Délices Slaves N°4
Nathy Drisca
Délices Slaves
Partie N°4
Les poings serrés, je restais là à observer cet homme, sa carrure imposante, des tatouages bariolaient ses avant-bras. Il discutait tout en surveillant les filles quasi nues, intervenant lorsque certains messieurs se faisaient trop entreprenants.
Alice vint me chercher, elle voulait me présenter comme étant son agent artistique, Emmett lui passait pour l’homme de main.
- Alice es-tu sûre de ce que tu fais ? Ils n’ont pas l’air de rigoler ses gars-là !
- Ne t’inquiète pas Edward, tu veux la voir ou quoi ?
- Oui bien sûr que je le veux !
- Alors, n’oublie pas tu es mon agent artistique. Tu as une chorégraphie érotico-burlesque à proposer.
- Mais je n’y connais rien moi dans ce…
- Ed stop ! Laisse-toi guider et tu verras tout se passera bien.
Je suivais Alice à la manière d’un automate. Elle fit un signe au gros bras puis nous amena vers les coulisses. Elle s’arrêta devant une porte se retournait vers moi pour vérifier si j’étais prêt puis frappa.
J’entendis un « entrez » venant de l’autre côté de la paroi. Ma sœur passa la porte et entra d’un pas sautillant.
- Bonsoir, Monsieur. Voici mon agent artistique, je tenais à vous le faire rencontrer. C’est lui qui a créé la chorégraphie de mon audition.
L’homme d’origine slave releva la tête, je ne pus m’empêcher de frissonner en découvrant la balafre qui sillonnait son visage. Il se tourna vers moi.
- Edward, c’est ça ? Appelez-moi Stephan. Alice n’arrête pas de me rabâcher les oreilles avec votre talent depuis ce matin. C’est une très bonne danseuse, mais j’espère bien réussir à lui impliquer les bienfaits du silence.
Il avait parlé comme si Alice n’était pas dans la pièce, sa familiarité un peu trop débordante. Cela ne me plaisait pas du tout. Je n’aimais pas du tout ses propos. Pour ne pas compromettre le plan de ma sœur, je gardais ça pour moi. Mais je ne pouvais occulter les conséquences possibles qui pourraient découler de cette incursion dans ce monde malsain. Je craignais les dommages collatéraux. Il inscrivit quelque chose sur un papier et me le tendit.
- Rendez-vous lundi matin à sept heures précises à cette adresse, j’enverrais deux danseuses qui feront les prochains shows avec Alice. Apprenez-leur votre chorégraphie et si je lui trouve un intérêt vous serez engagé, sinon vous pourrez oublier mon nom et celui de ce club. Maintenant partez j’ai du travail.
Nous le remercions et nous repartions sans demander notre reste. A peine dans le couloir une rousse incendiaire nous sautait dessus. Ou tout du moins sur ma jumelle.
- Alice, je te cherchais partout. On te demande pour un show privé.
- Mais, fit ma sœur surprise, je croyais que je ne devais pas en faire avant un mois et avoir fait mes preuves ?!
- C’est notre plus gros client qui te réclame. Alors tu vas te dépêcher d’aller te préparer et ne nous déçois pas !
A ces mots elle entraînait Alice avec elle nous laissant là, trop surpris pour réagir. Alice me fit un clin d’œil, Emmett me rejoignit inquiet. D’un seul coup, la rousse se mit à crier et vociférer après ma jumelle, qui répandait le contenu de son estomac sur la fille qui tentait de l’entraîner vers un salon privé.
- Alice, viens je vais te ramener, je t’avais dit de ne pas t’empiffrer avant de danser.
- Putain Alice t’es dégueulasse, heureusement que t’as pas gerbé sur le client, je peux t’assurer que tu n’aurais sans doute plus jamais pu danser.
- J’y peux rien moi, je ne contrôle pas mon estomac ses derniers temps, mais j’peux y aller.
- Non, rentre te rincer et garde tes microbes, ne restez pas dans le coin je vais devoir m’arranger pour te remplacer, et être encore plus gentille avec l’autre gros porc.
J’entraînais Alice vers les loges où elle devait récupérer ses affaires. J’espérais encore pouvoir entrapercevoir mon fantasme, mais nous devions nous presser, afin que la rousse n’ait pas de problèmes supplémentaires dus à l’absence du nouveau pôle d’attraction du club.
- Tanya tu vas bien ?
- Alice fous le camp, ce ne sont pas tes affaires.
- Mais qui t’a cogné comme ça ? T’as vu ton œil ?
- C’est rien… j’ai glissé.
- Alice magne-toi, on doit y aller. Lui soufflai-je dans l’entrebâillement de la porte, trop pressé de quitter ces lieux.
- Oui j’arrive, bon eh bien à demain alors dis bien à Bella et Jessica d’être prêtes et en forme pour lundi, et mets de la glace sur ton œil et ta joue.
Nous traversions sans aucune halte la salle noire de monde, les poings et la mâchoire serrés, je n’attendais que d’être loin de cet univers pour passer un savon à ma sœur. J’avais eu peur pour elle. Et je ne voulais pas qu’elle puisse courir le moindre danger par ma faute. Je fis crisser les pneus de la Volvo comme jamais encore, un silence magistral régnait dans l’habitacle.
J’empruntais la première sortie qui conduisait dans un chemin boisé et tirais le frein à main pour stopper la voiture. Et me mis à hurler.
- Alice Bordel mais tu es irresponsable, tu te rends compte de ce qui a failli t’arriver ? As-tu réfléchi un seul instant ?
- Mais quoi ? Il ne m’est rien arrivé, je contrôle la situation. Quand Laurent m’a appris que le Club Rouge était tenu par les mêmes personnes que Délices Slaves et qu’ils recrutaient de nouvelles danseuses j’ai sauté sur l’occasion.
- Ah oui t’as une drôle de conception du contrôle alors !
- En tout cas tu avais raison, elle est retenue contre son gré, comme la plupart d’entre elles. Bella est une fille bien, elle mérite d’être sauvée Edward.
- Oui mais à quel prix ? Serais-tu prête à te mettre en danger ?
- Nous mettre tous en danger, là il ne s’agit plus que d’Alice et toi, moi aussi je fais partie du lot. Mais je ne veux prendre aucun risque pour le reste de la famille. J’espère que tu as un bon plan. Je te rappelle juste que si tout va bien je vais bientôt être père. Et que j’ai réellement l’intention de voir grandir mes enfants.
- Oui Emmett, je suis désolée je n’avais pas pensé que les choses allaient aller si loin.
Le portable d’Emmett sonnait.
- Vladimir bonsoir, merci de m’avoir rappelé, j’aurais besoin d’un coup de main de ta part, j’ai un message, il me semble que c’est du Russe, je me demandais, si tu pouvais me le traduire ? OK pas de problèmes on sera là demain vers neuf heures... Merci encore.
J’avais tendu l’oreille pour entendre la conversation. C’était une bonne nouvelle, j’allais pouvoir découvrir, ce qu’allait me révéler ce message si s’en était bien un. Ainsi comprendrai-je pourquoi elle m’avait fait passer ce message ?
J’avais veillé toute la nuit, ne trouvant pas le sommeil réparateur, j’avais juste somnolé par moment, revivant ses dernières vingt-quatre heures : rêvé de ma jumelle, de ma belle devant se soumettre aux fantaisies sexuelles de ce Stéphan. Je voyais leurs visages teintés de peur et de dégoût, ces images me hantaient encore même éveillé.
Emmett et Alice étaient passés me prendre pour notre rendez-vous. J’avais dû vérifier au moins dix fois que je n’avais pas oublié le message agaçant mon frère au passage. Nerveux nous attendions devant la porte de notre ami. Vladimir nous ouvrit à peine quelques secondes après avoir frappé à sa porte.
- Entrez mes amis. Je vous sers quelque chose à boire ?
Notre hôte portait sur lui ses origines slaves. Il était grand et sa musculature était impressionnante pour un homme de son âge. Ses traits carrés et ses yeux perçants inspiraient le respect.
- Non c’est gentil, répondit Emmett. Edward si tu lui montrais plutôt ton inscription.
Délicatement je lui tendis le papier. Il l’observa un moment puis nous annonça que c’était l’adresse d’un certain M. Tchaïkovski qui vivait en Russie à Moscou plus exactement. Ce nom m’évoqua le compositeur mais Vladimir m’apprit que c’était un nom assez courant dans son pays. Je lui demandais comment je pouvais prendre contact avec cette personne. Il me fit signe d’attendre, alluma son ordinateur et consulta l’annuaire Russe.
Apres trois bons quarts d’heure de recherche où le silence avait été le maître mot, même pour Alice. Vlad nous annonça qu’il avait trouvé le numéro de mon inconnu.
Je m’empressais d’appeler cette personne, de lui demander s’il connaissait une Bella. Espérant sincèrement qu’il s’agissait de son véritable nom. Le russe me regarda étrangement suite à mon empressement mais ne dit rien, il vérifia si l’heure était raisonnable, je lui tendis mon téléphone puis il composa le numéro.
Je priais pour qu’il ne tombe pas sur un répondeur, mon vœu fut exaucé. Je restais accroché aux lèvres de mon sauveur espérant comprendre quelque chose aux sons qui sortaient de sa bouche. Malheureusement pour moi je ne parlais décidément pas russe et aux vus des regards que se lançaient Alice et Emmett, ils ne comprenaient pas plus que moi de quoi il en retournait.
Le ton de mon ami changea et je devinais qu’il arrivait au terme de la conversation. Il raccrocha et se tourna vers moi. Son regard était soudainement devenu glacial et menaçant.
- Maintenant tu vas me raconter toute l’histoire. J’ai besoin de comprendre ! L’homme avec qui j’ai parlé a une fille qui répond au nom de Bella. Elle est partie aux Etats-Unis pour des études et cela fait plus de six mois que ses pauvres gens ne reçoivent plus de ses nouvelles. Ils sont morts d’inquiétude.
Je consultais ma sœur du regard puis me lançais. La famille de Vladimir et Eléazar et la nôtre étions amies depuis une éternité, je savais que je pouvais lui faire confiance.
- C’est une fille que j’ai rencontrée sur un service de messagerie rose.
- Quoi ? Toi, tu as besoin de ce genre de truc pour trouver des filles ? Non à d’autres.
- Non en général je n’en ai pas besoin mais c’est une suite d’événements qui ont fait que je me sois adressé aux services de Délices Slaves. Arrête de rire c’est assez gênant.
- Oui c’est de ma faute c’est moi qui lui ai donné le numéro. Ajouta mon frère.
- Et comme ça juste au téléphone, tu es tombé sous son charme ?
- Non, je suis allé sur le net, je voulais voir à quoi elle ressemblait, j’étais tombé sous le charme de sa voix, j’ai eu une session par webcam, et je ne sais pas pourquoi, mais je suis certain qu’elle a besoin d’aide.
- Tu as le chic pour trouver des filles à problèmes dis donc, Délices Slaves tu dis.
Il se connecta au site, j’entrais mon numéro client donnant ainsi une meilleure accessibilité au site.
- Eh bien je comprends que tu ressentes la nécessité de la secourir, elle semble si frêle, avec ses yeux de biche.
- Oui elle est retenue contre son gré, confirma Alice. Je l’ai bien compris hier elle a mis un certain temps avant de s’approcher de moi, elle se méfiait.
- Quoi toi aussi Alice ? Mais expliquez-moi tout de A à Z ensuite je verrai ce que je peux faire pour vous venir en aide, car ses gens-là ne font pas dans la dentelle.
- Oui on s’en est rendus compte hier soir au club. Répondis-je.
J’expliquais donc la suite de la chronologie, la rencontre dans le supermarché, l’homme de main, le message et le club, sans omettre les libertés et gestes déplacés de Stephan envers ma sœur, que Vlad apprécie beaucoup.