Département 63
Jean Claude Blanc
Département 63
En ce pays où je suis né
Conserve encore quelque amitié
Un de mes potes désabusé
Venu me confier ses secrets
Son existence pas vraiment drôle
Alors je me suis empressé
Vous les confier, car c'est mon rôle
Aussi lui donne la parole
Plus que moi poète, lisez la suite
Sage philosophe, vous y invite :
Le brouillard glisse sur la lande
La captivant d'une caresse tendre
Tant et si bien qu'on se demande
Ce mois de mars, est-ce une offrande
Tant le printemps se fait attendre
Comme toujours déboussolé
Je n'ai de cesse de ruminer
Sur mon sort de retraité
Seul, loin de tout en ma vallée
(Celle de l'Enfer, bien-nommée…)
La nuit dernière, il a neigé
Qui est cet « il » sans sujet
Qu'un anonyme qui se cache
Pour quelques grains, me semble un peu vache
Alors pauvre bête reste à l'attache
En ma demeure, me relâche
Chaque matin, plus de rides
Déroule mon éphéméride
Cours à ma perte, j'en suis lucide
Mais que lentement me suicide
Mon crâne plein d'idées morbides
Pas un rayon à l'horizon
Reste cloitré en ma maison
Presqu'à en perdre la raison
Que de regrets à profusion
Unique fidèle compagnie
Mes morfondus sombres soucis
Tellement en berne mon esprit
Qui s'évaporent durant mes nuits
Où je sommeille en léthargie
Le cœur en paix évanoui
Justes quelques heures de rêveries
Je vous dispense de mes jérémiades
Au profit d'une joie de façade
Me prétendant brave camarade
Mes proches en rient de mes bravades
En vérité préoccupés
Me voir ainsi tourner en ronds
Me ronge les ongles sur mon passé
S'étonnant plus que mon compte est bon
Pour l'asile d'aliénés
Plus y'a de l'espace en ma campagne
Plus se restreignent mes perspectives
A me demander ce que j'y gagne
D'avoir acquis de façon hâtive
Ce territoire sans âme qui vive
D'ailleurs n'y arpente guère
Restant au chaud durant l'hiver
Mes bois, mes champs, que des chimères
Qui n'alimentent que mes vers
Tard le soir, quand je m'éclaire
Soudainement, devin visionnaire
Inégalables mes marottes
Ces idées fixes qui me taraudent
Car ma mémoire pas vraiment sotte
M'invite à partir en exode
Je ne sais où, faire ma popote
Plein d'imprévus, c'est plus commode
L'au-delà me tente, si mystérieux
Comme l'univers béni des dieux
Encore enfant me prends au jeu
« Mais qui a t'il au-dessus des cieux »
Naïvement je fais des vœux
Pour ne plus vivre malchanceux
Ça porte malheur, d'être trop pieux
A qui je ne peux dire adieu
Sûr de rejoindre mes aïeux
J'en ai assez payé ma dette
Sont innombrables mes défaites
Un peu de bonheur, ça se respecte
Mais où est-elle la bergeronnette
Qui voudra bien me faire la quête
D'un peu d'amour, vertu secrète
N'est pas qui veut, Sainte Bernadette
Mais là encore me gratte la tête
Veux pas vexer, ni me compromettre
Ni lâchement agir en traitre
Fièrement au bras d'une belle minette
Le résultat, toutes me désertent
Trop exigeantes ces dames alertes
Bilan navrant, « que j'aille me faire mettre »
Pourtant j'en pince pour une consoeur
Configurée sensible fleur
Pour me consoler de mes humeurs
Question foyer, ça me fait peur
Même réside pas en ma région
Elle danse sur le Pont d'Avignon
Menue, têtue, tétons mignons
Qu'une arlésienne, pour moi couillon
Que de promesses de Gascon
Dont je suis doué pour la chanson
Lui vouant jouissance et passion
Nanas comme elle, ne sont pas légion
Mais pour me nuire, je suis champion
Qu'évocation des temps anciens
Ces confidences d'un mien copain
Car côté femme, sacré coquin
En a fait valser des vagins
Mais aujourd'hui, touche à sa fin
Car son serin, se poile pubien…
Pas abonné au site « meetic »
Que des rencontres à l'improviste
S'y risque pas, coûte du fric
En cas d'échec, la mine triste
Plus qu'à se faire moine presbyte
De ce patelin, craint pas le froid
Seulement se meurt solitaire
Département 63
Heureusement peuvent que lui déplaire
Ces curetons forts en affaires
En font venir par charters
De ces négresses encore pubères
D'Afrique noire en bonne chair
Leur apprenant à ces misères
La position du missionnaire
C'est TTC pour volontaires
Pour se changer de l'ordinaire
Fervents d'habiles ménagères
Qui ont le ventre en jachère
Mais prolifèrent au grand air
En véritables fourmilières
Pondant des mômes rastaquouères
Hélas trompés en la matière
Se morfondent les célibataires
Voir ces sauvages, la peau pas claire
Bien dépassés, se désespèrent
En guise de femmes, des étrangères
Bien renseigné, se gazier là
Jamais de la vie, se mariera
Ainsi parla, ce rusé gaulois JC Blanc mars 2018 (témoin de la sous France)