Délices Slaves N°8
Nathy Drisca
Partie 8
POV : Alice
Je regardais mon frère partir pousser par la brute qu’était Igor je n’avais pas loupé l’arme que le balèze avait glissé sous sa veste. C’était anti mode ce genre de chose la bosse cassait la ligne de la belle chemise de notre hôte. Une véritable honte. Mais mes conseils en matière de mode ne permettraient pas à mon frère de rester avec moi au contraire… Ou si mais avec une jolie balle plantée dans le corps… Je secouais la tête pour me reprendre et souriais à Edward pour l’encourager à partir.
Je me rassurais en me disant que je n’étais pas toute seule et puis il m’avait parlé de photo cela ne devait pas être si terrible non ? Jessica me faisait signe de la suivre. Je m’avançais donc vers ma destinée, la mine sombre et les regards que m’avaient lancés Bella et Tanya ne m’aidaient pas à me rassurer. Si seulement c’était Bella qui m’accompagnait, elle au moins elle m’aurait indiqué ce qui m’attendait. Son petit numéro de femme glaçon ne m’avait pas convaincue j’étais sûre qu’elle était de notre côté.
- Allez dépêche-toi je dois retourner bosser. Et me faire reprendre par un amateur j’espère que Stephan ne donnera pas suite. Déjà que l’on a perdu une matinée pour apprendre votre petit numéro. Ce n’est pas comme ça que je vais fidéliser ma clientèle moi.
- Un amateur ??? Si tu savais danser il n’aurait pas eu besoin de te reprendre…
- Il n’y connaît rien au milieu dans lequel on évolue, il a juste passé sa matinée à ploter Bella et dire qu’il se croyait discret… Et toi non plus tu n’as rien à faire ici, sinon tu ne serais pas là à trembler comme une feuille. On est arrivée !
Elle me désigna une porte ouverte où trônait un canapé en cuir rouge, ainsi que plusieurs téléphones et ordinateurs. Dans le genre cliché on ne faisait pas mieux.
- Déshabille-toi, Stéphan va arriver pour les photos.
- C’est Stéphan qui fait les photos ?
- Ben tu t’attendais à qui il faut bien qu’il vérifie la marchandise. Bon je te laisse j’ai des hommes en manque à satisfaire. A une prochaine.
Je m’installais sur le canapé du salon, mais ne me déshabillais pas et puis quoi encore. Je n’étais pas une de ces filles, j’avais un contrat. Mais les paroles d’Igor me revenaient… Il m’avait accusée de ne pas savoir lire. Avais-je vraiment loupé quelque chose ??? Ou l’humiliation était une de leur technique pour obtenir ce qu’ils voulaient ? Je n’étais pas rassurée, je me demandais quelle attitude adopter, je tremblais à chaque son de pas en approche, la porte était restée entrouverte, je m’en approchais pour observer ce qui se passait. Un groupe de trois personnes arrivaient je me plaquais au mur, en entendant des cris et pleurs de femmes, je fermais les yeux et tremblais de rage et de colère, mais aussi de terreur. Deux autres personnes encore et le même scénario, puis je reconnus la voix de Stephan, il était accompagné, je regagnais rapidement le canapé.
- Bon comment ça se fait que t’es là toi ?
- Igor et Jessica m’ont dit que je devais faire des photos.
- Ils n’ont encore rien compris ces deux-là !
- Je peux y aller alors ?
- Oui, enfin non, attends je n’ai pas encore vu le numéro, va rejoindre les filles.
- Je veux bien mais c’est un vrai labyrinthe, je ne suis pas sûre de retrouver la salle de danse.
- Attends, alors j’ai un truc à régler avec ce Monsieur, mais après tu vas nous tenir compagnie.
- Ok, mais ce n’est pas...
- Pas quoi ?
- Dans mon contrat moi je suis là pour le show.
- Elle a du répondant cette petite brunette, mais je saurai la faire changer.
- Moi j’aime les femmes de caractère. répondit l’homme qui accompagnait Stephan.
- Ah ? Eh bien si elle te plaît c’est tant mieux, moi elle m’agace à toujours jacasser.
- Mais…
- Stop ! Plus un mot.
Il avait presque crié ses derniers mots, je restais muette à me demander comment j’avais osé lui tenir tête. Ce Whitlock devait être un client important, il avait droit au grand jeu, en tout cas je lui suis en quelque sorte redevable, car je pense que j’aurai morflé d’avoir osé tenir tête à Stéphan, peut-être allait-il être ma porte de sortie ? Les deux hommes passèrent dans la pièce d’à côté pour avoir une conversation plus privée. A la porte, j’écoutais leur conversation, sans me faire remarquer.
- Un nouvel arrivage est prévu d’ici la fin du mois, je suis sûr que vous trouverez ce qu’il vous faut, la marchandise du jour est assez médiocre mais on devrait pouvoir en tirer un bon prix. Quant à la petite si elle vous intéresse après un mois ici elle sera plus malléable.
- Oui un peu trop fragile à mon goût et surtout beaucoup trop maigre, pour ce que j’ai pu apercevoir dans vos couloirs, et j’aime connaître le pédigrée et être sûr de ne pas avoir de mauvaises surprises. La petite ! Pour plaisir personnel, oui pourquoi pas mais je veux l’exclusivité ! Je n’aime pas que l’on touche à mes jouets.
Je ne compris pas tout leur dialogue, mais je reconnaissais la voix de l’homme qui m’avait aidée tout à l’heure dans cette dernière réplique. Je ne pus m’empêcher d’être déçue. C’était de moi qu’il parlait ainsi comme d’un jouet ?! Pourtant j’avais cru un instant qu’il était différent j’avais cru lire dans ses prunelles vert d’eau de la bonté… Je secouais la tête s’il faisait affaire avec Stephan cet homme ne pouvait pas être l’ange dont il avait l’apparence et ses propos le démontraient.
- Il n’y en aura aucune, vous savez qui je suis, non ? Marché conclus je vous la réserve si ça peut vous faire plaisir.
Je n’écoutais plus enfin non je ne voulais plus rien entendre car bien malgré moi les mots prononcés venait se graver dans ma mémoire.
- Oui bien sûr, mais je suis comme ça, j’ai des demandes de hauts rangs.
- Bon, allons voir le numéro, vous ne regretterez pas votre choix elle ne paie pas de mine comme ça mais elle sait bouger son corps cette petite.
- Oui, pourquoi pas.
Il était de retour dans le salon où je me trouvais, j’avais filé pour me réinstaller sur le canapé pour qu’ils ne se doutent de rien. Je baissais la tête et jouais avec mes doigts. Je devais vite cesser si je ne voulais pas qu’ils se rendent compte de ma nervosité.
Nous arpentions le dédale de couloir, jusqu'à la salle de danse qui n’était pas si loin, que je le pensais, par moment des pleurs se faisaient entendre derrière quelques portes je savais qu‘il ne fallait pas que j’en tienne compte, pour mon bien-être. Mais une boule se formait dans mon ventre.
Je suivais l’homme blond de près voire même de très près. Je pouvais sentir son corps frôler le mien lors de certains de ses mouvements je me mis à penser que ce n’était pas si désagréable. Et merde je devenais folle. La folie de mon frère était-elle contagieuse ? Car apprécier le contact de son bourreau n’était pas une attitude saine. Ressaisis-toi Alice ! Pense à autre chose…
Jessica !!! Je ne sais pas si cette pensée allait me sauver ou bien m’emmener au tombeau mais je venais de réaliser qu’elle m’avait confié aller travailler pour fidéliser ses clients ce qui voulait dire qu’elle ne serait pas à la salle de danse mais en train de délivrer une prestation d’un genre douteux.
- Stephan ! Je crois que Jessica ne sera pas dans la salle de danse, elle m’a dit qu’elle allait s’occuper de clients.
- Depuis quand je t’ai donné la permission de parler sans que tu en aies l’autorisation ? Fais chier cette garce de Jessica qui ne fait jamais ce qu’on attend d’elle, si elle n’écartait pas les jambes si facilement je l’aurais virée depuis longtemps. Jasper et Alice rendez-vous en salle de répétition, elle est juste là, c’est la troisième porte sur la gauche. Je vais chercher notre nympho !
Je baissais la tête et me taisais, qu’aurais-je pu faire d’autre ? Tandis que Stéphan filait dans le sens inverse me laissant avec le dénommé Jasper.
Cet homme avait vraiment quelque chose de différent dans sa manière de m’observer, comme s’il cherchait à me décrypter. C’était étrange et dérangeant surtout que sous son regard je sentais mon corps s’enflammer de désir. Pas bon vraiment pas bon si ça l’était mais…
- J’ai hâte de te voir danser Stéphan m’a vanté tes mérites et ta souplesse.
Je ne savais pas comment le prendre, les mots n’étaient pas flatteurs mais la façon dont il avait prononcé ses mots au creux de mon oreille étaient à la limite de me faire frémir. Pour toute réponse j’accélérais le pas, pressée de retrouver les filles d’en finir et de pouvoir enfin rentrer chez moi. Je rêvais d’un bon bain chaud et d’un bon verre pour oublier cette affreuse journée.
Je reconnus la salle où j’étais précédemment, enfin ! Le parcours m’avait semblé bien long. Bella et Tanya étaient encore là en train de s’entraîner à une autre chorégraphie. Je soufflais de soulagement. Je n’étais plus seule face ce Whitlock. Je filais rejoindre les filles pour m’échauffer leur expliquant que le maître des lieux arrivait pour voir le résultat de notre travail.
Stéphan et Jess nous rejoignirent quelques minutes plus tard. Sans plus attendre, j’enclenchais la musique, me constituais un masque pour cacher ma nervosité et m’élançais dans mes pas de danse suivi par mes coéquipières. Je fermais les yeux un instant me laissant parcourir par la mélodie. Plus rien d’autre n’existait j’étais bien, j’oubliais le regard de Stéphan braqué sur nous, nous déshabillant du regard comme si nous étions des choses et celui de Jasper à la fois doux et dur. Ouvrant les yeux je me concentrais sur mes nouvelles amies, j’étais fière d’elles, même Jessica était parfaite et donnait le meilleur d’elle.
Une fois le numéro terminé, je levais les yeux vers le Slave et attendais son verdict avec une pointe d’espoir car même si j’étais terrorisée l’aventure ne pouvait pas se terminer ainsi :
- Très bien, les clients vont aimer. Alice tu rentres chez toi et tu dis à ton mec qu’il est embauché.
Je me retiens de dire qu’Edward n’était pas mon « mec ». Mais je pris mon courage à deux mains pour demander :
- Heu par contre, vu que l’autre malabar a renvoyé mon chauffeur je fais comment moi pour rentrer ?
- Je peux vous raccompagner si vous le désirez chère demoiselle.
Ouf sauvée, mon blond avait répondu avant Stéphan. Attendez une minute mon blond. C’est officiel : j’étais perdue !
Le gentleman était de retour, je ne comprenais vraiment rien à cet individu. Etait-il victime d’un dédoublement de personnalité ou était-ce une de ses ruses ? Mais je n’avais pas le choix, je ne pouvais qu’accepter son offre. Et si je voulais être honnête avec moi-même je devais avouer qu’il ne me laissait pas indifférente.
- Ah, je veux bien car le coin est assez mal fréquenté, je ne dis pas ça pour vous, mais bon j’aimerai rentrer entière.
- Vous rentrerez entière à bon port je vous l’assure.
- Bon alors on peut y aller ?
Il me fit un signe de la tête pour me dire qu’il était prêt, salua l’odieux Stéphan et me prit par la main pour me conduire vers une belle Berline. Je regardais le ciel une dernière fois avant de m’engouffrer dans le spacieux véhicule. Les dés étaient lancés…