Délires

inky--2

de toute façon le temps est assassin, et dans ses supplices magnifiques on se perd, et d'essaim en essaim on est saint, et on imagine, on espère, on se lamente, on rit et on pleure, d'abeille en abeille, de lueur en froideur, de raideur en éther et on s'imagine, on espère, trouver des amants, des amis, des bonheurs, et on se lamente, et on rit et on pleure, que du peu d'importance accordée à soi, le Saigneur ne nous donne que du sang, de la terre et du vent, pour vivre comme le jour d'avant, ou d'après, ce n'est que partie remise, de surprises en surprises, de bêtises en bêtises, de conneries sur conneries, sur fond de tapis rouge nous marchons, déroulons nos pas en délire, de délires en délires, de coffrets en coffrages, de flacons en sarcophages, rage ! rage ! où crie famine ma lyre, où boit tranquille mon âme, dans les grottes et les palais obscurs où je me vernis la bite et le cul, où je ne suis pas plusse que ce vernissage pathétique, de musées en musées, de mausolées en muselières, de couteaux imbriqués dans ma chair-pierre, où j'attends impassiblement mon Merlin l'Enchanteur, je suis sourd, aveugle et muet, je suis triste et heureux, gai et luron, beurré, teigneux, pouilleux et pochtron, j'attends la soie, j'attends des voeux, j'attends le feu sous mon âme aux abois, je suis un chien, un huit couché, un vaniteux, une fleur carnée, et je me désincarne, de rue en rue, d'aller en venue, et de tours en détours, car je ne suis qu'errance, oscillation immense, et je trouve là un domaine : quoi de mieux que le mouvement quand on saigne

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