Déjà

lodicee

Déjà
Je crois que je t’attendais. Comme on attend un soupir quand survient le désir. Comme on attend le retour d’un navire, parti voilà des mois, pour de lointaines mers du Sud. Je découvre que tu hantais déjà mes pensées durant mes nuits sourdes.

Je sais que je t’attendais. Comme une certitude absolue enserrée dans un doute espéré. La certitude de ton existence, de ta présence qui m’inonde tel un phare, du moment qui nous ferait nous effleurer. Avec le doute de te voir approcher, me frôler sans me voir, de te sentir me traverser telle une ombre diaphane qui s’écoulerait entre mes doigts.

J’attendais assis au pied d’une montagne que le vent, l’amour, la pluie, le désir érodent à chaque instant jusqu’à la réduire à un simple diamant. J’attendais depuis des millénaires, car je te savais tapie, enfouie au plus profond de mon être. J’attendais que tu m’offres mon cœur, ce cœur que tu détiens déjà dans tes mains depuis si longtemps.

J’attends que le silence se déchire en éclats, m’indiquant tes chemins, laissant flotter le goût subtil et ensorcelant de ton corps. Je me sais être l’oracle de notre raison d’être et de nos Etres de passion. De cette profonde intimité qui permette de survivre aux espérances déjà révolues et qui continue d’apporter la preuve intangible que ce qui sera, ne souffre aucune absence.

Rien n’est déjà écrit, mais tout se conjugue par avance. J’en ai déjà rêvé à me maintenir éveillé pour l’éternité.

Je t’aime déjà comme je n’aimerai jamais plus. Déjà, je sais que toujours je t’attendrai. Déjà…

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