Délices Slaves N°3
Nathy Drisca
Délices Slaves
3ème partie
Trois heures que j’avais rejoint mon frère. Il avait besoin d’arroser la promesse de sa future paternité, moi j’avais besoin de trouver un moyen d’effacer son visage de ma tête, sans aucun résultat ses yeux chocolats riaient encore plus à chaque verre. Après quelques bouteilles vidées je la voyais devant moi, elle était vaporeuse autour de moi, elle me torturait, me résistait, jamais je n’arrivais à l’attraper, ce qui faisait bien rire mon frère, tous aussi saouls l’un que l’autre. Alice n’allait pas tarder à venir nous ramasser, et comme à son accoutumée elle en profiterait pour nous tirer les vers du nez. Sauf que cette fois-ci c’est Emmett qui en profita.
- Allez dis-moi Eddy comment t’as fait pour remplir les tubes, le docteur a même dit que c’était du super choix.
- Ah !! Ouais !! J’étais bien inspiré bon j’peux te l’avouer j’ai fait le numéro que tu m’as donné.
- Ba mon cochon, t’es tombé sur laquelle ? Moi j’avais essayé avec Rosie un soir on s’est bien payés la tête de cette dingue qui s’y croyait à fond, comment c’était déjà…Jeni ..non Jes…
- Jessica !? La nympho !?
- Ouiii Jessica une vraie folle furieuse, mais qu’est-ce qu’on a ri, t’as eu qui toi ?
- J’avoue, j’ai cru que j’allais me pendre en tombant sur Tanya et Jessica et crois même t’en avoir voulu de m’avoir conseillé ce numéro, mais ensuite ils m’ont passé Bella…et … Elle est……
C’est ce moment-là, qu’Alice choisit de faire son entrée.
- Alors les gars, vous ne roulez pas encore dans le caniveau, enfin presque ? Qui sont ces filles dont vous parlez ?
- Notre cher petit Edward me racontait son appel téléphonique chez Délices Slaves. Et D’une certaine Bella qui est …
Je ne pouvais lui avouer, en être tombé raide dingue. Qu’elle était devenue mon obsession que je la voulais dans ma vie. Non impossible je ne pouvais pas leur dire ça.
-Elle est différente, je ne comprends pas ce qui la pousse à faire ce travail.
Emmett pouffa, tandis qu’Alice me dévisageait. Je n’aimais pas vraiment ce regard c’était comme si elle m’analysait. J’appréhendais ce qu’elle allait découvrir, ma jumelle me connaissait si bien, elle lisait trop facilement en moi.
-Tu l’aimes !?
Ma sœur avait vraiment un sixième sens pour ses choses-là. Elle avait dû être voyante dans une vie antérieure, à chacune de ses affirmations elle faisait mouche. Je baissais la tête tel un petit garçon pris en faute.
- Mais tu ne la connais même pas cette fille c’est du virtuel, du bidon ! S’étonna mon frère.
-Si ça se trouve c’est la pire des garces.
- Emmett ! Ne parle pas de Bella comme ça !
Je ne sais pas se qui me prenait depuis qu’elle avait « croisé » mon chemin, je me sentais différent, j’éprouvais ce besoin de la protéger, de la choyer. C’était incompréhensible, inexplicable, tout se mélangeait dans ma tête et l’alcool n’arrangeait rien.
-Excuse-moi. J’ai les nerfs à fleur de peau.
Alice vint à mon secours comme à son habitude. Je ne sais pas ce que je ferai sans elle. Emmett avait été surpris par ma réaction, mais je savais qu’il serait toujours là pour moi lui aussi.
-C’est la première fois que je te vois comme ça, il faut que tu aies une discussion avec elle, autre que la messagerie. Tu dois être fixé, savoir si tes doutes sont fondés. Ensuite tu aviseras, c’est la seule solution pour savoir si c’est une garce comme le suggère Emmett, ou si effectivement on doit passer au plan B.
-Nous ne te laisserons pas dans cet état, allons nous coucher demain nous aurons les idées plus claires.
Sur le chemin du retour, je leur avouais ma pathétique journée d’espionnage, mes hallucinations. A la fin de mon récit, je me sentis épuisé émotionnellement. Alice nous raccompagna, et me promit de trouver une solution, d’où son « plan B ». Je sombrais aussitôt dans les bras de Morphée, me demandant si ma belle brune allait venir hanter mes rêves comme elle l’avait fait tout le long de cette journée.
Le lendemain matin le réveil était chaotique. J’avais mal au crâne, une aspirine et quelques cafés plus tard, j’établissais la liste indispensable des courses que je devais réaliser, pendant ma longue pause déjeuner. Je pris une douche pour émerger un peu, Alice avait dû passer entre temps, laissant derrière elle une note : « Edward rejoins-moi ce soir à 20h avec Emmett au Club Rouge. Alice.»
Je glissais le mot dans ma poche, pris les clés de ma Volvo et instinctivement passais devant l’endroit d’où j’espérais pouvoir apercevoir mon ingénue.
Stationnant au même endroit que la veille, me laissant une infime chance de croiser son regard, humer son odeur, imaginant des effluves de freesias et de roses. Le temps s’égrenait trop vite, il était temps d’aller rejoindre mon travail histoire de m’occuper l’esprit, avec des notes de musique pour cette campagne de publicité.
Le temps passa rapidement, je m’étais laissé guider par l’image d’une cascade de chocolat bouillonnante qui m’entraînait dans des phases de valses tourbillonnantes. Quelle ne fut pas ma surprise en réalisant que cette composition plaisait au client de ce spot, j’en étais fort aise lorsqu’il me demanda le titre de cette composition je lui répondis « douceur chocolatée ». Je laissais mes collègues se charger de régler les derniers détails, tout ce qui concernait les chiffres n’était pas de mon domaine.
Je repris la direction nord de la ville, en profitant pour faire mes achats, j’entrais dans un supermarché aux rayons bien achalandés. Paré d’un caddy je commençais mon ravitaillement, au détour d’un rayon je crus avoir une vision. Mon cœur se serra dans ma poitrine, ma respiration était difficile, j’abandonnais sans hésiter le caddy pour vérifier si, la silhouette qui avait réveillé en moi la pierre qui me servait de cœur était bien la sienne.
Lentement je me rapprochais, un gros balèze à l’accent Slave bien prononcé pressait ma douce, qui se figea en me reconnaissant.
Les poings serrés, je n’avais qu’une envie, apprendre les bonnes manières à cette brute épaisse, mais dans son dos, elle m’en dissuada du regard, elle avait peur, je le lisais sur son visage.
-Igor, il me faut un accessoire au rayon lingerie, lui dit-elle. Tu peux rester ici je n’ai pas besoin de toi, je ne risque pas de m’envoler.
Je la vis repartir dans le fond du magasin, je la suivis en prenant soin de remonter par un autre rayon, j’accélérais le pas pour la retrouver au plus vite à l’intersection.
Arrivé au rayon lingerie elle était là. Elle était belle tellement belle encore plus qu’à travers l’écran de mon ordinateur. Je dus me reprendre plusieurs fois avant de réussir à prononcer quoi que ce soit, trop ébloui par l’ange devant moi.
-Bella parle-moi !!!
- Tu ne devrais pas être là Edward. Oublie-moi !
-Je ne peux pas te laisser retourner avec cette brute qui t’accompagne.
-Au revoir Edward.
Elle se saisit d’une paire de bas et se retourna sans m’accorder un regard. J’allais courir pour la rattraper, la forcer à m’accompagner, quand je la vis faire tomber un bout de papier qu’elle avait serré dans sa main.
Etais-ce un message ou mon ange était une pollueuse ? Personnellement la deuxième solution était inenvisageable alors que la première… Ce ne pouvait pas être un hasard.
Je me baissais pour ramasser le bout de papier et avec appréhension je le dépliais. Je grognais en m’apercevant de l’inscription :
« 117208 Москва. 20 Улица Софьи, квартиры 9, Г-н Чайковский »
Je devinais qu’il s’agissait d’une adresse postale écrite en russe. J’étais bien avancé, je ne parlais pas Russe. Il fallait pourtant que je découvre ce qui se cachait derrière cette adresse.
Complètement abasourdi par cette rencontre, j’en oubliais mon chariot laissé en plein milieu d’un rayon et retournais directement au travail.
La fin de journée s’égrena à un rythme interminable, chaque minute m’avait semblé durer des heures. Pas une seule note n’était sortie de mon instrument. Mon cerveau trop embrouillé par cette entrevue et cette histoire d’adresse, j’étais passé en mode non productif.
Rentrant chez moi je pris le temps d’une bonne douche pour me délasser. Tous mes espoirs reposaient sur Alice. Je ne savais pas ce qu’elle avait découvert et imaginé pour ce soir. Il fallait s’attendre à tout avec mon lutin de sœur même aux situations les plus improbables.
Je choisis méticuleusement mes vêtements. Je ne voulais pas goûter aux remarques peu glorieuses sur mon look, faites par ma jumelle si je n’appliquais pas ses conseils en matière de mode, à la lettre.
C’est vêtu d’un jean bleu marine, d’une chemise blanche et d’une cravate assortis à mon pantalon que je me rendis au domicile de mon frère pour qu’il m’accompagne au fameux : Club Rouge.
-Bonsoir Rosalie, alors ? Déjà des envies ? Tu vas passer la soirée à faire la liste des prénoms ?
-Bonsoir Edward, non pas trop d’envies loufoques, je préfère juste rester au calme, pour augmenter les chances que les ovocytes restent bien en place.
-Et nous allons être bien occupés, avec la liste interminable de prénoms à sélectionner pour le ou les futurs arrivants.
-Eh comme ça il y aura bientôt une équipe entière de footballeur dans cette maison.
-J’ai hâte de voir ça.
-Bon, eh bien si nous allions rejoindre Alice ? Rosalie amuse-toi bien et pas trop de crème glacée.
- Oh mon chéri ne t’inquiète pas, va t’amuser, par contre ne rentre pas dans le même état qu’hier soir.
-Promis.
Je ressortis le papier et le montrais à mon frère, je voulais son avis.
-Whaou c’est du Ruscof non ? On dirait une adresse.
-Oui, as-tu toujours des contacts avec le cousin d’Eléazar ?
- Vlad ??? Oui bien sûr, je l’appelle... Mince messagerie… Vlad, bonjour c’est Emmett dis-moi j’aurais besoin d’un coup de main rappelle-moi pour me dire quand je peux passer te voir, tchao a+.
Nous arrivions au Club Rouge situé dans le secteur assez chaud de Port Angeles, je me demandais bien, ce que préparait Alice.
Le Club était un lieu où se mêlaient hommes et femmes de tous bords, des danseuses nues se déhanchaient sur des scènes décorées de miroirs et barres verticales, Emmett n’en perdait pas une miette pendant que je sondais la salle à la recherche de notre sœur.
Un titre de Lady Gaga annonça qu’un nouveau show allait débuter. Quelle ne fut pas notre surprise en découvrant ma jumelle, un léger body surplombé de plumes et paillettes s’en donner à cœur joie sur cette piste. Elle repoussait avec tact les mains baladeuses qui tentaient de la déplumer. Elle se jouait de ses spectateurs tout en leur offrant un show burlesque et enivrant.
Sacrée Alice, je comprenais son plan, lorsque je vis ma Bella dans la même tenue, la rejoindre sur la scène, son corps svelte et ses formes généreuses m’envoûtaient. Ma sœur se démenait d’une main de maître pour intégrer l’équipe des Délices Slaves qui se produisait ici les vendredis soirs. Ainsi je pourrai approcher ma douce sans éveiller les soupçons.
Je comprenais son plan, pourtant le regard des hommes sur ma jumelle me déplaisait fortement surtout que si elle était entrée dans ce rôle c’était pour moi. Et pour Bella… Oui pour Bella c’est cette réflexion qui m’empêchait de monter sur scène pour la ramener chez nous, ça et le fait qu’elle était plutôt douée pour repousser les avances des spectateurs trop insistants.
Je décidais d’oublier ma sœur un instant et de profiter du spectacle que m’offrait ma sirène, après tout je n’étais qu’un homme.
Leur show pris fin, Bella et Alice descendirent de la scène pour se mêler à la foule et jouer les serveuses tandis que d’autres filles les remplaçaient sur scène. J’eus un mouvement de recul quand je reconnus Jessica et Tanya. Je dus mettre une main devant ma bouche pour dissimuler mon ricanement. Emmett assis à mes côtés le remarqua et m’interrogea du regard.
Je me penchais vers lui pour lui murmurer :
- A droite c’est Jessica et celle refaite de partout c’est Tanya.
Il haussa le sourcil de compréhension et retint un petit ricanement regardant la scène d’un œil nouveau.
Quant à moi je cherchais ma belle du regard. Je ne la trouvais pas, elle avait encore une fois disparu. Je regardais vers le bar et bloquais en reconnaissant le gros bras du supermarché : Igor.