Dernier souffle

franekbalboa

Nous sommes quelque part dans les souterrains d'une ville chinoise il y a des siècles. Un jeune garçon a réussi à faire fuir son seigneur et a barricadé l'entrée avec quelques hommes, puis ils avaient fait s'effondrer la cavité quelques dizaines de mètres plus loin. 

Le choix avait été pris à l'unanimité. Ils se sacrifieraient afin de laisser à leur maître le temps suffisant pour fuir. La barricade était fortement secouée. D'ici quelques minutes, cette pièce sombre serait le lieu d'un véritable carnage. Cela faisait quelques heures qu'ils étaient là maintenant. Fatigués, ils avaient avalé leur dernière ration, et bu l'eau qui leur restait. Un tonneau d'alcool se trouvait dans cette pièce. Ils le burent. Simplement. Sans bruit. Leur force se ressentait. Ils savaient leur fin proche, mais leur camaraderie était toujours aussi forte. Une réelle amitié tissée sur les nombreux  champs de bataille qu'ils avaient parcourus, se sauvant les uns et les autres. Ils étaient 400 à l'entame de cette bataille, ils n'étaient plus que 12. Le chef, un jeune combattant, vif et féroce, des yeux d'un gris profond, le crane rasé. Puis ses 11 plus fidèles qui l'avaient suivi jusqu'ici et étaient toujours en vie. 

La porte commençait à se fissurer. Encore quelques instants et elle lâcherait. Ils avaient disposé des lances qui happeraient les premiers adversaires qui rentreraient. Jouant de la luminosité, ils se disposèrent de manière à pouvoir se battre ensemble, sans se gêner. Le chef derrière au centre. Les autres devant. 

La porte finit par céder, des hurlements, les 6 premiers s'empalèrent sur les lances, puis le carnage débutât. Les trois premiers tinrent quelques minutes avant d'être submergés. Puis après de longues minutes, les six autres tombèrent. 

Distinctement, l'un des trois restants se tourna vers son chef, souriant. L'autre aussi. Les combattant s'arrêtèrent quelques instants, et malgré le bruit et l'obscurité, on vit et entendit distinctement l'homme sourire et ses deux compagnons lui sourire en retour:

"On n'est jamais aussi forts que quand on est dos au mur hein... Je crois que ça signifie qu'on aura jamais été aussi forts qu'aujourd'hui..." 

Les trois hommes échangèrent des regards souriants. Ils tomberaient ensemble. 

"On va leur montrer."

Et ce fur la charge du jeune chef qui découpa littéralement les 5 adversaires face à lui à l'aide de son immense épée. Les deux autres sautèrent dans la mêlée qui devint vite dense. Les coups pleuvaient. À chaque fois que la lame d'un des 3 forcenés tombait, c'était plusieurs hommes qui perdaient la vie. Ils avançaient en se battant, les assaillant étaient débordés par ces trois forces de la nature. Des dizaines de corps étaient déjà au sol. On sentait nettement le mélange d'odeur, entre le sang, les déjections, l'alcool, la chair brûlée par les torches qui tombaient... 

Ce fut un spectacle magnifiquement terrifiant. Trois démons semblaient être invincibles, et bien qu'ils furent criblés de flèches, lacérés de toutes parts, ils continuèrent à faire danser leurs lames... Ils en fallut des centaines pour en venir à bout de ces trois là...

Le premier finit la gorge tranchée, le second une lance transpercant sa poitrine, et leur chef qui résista quelques instants après que ses lieutenants furent tombés, il fut tranché lui aussi, mais son corps tout entier fut coupé en deux, il continua de se battre encore quelques instants avant de vomir du sang et de s'écrouler, sans vie. La monstruosité, le courage et la folie dos au mur leur accorda l'admiration du commandant qui acheva leur chef. 

Il ordonna que les corps de ces 12 guerriers soient incinérés et enterrés selon les rites réservés aux immenses guerriers. Il fit ériger une tombe, en l'honneur de ces hommes. 

"Ici gisent les courageux guerriers ayant eu la force de centaines, pour permettre à leur maître de n'être vaincu" 

Vidant une coupe de vin, le commandant soupira, s'asseya, immobile et silencieux. Accompagné de ses hommes. 

Il se rappelait, il y a des années, une lourde défaite contre ce gamin qu'il venait de faire tomber... 

Des larmes coulèrent le long de ses joues, alors que les 12 hommes le regardaient depuis le ciel, et le remerciaient. 

"Votre route a été longue. J'aurais pu être vaincu par vous. Le destin en a décidé autrement. Ce fut une bien belle bataille... Reposez en paix" 

Le lendemain, le ciel lui même semblait triste, tapissé d'une lumière d'un rouge frappant, et se levant sur cette tombe qui devait honorer ces hommes tombés, s'étant battu au delà même de leur limite... Jusqu'à leur dernier souffle. 

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