Délices Slaves N°5

Nathy Drisca

Délices Slaves

Partie N°5

 

Vladimir nous avait passé le savon du siècle nous traitant de tous les noms mais surtout d’irresponsables de vouloir entrer dans un tel milieu sans même savoir dans quoi on s’engageait. La cause était noble mais pas au prix de nos vies, il grognait de devoir cacher ça à nos parents pour ne pas qu’ils s’inquiètent.

Quand il retrouva enfin son calme il nous promis d’appeler ses contacts afin de nous sortir de là avec ma belle et si possible les autre filles retenues contre leur gré.

Nous profitions de ce moment de répit pour prendre congé de notre hôte. Alice avait prévu de passer le reste du week-end à m’apprendre la fameuse chorégraphie que j’étais censé avoir inventée.

Après avoir passé des heures à regarder ma sœur qui répétait les mêmes mouvements et m’explicitait les enchaînements, je crus que j’allais devenir fou. Mon sens rythmique ne m’aidait absolument pas, pour moi, ce qu’elle racontait était du charabia.

-          Stop Alice j’ai besoin d’une pause, d’un bon café et d’une aspirine.

 

-          Nous n’avons pas le temps de faire une pause, il faut que nous soyons prêts pour lundi.

 

-          Je le sais mais franchement, pourquoi t’es-tu lancée bille en tête dans ce bourbier ? Explique-moi !

 

-          Pourquoi ? Eh bien parce que jamais je ne t’ai vu aussi épris d’une fille comme tu l’es, que j’ai moi aussi ressenti la même chose que toi en la regardant sur la webcam.

 

-          Quoi ? Tu … ?

 

-          Oui, je devais savoir, tu me connais. J’ai toujours besoin de comprendre, de plus nous ressentons les mêmes choses à un détail prêt.

Je devais avoir mal entendu  ou compris ce n’était pas possible autrement.  Ma propre sœur venait de me dire qu’elle était attirée par ma Bella.

-          Ah oui lequel ?

 

-          Je ne suis pas attirée par les femmes, mais elle c’est différent, je la trouve attachante.

Pour ma sœur il s’agissait d’une sorte de coup de foudre amical. Je soupirais de soulagement, je n’aurais pas supporté que ma sœur ait des vues sur la femme dont j’étais tombé raide dingue.

-          Oui tout comme moi. C’est bien pour ça qu’elle ne peut être dans ce milieu, de son plein gré.

 

-          Tu sais, à part peut-être Jessica qui semble apprécier, je ne pense pas que les autres aient vraiment le choix. Je ne supporte pas plus que toi la façon dont ce Stephan traite les femmes. Mais je prends sur moi, juste pour lui montrer de quoi le sexe faible est capable.

 

-          Oui il me dégoûte, mais Alice, promets-moi de ne rien faire qui puisse te mettre en danger. Je ne me le pardonnerai jamais.

 

-          Ok, mais en attendant continuons, nous n’en sommes pas encore à la moitié. Notre couverture doit être en bêton. Il faut que tout le mal que nous nous donnons ne soit pas vain.

 

-          T’aurais pu choisir un truc plus simple tout de même non ? Je suis sûr que les filles vont avoir autant de mal que moi pour assimiler tout ça en une séance pour que la démonstration soit concluante. Allège un peu les enchaînements, ralentis quelques passages pour ce que soit sensuel, je ne sais pas moi !

 

-          Tu as raison, oui c’est vrai, bon je t’accorde une petite pause pour manger le temps que je rectifie la chorégraphie, et te donne les directives pour rectifier les postures des danseuses lundi.

La pause venait à point nommé j’appelais mon restaurant Chinois préféré pour passer une commande en urgence.  Le temps que mes plats soient préparés et livrés, je consultais ma messagerie. J’espérai qu’elle m’appelle mais rien. En avait-elle envie ? En avait-elle la possibilité ?

Instinctivement je consultais l’historique des appels passés, le numéro de ses parents, comment avaient-ils pu supporter de rester si longtemps sans nouvelles de leur fille, les kilomètres étaient-ils une raison suffisante ? Ou bien la barrière de la langue ? J’avais du mal à les comprendre pouvaient-ils supporter cette absence, et rester chez eux comme ça ?

Dix minutes plus tard ma sonnette retentit, c’était tellement pratique d’avoir son restaurant préféré dans sa rue. Je me dépêchais pour aller ouvrir je fus surpris de découvrir non pas mon livreur mais Rosalie.

-          JE VEUX VOIR EMMETT TOUT DE SUITE.

 

-          Calme-toi Rose, il n’est pas avec nous je le pensais avec toi.

 

-          Avec moi !? Non il est encore parti je ne sais où pour faire je ne sais quoi, vous manigancez quelque chose et je veux savoir maintenant.

Je ne savais pas quoi répondre, je ne pouvais pas lui dire la vérité. Rosalie ne pouvait pas se permettre d’être stressée si nous voulions que son insémination ait plus de chance de fonctionner. Pourquoi Alice n’était pas là quand j’avais besoin d’elle ? Je me demandais même où ma sœur avait filé mon appartement n’était pas si grand elle avait dû entendre la sonnette et l’éclat de voix de notre belle-sœur.

-          Rosalie, je ne te cache rien. Tentai-je.

Menteur criait ma conscience ! Tout me trahissait. C’est alors qu’Alice fit son entrée vêtue de son costume de scène.

-          Rose, c’est gentil de passer nous voir.

 

-          Alice que fais-tu déguisée en pute ???

 

-          Emmett et Edward ne t’ont rien dit ? Je vais passer une audition pour un rôle. Et j’ai été engagée au Club Rouge afin de pouvoir entrer dans la peau du personnage. Tu ne trouves pas ça super ?!

Si je ne savais pas mentir ce n’était pas le cas de ma jumelle. Alice était devenue maître en la matière, elle ajoutait à sa couverture une part de vérité pour la rendre plus vraisemblable.

-          Je croyais que tu  voulais être styliste, pas comédienne ?

 

-          C’est vrai, mais quoi de mieux que le cinéma pour me servir de tremplin ? Une fois célèbre mes créations se vendront comme des petits pains.

J’attendais la réplique sanglante de Rosalie. Mais rien ne franchissait sa bouche. Elle se ramollissait je me pris à penser que c’était sans doute dû aux hormones. Ou alors elle avait enfin réalisé que quand mon lutin de sœur avait une idée en tête même la plus farfelue, il était inutile de la contredire. Je profitais de l’arrivée imminente du repas pour m’isoler un instant afin d’appeler mon frère.

-          Allo… Emmett mais où es-tu ? Rosalie est inquiète elle te cherche, tu sais que dans son état il ne lui faut pas d’émotions fortes… Ok alors fais vite. En passant j’ai fait une commande  chez le restaurateur de la rue, peux-tu passer la chercher et reprendre un peu de poulet au curry, on t’attend… Ah n’oublie pas, Alice fait un show pour un rôle.

Je fus rassuré, il était juste retourné voir Vladimir et un de ses amis. Je me demandai même pour quelles raisons, je le saurai assez vite, je retournai rassurer Rosalie et Alice en leur proposant de se restaurer un peu. Peu de temps après Emmett arriva avec des rations supplémentaires de nourriture qui étaient les bienvenues, vu l’appétit de sa femme.

-          Eh bien, je ne sais pas si les petites graines se sont bien plantées mais en tout cas, ton appétit est décuplé, ma chérie, tiens, regarde, j’ai pensé à la glace au chocolat aussi.

 

-          Tu es un amour.

 

-          Je te donne ma part, moi je ne peux pas danser avec l’estomac encombré.

 

-          Pas de problème chère belle-sœur ça m’en fera un peu plus.

Alice reprit l’entraînement et moi je devais la corriger sur la chorégraphie et les mouvements qu’elle s’amusait à inverser pour que je sois au top dans mon rôle de chorégraphe. Les modifications qu’elle avait apportées étaient plus simples à retenir pour moi, et fluides laissant une place à la sensualité, je me mis à imaginer le corps de ma belle ondulant devant moi.

-          Alice, veux-tu bien raccompagner Rose ? Je dois discuter avec Edward de choses et d’autres. Je ne suis pas sûr qu’elle soit en état de rentrer seule.

 

-          Oui pas de souci de toute façon on en a fini pour aujourd’hui, on reprendra demain vers dix heures, ça te va Edward ?

 

-          Oui dix heures, je serai levé et le café sera prêt.

 

-          Merci Alice. Je te revaudrais ça. Rose, viens ma belle, Alice va te raccompagner. Je te rejoins très vite.

Il raccompagna les filles jusqu’à la voiture et me rejoignit  dans la cuisine. Je sortis deux bières et lui en tendis une et nous nous dirigeâmes dans le salon.

-          Alors raconte-moi ce que tu faisais chez Vladimir.

 

-          Il m’a téléphoné ce matin, il s’est renseigné sur Stephan, le Club Rouge et les Délices Slaves… Effectivement ceci ressemble à un réseau d’esclaves sexuelles. Les filles sont recrutées à la sortie des universités, ils cherchent des étrangères et leur promettent de jouer de leur contact pour leur obtenir des visas permanents en échange de travail dans leurs locaux. Ils leur demandent leur papier pour soi-disant les formalités administratives, et les tiennent ainsi, elles sont loin de chez elles sans sous, ni moyens de contacter leurs familles.

Mon frère fit une pause puis reprit voyant que ce qu’il venait de me dire posait de nouvelles questions.

-           Les parents de ta protégée ont lancé un avis de recherche à propos de leur fille, il a aussitôt été classé sans suite. Ces gens-là ont les bras longs. De plus, ils recrutent quelques Américaines avec de vrais contrats pour leur couverture, comme notre chère petite sœur. Je suppose que Jessica est également l’une d’entre elles.

 

-          Oui je comprends mieux, mais que peut-on faire ? Et l’ami de Vladimir il en pense quoi ? C’est celui qui travaille dans le service communication de l’ambassade Russe ?

 

-          C’est bien ça, Misha pense qu’il serait bon de faire intervenir les services d’Interpol.

 

-          Oui mais si ils interviennent, elle sera renvoyée chez elle comme une criminelle alors qu’elle est victime.

 

-          Peut-être qu’il est possible de trouver un arrangement ? De toutes manières nous ne pouvons pas agir seuls, c’est bien trop dangereux. Edward redescend sur terre bordel. Moi aussi je veux les voir derrière les barreaux ce sale type et ses sbires mais pas au prix de ma vie, et de celles de mes proches.

Mon frère qui jouait la voix de la raison, on aura tout vu. Je comprenais ses peurs, je les partageais mais il y avait Bella je ne pouvais pas l’abandonner. Je ne pouvais pas révéler ça à Emmett mais je donnerais tout pour elle. J’avais toujours cru qu’il n’y avait rien de plus important que ma famille mais là j’avais la certitude qu’elle était plus importante que tout le reste. Je pourrais sacrifier ma vie pour elle, renoncer à tout ce que j’avais, partir vivre en Russie si elle me laissait une petite place dans sa vie.

-          J’irais en Russie s’ils la renvoient. Tu vas me prendre pour un fou mais je sens que j’ai besoin d’elle.

 

-          Ed, petit frère avec ce qu’elle vit je ne suis pas sûr qu’elle veuille sortir avec le psychopathe  que tu es en train de devenir. Il faut que tu te reprennes. Même à moi tu commences à me faire peur.

Il avait raison encore une fois. Mais depuis le jour où j’avais entendu sa voix, ma vie avait changé. Elle était devenue le centre de mon univers. J’avais toujours été passionné mais le contexte faisait que cet amour virait à l’obsession.

-          Je ne veux pas la repousser je veux qu’elle m’accorde sa confiance. Je crois que si elle le désire, je supporterais de n’être qu’un ami.

 

-          Serais-tu capable de t’effacer totalement de sa vie si c’est ce qu’elle désire ? Réponds-moi franchement.

La première réponse qui me venait à l’esprit était non. Mais en prenant du recul si je savais qu’elle était heureuse quelque part loin de ce monde où elle était enfermée alors :

-          Peut-être, si elle est vraiment heureuse je pense que je pourrais la laisser partir.

 

-          Tu es irrécupérable petit frère je vais presque la plaindre ta Bella, entre toi et Alice qui prévoit déjà des séances de shopping car dixit  notre lutin elle sera sa meilleur amie.

Mouai c’est vrai qu’Alice n’était pas ma jumelle pour rien. Je me rappelais trop bien le nombre de ses anciennes amies qu’elle avait fini par faire fuir à cause de son attitude directive. Mais Emmett  n’était pas en reste. Je crois que nous devrions nous plaindre à nos parents de nous avoir fait si envahissants.

-          Plains-toi. Si tu n’aimes pas mon caractère, rappelle-toi que si tout va bien tes enfants seront aussi des « irrécupérables » comme tu dis.

Mon frère grogna un peu à cette réplique m’annonçant qu’il serait fixé dès mardi, me remercia d’avoir rassuré Rosalie, et prit congé pour la rejoindre.

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