une rumeur.
-Mais, ce n'est pas interdit ce genre de relations entre élève et professeur ?
-Bien sûr, ça l'est. C'est pour cette raison que Terukichi a mis un terme à leur relation.
-Tu veux dire que le prof s'est fait larguer ?
-Parlez moins fort, bon sang.
-Si le prof nous entendait, il nous ferait venir dans son bureau.
-Non, ne dis pas ce genre de choses.
-Et Terukichi, vous croyez qu'il y est venu souvent dans son bureau ?
-Qu'est-ce que tu insinues, toi ?
-Ce sont des dégueulasses.
-Ah, je ne veux même pas imaginer.


"Non.
Ne dites pas ça.
Vous ne savez rien. Vous ne le connaissez pas, pas vrai.
Ne parlez pas de lui en terme de "dégueulasse".
Yuki n'a jamais rien fait."


-Les gars, il y a Terukichi qui pleure.
-Terukichi ?
-Mince, je crois qu'il a entendu ce que nous disions…
-Terukichi, ce n'était pas toi que l'on blâmait. Ne t'inquiète pas. Mais, ce prof, il t'a forcé, non ?


-Attends.
-Ne me touche pas !
-Explique-moi au moins pourquoi ?
-Pourquoi ?
-Oui. Je te laisserai partir. Mais dis-moi au moins pourquoi est-ce que tu me quittes, si soudainement. C'était toi qui l'avais voulu, non ? Toi qui as su m'attendrir et me persuader d'entretenir cette relation avec toi à l'abri des regards. C'est après avoir pris tous ces risques que tu m'abandonnes ?
-J'ai une bonne raison pour cela.
-Laquelle ?
-Je ne t'aime plus, Yuki. À quelle raison t'attendais-tu ?
-Je suppose que je ne peux rien y faire, hein…
-Il y a une autre raison, aussi.
-Une autre raison ?
-Tu as… douze ans de plus que moi. Trop vieux, Yuki, pour un garçon de mon âge, tu es bien trop vieux.

"Je suppose qu'il le savait depuis le début.
Qu'il était trop vieux.
C'est d'ailleurs parce qu'il le savait pertinemment
qu'il ne voulait pas sortir avec moi et faisait fi de ses propres sentiments.
Puisqu'il le savait, pourtant,
pourquoi est-ce que j'ai dû le lui répéter ?"


Je ne veux plus le voir.
C'est tout ce à quoi j'arrive à penser.

-La règle d'or, lorsque l'on tombe amoureux, c'est de ne pas rester avec cette même personne toute sa vie. Du moins, pour moi, c'est ce qu'il y a de mieux à faire.
-Les gars, il y a Terukichi qui parle tout seul.
-Je ne parle pas tout seul, je parle à… Eh bien, où est-ce qu'il est ?
-Si tu sortais un peu de tes nuages, tu aurais remarqué que ton meilleur ami est parti à l'infirmerie.
-Ah, bon… J'étais perdu dans mes pensées, alors…
-Tu ne vas pas le voir ?
-Non.
-Je n'y crois pas, tu devrais t'inquiéter pour ton meilleur ami, non ? Et dis, Terukichi, tu étais si indifférent avec Yuki ?


"Des fois, je me pose cette même question.
Mais c'est toujours la même issue, au final.
À chaque fois que je me la pose, j'en viens à me dire que
si j'avais été réellement indifférent,
je n'aurais pas quitté Yuki."


-Ah, Kai, tu es enfin sorti de l'infirmerie.
-Oui, je vais mieux, juste une petite nausée… Où est Terukichi ?
-Figure-toi que ton ami indigne vient de rentrer chez lui.
-Chez lui ? Sans me prévenir ?
-Ben, il ne pouvait pas vraiment.
-Qu'est-ce que tu veux dire ?
-Il a fait un malaise.
-Quoi ?
-Mais, oui. Pendant le cours de sciences. Il s'est brusquement mis à pleurer et lorsqu'il a voulu se lever, il est tombé par terre. Inconscient. Et avant que les secours n'arrivent, lui, il s'était déjà réveillé et éclipsé sans demander son reste.


-Terukichi, dis-moi ce qui ne va pas.
-Ce n'est rien, Maman.
-Mais, tu devrais me le dire. Je m'inquiète, moi. Il paraît que tu t'es enfui de l’école alors que l'ambulance était en route pour venir te chercher.
-Je ne voulais pas aller à l'hôpital. C'était inutile.
-Qu'est-ce qu'il y a eu ?
-Je te dis que ce n'est rien.
-Mais…
-Maman.
-Oui ?
-Je voudrais changer de lycée.


"Ce que je ne veux pas admettre est pourtant la réalité.
Si je continue à voir Yuki, je vais juste souffrir.
Je ne veux pas être confronté à ma culpabilité.
Si je pars, tout ira mieux pour lui.
Les rumeurs finiront par disparaître.
Sa carrière n'en pâtira pas."

-Lâche-moi, Kai.
-C'est vrai que tu t'es évanoui pendant le cours de sciences ?
-C'est vrai, que veux-tu que je te dise ?
-Mais, pourquoi ? Ils m'ont dit que tu pleurais.
-Oui. Mais ne t'inquiète pas.
-C'est à cause de Yuki, c'est ça ?
-Que tout le monde cesse donc de faire porter la responsabilité à Yuki lorsque quelque chose ne va pas avec moi !
-Je suis désolé. Mais si tu l'as quitté, c'est qu'il t'a fait du mal, non ? Terukichi, tu sais à quel point je tiens à toi, et je ne te juge pas, mais un élève de seize ans qui sort avec un professeur de son âge…
-C'est parce qu'il est si vieux que je l'ai quitté ! Ça n'a rien à voir avec lui !


"Je me demande pourquoi.
Pourquoi est-ce que j'ai toujours fait ça,
alors que je sais
à quel point j'ai peur du futur."


-Si tu ne veux plus le voir, c'est parce qu'il te fait peur, pas vrai ?
-Yuki n'est pas quelqu'un dont on peut avoir peur ! Je suis le mieux placé pour le savoir.
-Je crois que tu ne m'as jamais regardé aussi méchamment que maintenant.
-Ce qu'on a fait…ça n'a rien d'immoral ! D'ailleurs, c'est moi qui l'ai voulu, et puis, il ne m'a pas touché, tu sais…
-Mais, Terukichi, c'est toujours pareil avec toi.
-Je le sais.
-Alors, pourquoi tu recommences ?
-Je suis comme ça, je ne peux rien y faire. J'aime les hommes plus vieux que moi. Ils me rassurent. Je me sens compris et aimé, comme un bébé blotti dans son cocon de tendresse et de sécurité.
-Si tu penses une telle chose, c'est que tu as dû tomber sur des hommes merveilleux… Hors du commun, quoi.
-Yuki était le meilleur d'entre tous.
-Ne parle pas de lui au passé, il n'est pas mort.
-Et alors ? Depuis le début, c'est tout comme, non ?
-Terukichi…
-Lâche-moi, maintenant.
-Je veux bien, si tu dis que tu aimes les hommes plus vieux. Mais, toutes ces années qui ont passé pour eux, c’est ça aussi qui te fait peur, non ?

"Je me disais, tu sais,
que ça n'avait pas d'importance qu'ils soient plus vieux.
Ça ne devait pas en avoir, puisque de toute façon
je les quittais tous bien assez tôt.
Mais, je n'ai réalisé que plus tard, si bêtement,
que si je les quittais bien assez tôt,
c'était parce que j'avais peur.
Est-il possible de vivre une histoire d'amour ainsi ?"


-Tu n'es pas venu en cours, aujourd'hui.
-Non. Il y avait sciences.
-Et alors ?
-En ce moment, c'est le chapitre sur le fonctionnement et les anomalies cardiaques.
-Oui.
-Eh bien… c'est pour ça que je me suis senti mal, l'autre jour. Moi, j'ai peur de ça.
-Et dis, Terukichi…
-Quoi, encore ?
-Je me demande à quoi est-ce que tu pensais, en mettant fin à ta relation avec Yuki.
-…Comme si tu ne le devinais pas.


"Je désirais que ça reste comme ça.
Qu'il soit toujours un peu comme un grand frère, voire même comme un père
tout en m'aimant à sa manière, comme un homme, même si je suis un très jeune homme.
Il est fait pour aimer.
Et ce talent exceptionnel, il l'a gâché en le consacrant à moi.
Même en sachant cela, qu'il ne faisait que le gâcher, je voulais que ça reste ainsi.
Mon amoureux grand frère.
Mais, à côté de ça, au fond de moi, je n'avais qu'un vœu…
Celui de rattraper ces douze années qu'il avait en plus.
Ou en réalité, plutôt que je ne vieillisse pour arriver à sa hauteur,
je voulais qu'il perde des années pour avoir ma jeunesse."

-Tu m'évites ? Attends… D'accord, je sais, tu n'as rien à me dire. Mais, passer devant moi comme ça en feignant de ne pas me voir comme si je n'existais pas, ce n'est pas un peu cruel ? Je veux dire, tu es bien le premier à avoir dit m'aimer, non ? Que tu ne m'aimes plus, je ne peux que le comprendre, et je m'y attendais depuis le début, compte tenu de ta jeunesse, mais…
-Ne me parle pas de jeunesse. Et le désamour n'a rien à voir avec elle.
-Regarde-moi, je t'en prie.
-Je ne veux pas. J'ai fait une overdose de ton visage.
-Dis-le moi, si j'ai fait quelque chose de mal. Je veux au moins comprendre même si cela n'amènera pas ton pardon.
-Tu n'as rien fait de mal. Je ne t'aime plus. Tu viens toi-même de dire que tu t'y attendais, non ? J'ai seize ans. À cet âge-là, l'on ne se case pas définitivement avec quelqu'un. Je ne peux pas croire que tu aies été aussi naïf. Quand on est jeune, on aime, on oublie, et l'on va vers quelqu'un d'autre. C'est aussi simple que cela. De toute façon, je vais quitter ce lycée. L'on ne se verra plus.
-Est-ce que c'est vraiment mon âge, qui te gêne ?
-Ce n'est que lui.
-Alors, puisque tu le connaissais depuis le début, pourquoi est-ce que tu as quand même tenu à ce que nous soyons ensemble ?


"À ce moment-là, je n'ai pas pu répondre.
Pourtant, je savais pourquoi.
Pourquoi est-ce que dès le début, tout en connaissant mes propres craintes,
je tenais quand même à rester auprès de lui.
C'est parce qu'à ce moment-là,
je n'avais pas été directement confronté à ma plus grande terreur.
Je pensais l'aimer assez pour la surmonter mais,
c'était l'inverse.
Je l'aimais trop pour seulement envisager une chose pareille.
Yuki, pour que je puisse t'aimer,
il eût fallu que tu n'aies pas de cœur."

-Madame, comme vous le savez, je vous ai convoquée au sujet de votre fils Terukichi…
-Oui.
-Comme vous l'avez sans doute remarqué, il se comporte de manière très étrange en ce moment. Il semble constamment sur la Lune et en même temps, il paraît toujours… nerveux et angoissé.
-Je vis cela en ce moment même avec lui aussi. Bien, je ne voudrais pas être trop simpliste mais, je suppose que c'est parce que l'anniversaire de mort de son père approche.
-…Son père ?
-Oui. Son père est décédé d'un arrêt cardiaque lorsqu'il avait huit ans. Chaque année, il se montre déprimé à cette période.
-Je suis infiniment désolé. Toutefois…vous devriez savoir, madame, qu'en ce moment des rumeurs circulent à propos de Terukichi…
-Je suis au courant, oui. Avec son professeur de mathématiques.
-Rien n'est sûr, évidemment, les fausses rumeurs ne sont pas ce qui manque. Toutefois, pour plus de sécurité nous sommes en train d'enquêter sur la véracité de ces rumeurs. Soyez certaine, madame, que si cela s'avérait, le professeur en question serait immédiatement renvoyé de notre école.

-Pourquoi est-ce que tu continues à me suivre ? Même dans la rue. Nous ne sommes pas très loin de l'école. Un élève pourrait nous surprendre. Et cela ne ferait qu'aggraver ton cas. Pardon, c'est moi qui t'ai mis dans ce pétrin. Tu risques de te faire renvoyer. Mais ne t'inquiète pas. Avant de quitter ce lycée, je mettrai les choses au clair. Même si je ne t'aime plus, je ne me permettrai pas de te laisser seul dans l'embarras.
-Terukichi, ce n'est pas ce que j'attends de toi.
-Je ne te permets pas d'attendre quoi que ce soit de moi.
-Alors, dis-moi ce que je dois faire ?
-Quoi ?
-Pour que tu m'aimes à nouveau, Terukichi. Les erreurs que j'ai commises, dis-moi comment les réparer.
-Tu es idiot ? Pour un adulte, je trouve que tu ne comprends rien ! Il n'y a pas d'erreurs à réparer car tu n'en as jamais commis ! Comment dois-je te faire comprendre que je ne t'aime plus ?! C'est la nature, je ne peux pas commander mes sentiments ! À présent, cesse de me suivre car je verrai cela comme du harcèlement. Dans ce cas, je n'aurai aucun scrupule à ce que tu sois renvoyé.
-Laisse-moi te dire une dernière chose, Terukichi.
-Meurs.

"Je n'ai pas réalisé, à cet instant-là,
quelle cruauté il y avait dans ce mot
et dans ma voix.
Mais, je suppose qu'il en est ainsi depuis le début.
Je ne fais que dire
et faire
ce dont j'ai le plus peur.
Je dois être masochiste, dans le fond.
Sinon, pourquoi est-ce que je lui aurais dit ça ?
Pire que tout, pourquoi est-ce je l'ai laissé faire
toutes ces fois où il m'a pris dans ses bras ?
Me trouver contre la poitrine d'un homme que j'aime,
c'est ce que je déteste plus que tout au monde."

-Tu ne quittes plus le lycée, Terukichi ?
-Cela ne sert à rien. Yuki a démissionné.
-Tu veux dire que tu partais…juste pour ne pas le voir ?
-J'avais une raison de partir loin de mon meilleur ami, sinon ?
-Pour dire vrai, je pensais que tu partais parce que tu ne pouvais plus supporter ces rumeurs…
-Je me moque d'elles. C'est la vérité. Et je l'assume. Toutefois, je ne permettrai pas que quiconque dise du mal de Yuki.
-Mais, Terukichi, à t'entendre, l'on dirait que tu l'aimes encore.
-Je n'en aurais pas le droit ?
-Mais, c'est toi qui as rompu avec lui, non ?
-Dis, Kai…
-Oui ?
-Je me dis qu'il faudrait que j'arrête… de tomber amoureux. Ne plus m'engager dans aucune histoire d'amour. Parce que, quoi qu'il arrive, je suis voué à faire la même chose.


"Il m'appelait "mon cœur". Je n'aimais pas ça. Je trouvais déjà qu'il y avait bien trop de danger avec le sien propre, pour qu'il en rajoute en faisant de moi son cœur."

-Dis, Terukichi, Yuki a dû démissionner. C'est à cause de toi, non ? Tu ne te sens pas coupable ?
-Laissez-le, à la fin.
-Bien. Il fait la catin avec un vieux et puis, il fait comme si rien ne s'était passé.
-Je n'ai pas fait la catin !
-Non, c'est sûr. Les catins se font payer. Toi, je suis sûr que tu n'as même pas assez de fierté pour ça. Il a profité de toi gratuitement, pas vrai ?
-Arrêtez ! La relation que nous entretenions n'était pas comme ça !
-Tu es bête, ou quoi ? Parce que tu crois qu'il pouvait être amoureux d'un gamin comme toi ?
-Yuki ne m'a jamais touché.
-C'est la preuve qu'il ne t'aimait pas. Et qu'il sortait avec toi juste pour passer le temps.

"Non. Ce n'est pas vrai. Mais personne ne peut le savoir, ce à quoi pensait Yuki. Lui, il le disait… il répétait sans cesse : je ne veux pas. Je suis prêt à attendre des années que tu aies l'âge légal. Terukichi, ne te fais pas de souci pour ça. C'est parce que je t'aime que t'avoir près de moi me suffit, non ?"


-Je croyais que tu ne voulais plus me voir.
-C'est le cas.
-Alors, pourquoi est-ce que tu te rends chez moi ?
-J'avais quelque chose à te rendre.
-Quelque chose ?
-Tiens.
-…Qu'est-ce que c'est que ça ?
-Tu es bête, ou quoi ? Ce sont toutes les photos que nous avons prises ensemble. Je ne peux pas les garder chez moi. J'ai réussi à persuader ma mère que les rumeurs au lycée étaient fausses… ce serait terrible qu'elle tombe sur ces photos. Alors, je te les rends.
-Tu te moques de moi ?
-Quoi ?
-On ne te voit plus. Sur toutes les photos, tu as noirci ton visage.
-Bien, oui. Je me suis dit que si tu gardais malgré tout les photos, il ne valait pas mieux que tu me voies dessus.
-Je n'en veux pas. Ça n'a aucune valeur, si tu n'y es pas.
-Pourquoi ?
-Parce que c'est comme si ce qu'il s'était passé entre nous n'avait jamais existé. Je ne veux pas des photos de moments irréels.
-C'est pourtant comme cela que tu dois fonctionner à présent. Faire comme si tout cela était faux.
-C'est comme ça que tu penses, toi ?
-Mais, oui. Je n'accorde pas d'importance à ce qui n'est plus.


"C'est la vérité, tu sais. Je suis incapable de faire ça. De survivre les souvenirs d'antan, des choses et des êtres qui ne reviendront jamais. Pour moi, ce que je perds, ça n'a jamais existé. C'est comme lorsque l'on oublie tout d'un rêve à son réveil. C'est comme lorsque l'on oublie les gens que l'on aime lorsqu'ils sont décédés. Moi, je fonctionne comme cela depuis toujours.
Parce que je déteste les belles choses qui se présentent à moi sous la forme de souvenirs,
je préfère ne pas m'en souvenir du tout.
En ne me souvenant pas de toi, Yuki,

je n'en viendrai pas à te détester."

-Désolé. Mais moi, je ne peux pas.
-Quoi ?
-T'oublier. Contrairement à toi, je ne peux pas tirer si facilement un trait sur le passé. J'ignore ce qu'il en est pour toi, mais moi, je t'aime sincèrement.
-Je ne mentais pas lorsque je disais être amoureux de toi. Pourtant, cela ne m'empêche pas de mettre fin à tout cela. Alors, si je le peux, tu le peux aussi. Tu es adulte, oui ou non ?
-Ne mets pas l'amour sur le compte de l'âge.
-Si, Yuki. L'amour, tout comme le reste, n'est qu'une question de temps.
-De temps ?
-Le temps régit tout.
-Tu dis cela parce que, le temps passant, tu as senti ton amour pour moi s'affadir pour totalement disparaître ? C'est ce que tu entends par-là ?
-Oui. Parce que le temps passe, moi, j'ai cessé de t'aimer.
-Et ça te convient ?
-Pardon ?
-Le temps continuera toujours à s'égrener. Il n'y a pas si longtemps, pourtant, tu m'avouais désirer pouvoir passer ta vie avec la même personne. Mais, si tu penses de cette manière, tu n'arriveras jamais à aimer la même personne toute ta vie. Ce n'est pas un choix que je réprouve, ce n'est pas immoral, mais il me semblait pourtant que cette idée t'attristait. Si le temps qui passe toujours te mène à cesser d'aimer, alors ton rêve de vivre toujours avec la même personne ne pourra se réaliser. Ça te convient ?

"J'étais dégoûté. Juste dégoûté. De moi-même, et de la fatalité aussi.
Tu sais Yuki, en regardant ton visage mêlé d'amertume et de chagrin, en regardant tes yeux brillants sans rien dire, je ne pouvais pas m'empêcher de penser que,
j'aurais été un amoureux bien différent
si seulement j'étais attiré par les personnes de mon âge."


-Terukichi, tu ne sors pas dîner ?
-Je n'ai pas faim, Maman.
-Terukichi… tu n'es pas sorti de ta chambre depuis ce matin. Tu m'en veux, c'est cela ? Tu m'en veux parce que je ne suis pas allée sur la tombe de ton père aujourd'hui, alors que c'est l'anniversaire de sa disparition.
-Maman, cesse de tout mettre sur le compte de Papa. Tu fais ce que tu veux, cela n'a rien à voir. Laisse-moi tranquille, à présent.
-Ce matin, lorsque ton ami Kai est venu te voir, il semblait très inquiet, tu sais. Tu aurais au moins pu sortir lui dire bonjour. Ce n'était pas très gentil.
-Kai est comme toi. Il est gentil et veut toujours bien faire, mais au final, il ne sert à rien.
-Alors, que peut-on faire pour t'aider ?
-Je n'attends pas de vous que vous m'aidiez ! Je pourrais trouver une solution seul si l'on me laissait réfléchir tranquillement !


"Non, je ne veux pas. Je ne veux pas y aller. J'ai peur de ces endroits. Je veux m'enfuir. Je ne veux pas ! Alors pourquoi est-ce que je n'arrive pas à me relever ?"

-Terukichi, tu m'entends ? C'est moi.
"Kai ?"
-Terukichi, tout va bien. Tu te souviens ? Tu as fait un malaise durant l'examen de sciences.
"Un… malaise ?"
-On te transporte à l'ambulance. Je t'accompagne.
-Non, monsieur Yutaka. Vous ne pouvez pas accompagner votre ami. Vous allez rater votre examen.
-Terukichi est plus important qu'un examen de sciences !
-Votre présence ne lui sera d'aucune aide. De plus, il n'est pas mourant.
-Vous ne comprenez rien ! Si Terukichi reste seul, il risque de… lâchez-moi !
-Arrêtez, je vous en prie.
-Non, je veux venir avec lui ! Terukichi !


"J'étais soulagé qu'il ne vienne pas. J'étais mort de honte de m'être à nouveau retrouvé dans cet état.
Pourtant, lorsque je suis arrivé à l'hôpital, je me suis mis à regretter.
C'était Kai qui avait raison. Il le savait mieux que quiconque, parce qu'il est le seul à connaître mon secret. Il sait à quel point j'ai peur des hôpitaux.
Il sait aussi pourquoi j'ai à deux reprises fait un malaise en cours de sciences.
Je voulais faire le fier et l'indépendant mais, au final, quand je suis arrivé,
j'étais juste mort de peur."

Et je me demande, dis,
je me demande pourquoi cela n'est jamais arrivé.
Pourquoi est-ce que je ne me suis jamais senti mal,
ces fois innombrables où Yuki me serrait contre sa poitrine.


-Je suis là, mon cœur.


"Quoi ? Je n'entends pas très bien."

-Ton ami Kai m'a appelé. J'ignore comment il a eu mon numéro. Ah, cet élève, il ne tient pas en place et est incorrigible. Il est bien capable de s'être rendu en cachette dans le bureau des professeurs pour retrouver mon dossier afin d'avoir mon numéro de téléphone. Quoi qu'il en soit, c'est comme ça que j'ai su que tu avais fait un malaise et que l'on t'avait transporté à l'hôpital.


"Pourquoi ? Pourquoi est-ce que Kai m'a fait une chose pareille ?"


-Il avait l'air paniqué, tu sais. Il me disait que tu devais être mort de peur, et qu'il était impossible de te laisser seul. Je n'ai pas très bien compris ce qu'il voulait dire mais, ça m'a inquiété. Heureusement, tu m'as l'air plutôt paisible, ainsi endormi.

"Endormi ? Il pense que je ne l'entends pas ?
Bien… c'est mieux ainsi. Je n'ai qu'à faire semblant de dormir jusqu'à ce qu'il parte."


-Ce n'est pas la première fois que tu fais un malaise. Pas vrai ?
-Je ne sais pas…


"Ce que je sais, c'est que je n'étais vraiment pas censé répondre. Idiot, je ne suis qu'un idiot."

-Tu ne sais pas ? Terukichi, comment est-ce que tu te sens, mon cœur ?
-…J'ai peur.
-Peur ?
-Quand tu m'appelles "mon cœur", Yuki… à chaque fois, ça me fait peur.
-Vraiment ? Je suis désolé. Il fallait me le dire plus tôt, dans ce cas. Je ne savais pas que les marques d'affection te mettaient mal à l'aise.
-Non.
-Non ?
-Je n'ai pas peur de ton affection.
-Qu'est-ce que tu dis ? À présent, tu la refuses pourtant.
-J'ai peur d'être ton cœur.

"C'est dans la nature humaine, non ?
Plus l'on aime quelqu'un, plus l'on a peur pour lui.
Avoir peur pour celui que l'on aime, c'est avoir peur pour soi.
Alors, naturellement,
j'avais peur qu'il n'arrive quelque chose à Yuki.
Et puis, en ce qui me concerne,
je me sentais trop fragile, et incapable de bien continuer à vivre.
Alors, quand Yuki faisait de moi son cœur,
moi qui pouvais lâcher à tout moment,
ça me terrifiait encore plus."


-Terukichi ?
-Je t'avais dit que je ne voulais plus te revoir.
-Pourquoi est-ce que tu pleures ?
-Je ne pleure pas.
-Ah, bien. Menteur effronté.
-Ce n'est pas drôle !
-Est-ce que j'ai l'air de rire ?
-Va-t'en, maintenant. Ou bien tu cherches à me torturer pour te venger, c'est ça ? Fais ce que tu veux. Je ne reviendrai pas, je ne t'aime plus.
-Qu'est-ce que ça peut te faire ?
-Hein ?
-Que je reste à tes côtés, Teru. Tu dis que tu ne m'aimes plus, ça je l'ai compris. Me hais-tu pour autant ? Moi, ça me va que tu ne m'aimes plus, si au moins tu me laisses la liberté de t'aimer. Dis-moi qu'est-ce que ça peut te faire. Si tu me dis que ça te fait du mal, d'accord, je ne viendrai plus jamais te voir. Mais sinon, laisse-moi au moins ça.

"Mais ça revient au même.
J'ai fait tout cela pour ne plus te voir.
Alors, si en dépit de tout, tu restes près de moi,
à quoi cela aura-t-il servi que je fasse ce sacrifice ?
C'est dangereux. Beaucoup trop dangereux que tu restes à mes côtés.
Même si cela est mon rêve, il est impossible que je vive pour toujours avec celui que j'aime."


-Je ne t'aime pas.
-Je le sais. Combien de fois le répéteras-tu ?
-Jusqu'à ce que tu n'en puisses plus de l'entendre. Je ne te veux pas près de moi.
-Dis-moi quelle est mon erreur.
-Tu es trop vieux.
-Je n'ai que vingt-huit ans ! Même si tu n'en as que seize, tu devrais savoir que ce n'est pas énorme. Depuis quand ces douze années qui me séparent de toi t'écoeurent-elles à ce point ?
-Je n'en peux plus. C'est quoi, ton problème ? Je crois seulement que depuis le début, tu te faisais des films. Tu pensais que j'étais l'amour de ta vie ? Regarde la réalité en face, je ne suis qu'un adolescent, je profite de ma jeunesse. Je ne veux plus de toi. Ce n'est pas comme si notre histoire d'amour était vraiment sérieuse. Depuis le début, je pensais que tu comprenais cette évidence. Alors, pourquoi est-ce que tu ne me lâches pas ?


"Je suis désolé."

-Tu le pensais, depuis le début ?
-Oui.
-Alors, pourquoi est-ce que tu me disais "je t'aime" ?
-Ce n'est pas toi que j'aimais. Mais l'affection que tu m'apportais. À présent, je suis lassé. Je ne veux pas…dormir dans tes bras, comme avant. Je ne peux pas être ton cœur.
-Terukichi. Tu penses vraiment ce que tu dis ?
-Oui.
-Tu me détestes ?
-Je finirai par te détester vraiment si tu ne pars pas. Tant qu'il est encore temps, tu peux partir. Et je te promets que je garderai de bons souvenirs de toi.
-C'est d'accord, Terukichi. Si tu le souhaites vraiment, je m'en vais. Mais sache que si tu changes d'avis… je suis là.
-Il n'y a aucun espoir que tu puisses garder.
-J'ai compris. Repose-toi bien, mon… Terukichi.


"Si je fais ça, c'est parce que je sais que j'en serais capable.
Dis, Yuki, je ne mens pas.
Mais toi, je sens que je serais capable
de t'aimer toute ma vie.
C'est pour cela qu'il ne faut pas."

-Terukichi… Terukichi !
-Quoi, qu'est-ce qu'il y a ?
-Tu dormais en classe.
-Ah, pardonne-moi, Kai.
-Ce n'est pas à toi de t'excuser. Tu es bizarre, ces derniers temps.
-Je suis désolé. J'ai fait un cauchemar la nuit dernière, et puis je n'ai plus pu dormir.
-Un cauchemar ? Lequel ?
-J'ai rêvé qu'ils s'éteignaient…
-Quoi ?
-Les battements de cœur de Yuki.


"Je ne voulais pas l'admettre, mais
chaque jour passé loin de Yuki
était de plus en plus douloureux."


-Tu dis que tu fais souvent ce genre de rêves ?
-Oui. Mais, que ce soit Yuki… c'est la première fois.
-Terukichi… tu ne crois pas que tu devrais lui dire ? À Yuki.
-Il ne comprendrait pas.
-Il comprendrait mieux que quiconque.
-Non ! Que veux-tu que ça change ? Au mieux, il rira, au pire, il s'en voudra inutilement. Je le connais. Il est capable de se sentir responsable pour des choses avec lesquelles il n'a rien à voir.
-Mais, si tu le lui disais, je pense qu'il souffrirait moins.
-Souffrir ?
-Mais…oui. Si il t'aime, Yuki doit souffrir, non ? Il est persuadé que tu le détestes. Si tu lui avouais la raison, il serait moins triste.
-La situation ne changerait pas ! Même si je le lui disais… je ne pourrais pas revenir avec lui.
-Mais, tu l'aimes, non ?
-Et alors ?! Je préfère faire passer mon égoïsme et mon bien-être avant mon amour. Il m'oubliera, de toute façon.
-Terukichi.
-Quoi, encore ?
-Tu as déjà vu Yuki pleurer ?
-…Non. Non. Je suppose qu'il a trop de fierté et qu'il est trop fort pour ça.
-Moi, Terukichi, je l'ai vu pleurer. Dans le couloir de l'hôpital, après qu’il ait quitté ta chambre, Yuki a baissé les yeux quand il m'a vu. Et il pleurait.

"Je me demande combien de fois je me suis endormi en les écoutant.
Ses battements de cœur."


Yuki avait déjà été mort. Dans mon cauchemar, cette fois où j'ai rêvé qu'ils s'éteignaient,
j'avais déjà appris la douleur de le perdre.
Je ne voulais pas connaître ça un jour dans la réalité.

-Tu ne sais pas ce que tu veux, toi.
-Ne dis pas ça avec ce sourire en coin. C'est bien moins drôle que tu ne le crois.
-Je ne ris pas.
-Fais-moi entrer. Tu ne vois pas qu'il pleut ?
-Je suis désolé. Viens.
-Arrête de sourire. Je ne suis pas venu pour te dire que je regrette. Je voulais te rendre ça.
-Qu'est-ce que c'est ?
-Tu es idiot, ou quoi ? Ce sont les photos que nous avons prises ensemble.
-J'ai comme une impression de déjà-vu.
-Regarde.
-Mais, tu m'as déjà donné ces photos, et je te les ai rendues. Je t'avais dit qu'elles n'avaient pas de valeur puisque on ne voit plus ton visage dessus.
-Tais-toi. Je te dis de regarder.
-…Comment est-ce que tu as fait ?
-Tu es vraiment bête, à la fin. Je les avais fait tirer en double. Alors, je suis venu te rendre… celles que je n'ai pas noircies. Les autres, je les garde. Moi, ça me suffit de ne voir que ton visage.
-Terukichi, ce que tu fais là… ce n'est pas le meilleur moyen de tirer un trait sur le passé.
-Laisse tomber.
-Qu'est-ce que tu veux, à la fin ?
-Rien ! Ne te mets pas à espérer.
-Terukichi.
-Je me moque de ce que tu vas dire.
-Kai m'a tout raconté.

"Et à ce moment-là, je n'ai plus pu rien dire. Pas parce que j'avais perdu mes mots, ni parce que j'étais à la fois trop subjugué, en colère et anxieux pour le faire.
Mais si je n'ai rien pu dire à ce moment-là,
c'est parce que Yuki, alors, m'avait attiré contre lui
et me faisait entendre ses battements de cœur."

-Je ne voulais pas que tu le saches.
-Pourquoi est-ce que tu ne me l'as pas dit ?
-Parce que c'est ridicule. Cela n'aurait rien changé. Lâche-moi.
-Mais ne pleure pas.
-Puisque Kai t'a tout dit, pourquoi est-ce que tu m'infliges ça encore ?
-C'est cela que tu te disais à chaque fois, Teru ? Toutes ces fois où blotti contre moi tu as pu écouter mes battements de cœur… c'est à ça que tu pensais ?
-Tais-toi.
-Et lorsque je t'appelais "mon cœur", si tu ne pouvais pas le supporter, c'est parce que…
-Tais-toi ! Tu ne vas faire que dire des bêtises.
-Pardon. Je ne pouvais pas comprendre cette terreur et la souffrance qui en découle. Mais tu n'as plus de raisons d'avoir peur, mon cœur.
-Arrête ! Tu ne pourras jamais comprendre ! C'est dangereux, tu le sais ? C'est infiniment dangereux pour toi ! Tu ne sais pas ce que c'est, un cœur ! Un cœur, c'est quelque chose qui peut s'arrêter à tout moment sans prévenir ! Alors, Yuki, il y a déjà bien assez de danger avec ton propre cœur pour que tu en rajoutes en faisant de moi le tien ! Tu ne réfléchis pas ? Si je deviens aussi ton cœur, Yuki, alors tu multiplies par deux les risques de mourir ! Parce que si je suis ton cœur, dis, si je suis ton cœur et que je m'arrête de battre, moi qui suis si faible… alors c'est toi qui mourras. Et moi, ça… je ne veux pas.
-Mon petit idiot. C'est bien parce que tu es mon cœur que je te dis de ne pas avoir peur.
-Quoi ?
-Si mon cœur s'arrête de battre, Terukichi… Je parle de mon propre cœur, le vrai, alors, puisque toi aussi es mon cœur, je continuerai à battre à travers toi. Tu comprends ? Même si je meurs, tant que toi seras vivant, Terukichi… je le resterai aussi puisque toi, tu battras. Et puis, je ne pourrai jamais me résoudre à mourir tant que me sera donné le privilège miraculeux de te voir vivre…
-…Ne dis pas n'importe quoi pour me consoler. Ne me prends pas pour un gosse. C'est niais et dénué de sens, ce que tu dis.
-Mais, Terukichi, pour avoir aussi peur… c'est que dans le fond, tu m'aimes vraiment, hein.
-Non.
-Je l'ai compris lorsque Kai m'a tout raconté. Pourquoi est-ce que le fait que j'aie douze ans de plus que toi te terrorise à ce point. Ce n'est pas mon âge, le problème. Mais toi, Terukichi, toi qui aimes tant les battements de cœur, toi qui as si peur de la mort et si peur de souffrir, et toi qui rêves malgré tout de vivre ta vie entière avec la même personne, tu étais juste horrifié à l'idée de me voir mourir avant toi.

"Pourquoi ? Pourquoi est-ce que tu dis ça, Yuki,
avec le ton de celui qui comprend ?
Tu le peux vraiment, dis ? Tu peux vraiment comprendre à quel point j'ai toujours été horrifié à l'idée de voir mourir ceux que j'aime,
à un point tel que je les quittais beaucoup trop tôt ?
Tu peux vraiment comprendre sans te moquer ni te mettre en colère ?"


-Mais, si tu avais peur de me voir mourir, c'est que dans le fond, tu désirais vivre vraiment longtemps à mes côtés, non ? Assez longtemps pour que je devienne assez vieux pour mourir ?
-…Pardon.
-Pardon ?
-Pardon d'avoir été si égoïste… D'avoir préféré renier ton amour, et même le mien, tout cela pour me préserver de la terreur. Mais parce que la logique veut qu'en principe, tu meures avant moi… j'avais peur de rester trop longtemps à tes côtés. J'avais peur de trop t'aimer et de souffrir après que tu aies disparu. Même si c'est dans des décennies… rien que l'imaginer m'horrifiait.
-Alors, qu'est-ce que tu vas faire ?
-Je ne sais pas.
-Tu ne veux vraiment pas rester à mes côtés ?
-Je ne sais pas.
-Terukichi, idiot. Pourquoi est-ce que tu devrais être triste de ma mort ? Que je meure avant toi, tu l'as dit toi-même, c'est la logique. Mais que je meure avant toi ne signifie pas que j'aurais vécu moins longtemps que toi.  Et puis, nous avons tout le temps pour y penser.
-Oui, mais…
-Moi, je n'ai pas peur de mourir, Terukichi. Cette idée ne me rend pas vraiment triste non plus. Mais il y a une chose dont j'ai vraiment peur. Il y a une chose qui me rendrait vraiment triste.
-Laquelle ?
-Celle de mourir sans avoir pu profiter de la vie. Celle de mourir sans avoir été pleinement heureux. C'est pour cela, Terukichi, que je ne regretterais rien si seulement je pouvais vivre ma vie à tes côtés.

"C'est bizarre. Mais à chaque fois que je me remémore la fin de cette histoire, je ne peux m'empêcher de rire et de me sentir heureux à la fois.
Après cela, Yuki et moi avons passé la nuit ensemble chez lui.
Oh, bien sûr, il ne m'a rien fait. Il est et restera toujours aussi pudique. Il veut encore attendre ma majorité. Soit, si il veut attendre quatre ans, c'est son problème.
Donc, nous avons dormi dans les bras l'un de l'autre, moi bercé par ses battements de cœur.
J'avais un peu peur au début, mais plus je l'écoutais, plus je me sentais rassuré. Avec la chaleur de Yuki contre moi, j'avais le sentiment qu'il me transmettait toute sa force et son bonheur de vivre.
Et le lendemain, quand j'ai ouvert les yeux, Yuki était déjà debout.
Il était là, tout habillé devant le lit, et me dévisageait en riant.
Encore étourdi par le sommeil, je me demandais qu'est-ce qui pouvait le faire tant rire chez moi."


-Bien. Tu ressembles à un gosse comme ça. C'est vraiment mignon.


"Moi, le gosse ? Yuki, espèce d'idiot. Après tout, c'est toi qui m'as mis ce cœur en peluche dans les bras.'

(6 mars 2011)

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