Dernier chapitre

Il arrive parfois qu'à l'hiver de la passion
L'amour, comme un fantôme, déserte le foyer
A petits pas discrets glisse à la démission
Ne laissant des désirs qu'un souvenir empaillé 

Carcasse d'une ancienne fougue où les deux cœurs séchés
Se croisent maintenant sans plus jamais sourire
Au terme de l'amour, les ardeurs ébréchées
S'usent en habitudes lasses jusqu'à bientôt périr

Voici donc les cendres d'un autrefois torride
Aujourd'hui refroidies par la bruine éternelle
Qui s'incrustent en silence au sein du couple aride
Et couvrent de poussière tout cet ennui mortel

L'avenir est bien funeste et aucune renaissance
Ne peut s'envisager, le glas de l'union sonne
Pourtant ils se projettent dans la folle espérance
Que l'amour en lambeaux renaisse de cet automne

Le chapitre dernier s'impose quand-même enfin
L'ouvrage trop relu a cessé d'être aimé
Le fin mot de l'amour est toujours le mot fin
Le livre interrompu doit maintenant se fermer

Percuter le destin par la rupture finale
Accueillir en silence la peur d'être trop seul
Accepter sans regret le crépuscule fatal
Qui lui seul permettra l'aube d'une passion nouvelle

La nuit qui suit le deuil du couple séparé
Remplace le gris terne du quotidien bancal
Par l'ombre si profonde qu'elle nous paraît glacée
Mais c'est lorsqu'il fait noir que l'on voit les étoiles.