Demain ce soir avant Episode 13

Magali Gasnault


Je ne suis toujours pas descendue de mon petit nuage. En ce 5 septembre, je respire à pleins poumons, l'air marin de la lagune. Depuis l'embarcadère, j'attends le vaporetto qui me mènera à Venise. Merci Picolo. Je ne sais ce que tu es devenu après notre descente dans la cave de ce pauvre Ange. Je ne sais si tu as retrouvé ton apparence humaine. A peine avais-tu posé ta patte gauche sur l'antique carapace que tu t'es évaporé. Avec moult crépitements électriques, tu t'es volatilisé. Tout compte fait, Zéphyr n'y était pour rien. J'ai bien cru que Leonetti allait faire une attaque. Merci Picolo. De retour sur la butte, j'ai été saisie par une frénésie d'écriture. Grâce à  toi, j'ai gagné ce concours qui me tenait tant à cœur. Grâce à toi, j'ai signé un contrat d'édition. Et j'ai pu prendre un congé sabbatique. A l'heure qu'il est, je devrais être devant mes élèves et non à la sortie de l'aéroport Marco Polo. Benissimo ! Encore une goulée de cet air marin. Je regarde le dépliant avec les noms des différentes stations : Colonna, Bacini, Lido, Arsenale, San Marco. J'ai une dette envers toi, Picolo. Tu as d'ailleurs sûrement deviné à quel arrêt je vais quitter le vaporetto. Tu as bouleversé ma vie. Je ne sais si la lignée brisée des Dondoli s'est reconstruite mais je me plais à l ‘imaginer. Et je vais me plonger dans les délices de la fiction calle dei Scudi. J'y ai loué un appartement au rez de chaussée du Palazzo Pizzamano. Ce sera mon  premier roman. Le titre ? Demain ce soir avant.

 

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